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22 ans plus tard, Steve Bégin obtient son diplôme d’études secondaires

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Que peut-il bien manquer à un jeune homme de 36 ans qui a porté l’uniforme du Canadien dont il rêvait, pris sa retraite après 16 saisons avec des gains cumulatifs atteignant les 7 millions $, qui a depuis lancé sa propre compagnie et qui file le parfait bonheur avec sa conjointe et ses enfants?

Un diplôme d’études secondaires.

«J’ai été chanceux, malgré ma décision (…) peu intelligente de lâcher l’école: j’ai réussi à atteindre mes rêves, j’ai bien réussi ma vie, j’ai une famille super, j’ai une compagnie, tout va bien, mais j’ai toujours su qu’il me manquait quelque chose», a admis d’entrée de jeu Steve Bégin, jeudi matin, au moment de recevoir son DES des mains mêmes du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

Il lui aura donc fallu 22 ans pour y arriver et la tâche n’a pas été facile, a-t-il raconté.

«J’étudiais du matin super tôt au soir super tard. Je voulais être prêt. Je me sentais comme pour un match de séries: la nervosité que j’avais. Je voulais tellement être prêt et ne pas me planter que je mettais tous les efforts que je pouvais.»

Plus facile que de compter des buts!

Pourtant, lorsqu’on lui demande ce qui est le plus difficile entre réussir les examens du ministère de l’Éducation ou compter des buts dans la Ligue nationale de hockey, le sympathique attaquant rappelle avec humour qu’il n’était pas reconnu pour ses talents de marqueur, lui à qui on pourrait accoler le qualificatif désormais populaire de «joueur d’énergie».

«Si tu comptes le nombre de buts que j’ai marqués, ça doit être de marquer des buts!», s’est-il exclamé en éclatant de rire.

L’ancien numéro 22 du Tricolore avait été mis au défi par son ami et légende des arts martiaux mixtes Georges St-Pierre d’aller compléter des études abandonnées sur les patinoires québécoises alors qu’il cheminait vers sa carrière dans la LNH. Il a rendu hommage à celui-ci avec cette boutade: «Je devrais remercier celui que j’appelais mon ami jusqu’à ce qu’il me lance le défi, Georges St-Pierre.»

GSP, comme on le surnomme dans le milieu, est le porte-parole de la plateforme «ChallengeU», grâce à laquelle Steve Bégin a pu suivre et réussir les cours d’anglais et de français qui lui manquaient pour compléter son secondaire V. Cette plateforme permet de suivre le programme d’enseignement gratuitement à distance.

Pas de diplômes à rabais

La formation, gratuite, est donnée et supervisée par un groupe de sept commissions scolaires participantes et le ministre Roberge a précisé qu’il ne s’agissait nullement d’un «diplôme à rabais».

«Chacun des diplômés a réussi les épreuves ministérielles. Ils ont atteint les standards et acquis toutes les compétences nécessaires pour avoir un diplôme qui soit valide et reconnu», a précisé le ministre.

M. Roberge ne craint pas, par ailleurs, d’effet pervers de la plateforme et de sa notoriété, dans le sens où elle pourrait encourager des jeunes à décrocher en se disant qu’ils pourraient finir leur cours plus tard avec l’application, dont le slogan accrocheur est «tu peux le faire sur ton cellulaire».

«Je ne m’attends pas à ce qu’il y ait davantage de décrocheurs; je m’attends à ce qu’il y ait davantage de raccrocheurs», a-t-il dit, rappelant au passage que «ce n’est jamais une bonne idée de décrocher en pensant raccrocher ultérieurement».

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