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Cent ans de l'armistice: Trudeau à Paris

Adrian Wyld / La Presse Canadienne Photo: Adrian Wyld

PARIS — Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont profité de la commémoration de la fin de la Première Guerre mondiale, dimanche, à Paris, pour souligner la menace à une paix fragile par des politiciens qui se disent nationalistes, dans un message destiné au président américain.

Le président français Emmanuel Macron a d’abord déclaré, devant plus de 60 dirigeants mondiaux, dont le premier ministre Justin Trudeau, que ceux d’entre eux qui se disent nationalistes menacent d’effacer les valeurs morales d’un pays en faisant passer leurs intérêts en premier sans tenir compte des impacts sur les autres.

Plus tard, le premier ministre Justin Trudeau s’est inquiété de voir les électeurs se tourner vers des réponses faciles et des boucs émissaires.

S’exprimant lors d’un forum sur la paix organisé par le président français, M. Trudeau a affirmé que les attaques contre les médias faisaient partie d’un effort politique concerté visant à se maintenir au pouvoir et à réprimer toute critique.

Devant un public d’environ 150 personnes, le premier ministre canadien a ajouté que ces attaques visaient à accroître le niveau de cynisme des citoyens à l’égard de toutes les autorités, de toutes les institutions «qui sont là pour nous protéger en tant que citoyens».

M. Trudeau a fait valoir que lorsque les gens sentent que ces «institutions ne peuvent pas les protéger», ils cherchent des réponses faciles dans le populisme, le nationalisme, la fermeture des frontières, les barrières au commerce et la xénophobie.

Donald Trump est demeuré le plus souvent impassible en écoutant les paroles d’Emmanuel Macron, et il était déjà parti lorsque Justin Trudeau a commencé à parler.

La chancelière allemande Angela Merkel, dans son discours d’ouverture au forum pour la paix, a expliqué à quel point le manque de communication et la réticence à faire des compromis peuvent avoir des conséquences désastreuses pour les pays.

M. Trudeau était assis à côté du président russe Vladimir Poutine à l’ouverture du forum pour la paix, et les deux hommes ont brièvement discuté. M. Trudeau a reconnu les sacrifices du peuple russe pendant les deux guerres mondiales et a déclaré qu’il était important d’avoir une représentation russe à Paris pour parler de la paix, selon le bureau du premier ministre.

M. Trudeau a fait des références évidentes au président américain, dimanche après-midi, mais comme il en a eu l’habitude, il n’a jamais mentionné le nom de Donald Trump.

Macron met en garde contre la montée du nationalisme

Le président français a rappelé aux chefs d’État et de gouvernement que la paix forgée il y a un siècle pouvait facilement être brisée par la montée du nationalisme dissimulé sous le masque du patriotisme.

M. Macron a exhorté les dirigeants présents à promettre à leurs peuples que les «vieux démons» ne pourraient pas revenir, en semant «le chaos et la mort».

Dans son allocution, le président Macron a souhaité que les traces de cette guerre ne soient jamais effacées dans la mémoire des hommes. «Il ne faut jamais oublier les sacrifices de ceux qui sont morts pour la liberté», a-t-il ajouté.

M. Macron a déclaré que «la parole des hommes doit parler plus fort que la force des armes».

Trump et Poutine rejoignent le groupe séparément

Les nombreux chefs d’État et de gouvernement ont défilé dans le centre de Paris, dimanche, faisant de la cérémonie annuelle du 11 novembre dans la capitale française un rappel mondial des horreurs de la Première Guerre mondiale et des efforts pour empêcher qu’un tel conflit ne se reproduise.

Tenant des parapluies noirs, les dirigeants, y compris le premier ministre Justin Trudeau, ont marché sous une pluie froide, le visage stoïque, pour une cérémonie soulignant le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

Les cloches des églises ont sonné à 11h, heure locale, marquant le moment où les armes se sont tues à travers l’Europe il y a un siècle.

La Première Guerre mondiale a pris fin à 11 h, le 11 novembre 1918, après quatre années d’affrontements. Elle a fait 18 millions de morts, dont plus de la moitié étaient des soldats. Quelque 66 000 militaires canadiens ont péri et 172 000 autres ont été blessés.

Les plus de 60 dirigeants ont débarqué d’autocars et ont marché sur une courte distance sur les Champs-Élysées avant de s’asseoir sous l’emblématique Arc de Triomphe, sous lequel se trouvent une flamme éternelle et la Tombe du Soldat inconnu.

Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine ont tous deux rejoint le groupe séparément une fois que tout le monde était à leur place pour commencer la commémoration de la fin de la «guerre pour en finir avec toutes les guerres».

D’autres sommets pour Trudeau

M. Trudeau, qui effectue un voyage de dix jours en Europe et en Asie, sera confronté aux dirigeants de trois des pays qui alimentent en partie ces tensions: Donald Trump, le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping.

M. Trudeau s’est entretenu avec le président Trump lors d’un repas organisé par M. Macron vendredi soir — bien que les représentants du gouvernement n’aient pas précisé le sujet de la conversation. Le premier ministre canadien assistera également à des sommets cette semaine en Asie, auxquels Vladimir Poutine et Xi Jinping doivent participer.

Donald Trump n’a pas serré la main de Justin Trudeau lorsqu’il est arrivé avec sa femme Melania à l’emblématique Arc de Triomphe, dimanche.

Kareen Rispal, ambassadrice de France au Canada, a souligné que le thème de la paix, et celui du prix à payer pour la conserver, étaient au centre non seulement de la commémoration, mais aussi du nouveau sommet pour la paix créé par les autorités françaises, qui espèrent en faire un événement annuel.

Mme Rispal a affirmé que la présence de M. Trudeau à la cérémonie — il s’est trouvé à deux sièges du président français Emmanuel Macron — rappelait les contributions du Canada durant la Première Guerre mondiale qui sont parfois ignorées.

En entrevue vendredi, Mme Rispal disait croire que les Français et les Européens n’accordaient peut-être pas assez d’importance à l’apport des Canadiens durant cette période.

D’autres ont servi derrière les lignes de front, travaillant avec les habitants pour contribuer à l’effort de guerre.

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