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Immigration: Justin Trudeau s’inquiète des «dangers du populisme»

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne

OTTAWA — S’inquiétant des «dangers du populisme», le premier ministre Justin Trudeau estime que l’utilisation de l’immigration comme sujet de division en politique met l’avenir du Canada en danger.

Lors d’une entrevue de fin d’année avec La Presse canadienne, M. Trudeau a dit croire qu’il existe un large consensus au Canada selon lequel l’immigration est positive pour le pays, contrairement à d’autres endroits dans le monde.

Cette déclaration du chef libéral suggère qu’il utilisera ce thème pour la campagne électorale de l’année prochaine.

M. Trudeau juge que les conservateurs ont «délibérément et sciemment propagé des faussetés» notamment sur le Pacte mondial pour les migrations «pour des gains politiques à court terme et attiser une anxiété sur l’immigration».

Le premier ministre affirme qu’il est ouvert à tenir des débats et des discussions sur l’immigration, tant qu’ils s’axent autour d’enjeux pertinents, comme le nombre d’immigrants à accueillir au Canada chaque année ou l’intégration des nouveaux arrivants au pays.

Mais selon lui, la «campagne de peur et la désinformation» effectuée par les conservateurs est «dangereuse», surtout pour un sujet si important pour le Canada, dit-il.

L’attaché de presse du chef conservateur Andrew Scheer, Brock Harrison, a déclaré que les commentaires de M. Trudeau démontrent qu’il n’est pas à l’écoute des préoccupations des Canadiens.

«Il a recours à des attaques personnelles et à des arguments bidon chaque fois qu’il est critiqué pour cela, a-t-il déploré. Les conservateurs continueront de lui demander des comptes sur les longs délais dans le traitement et les milliards de dollars en coûts supplémentaires causés par son échec à sécuriser la frontière.»

La semaine dernière, le Canada s’est joint à 164 pays pour signer le Pacte mondial des Nations Unies pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Il s’agit du premier accord à grande échelle couvrant toutes les dimensions de la migration internationale et il vise à améliorer la coopération.

Mais l’entente a suscité des manifestations, surtout dans l’Est de l’Europe, où un certain nombre de groupes d’extrême droite et de partis politiques ont utilisé le pacte pour attiser les inquiétudes du public face à l’augmentation historique du nombre de migrants et de personnes déplacées fuyant les guerres, les persécutions et les violences dans leur pays d’origine.

M. Scheer s’est vivement opposé au pacte étant donné qu’il permettrait selon lui à des entités étrangères à influencer le système d’immigration du Canada — des arguments qui ont été rejetés par de nombreux experts en droit de l’immigration.

Les conservateurs ont également critiqué à répétition les libéraux sur l’afflux des demandeurs d’asile, qui sont entrés au Canada «irrégulièrement», loin des points d’entrée officiels, au cours des deux dernières années.

Cette affaire a provoqué des conflits avec les premiers ministres du Québec et de l’Ontario, François Legault et Doug Ford, qui souhaitent chacun qu’Ottawa investisse au moins 200M$ pour couvrir les coûts que les deux provinces ont déboursés pour héberger et fournir des services aux demandeurs d’asile.

Ils estiment que le gouvernement fédéral est trop lent pour évaluer les demandes d’asile. Plus de 38 000 migrants sont entrés de façon irrégulière au Canada depuis le début de l’année 2017.

Justin Trudeau pourrait faire face à un défi de taille si la migration s’avère être un enjeu de l’élection.

Un sondage de l’Institut Angus Reid réalisé cet automne a révélé que les libéraux étaient vulnérables face à cette question. Shachi Kurl, directeur principal de l’Institut Angus Reid, avait déclaré à la Presse canadienne à l’époque que les préoccupations sur la frontière résonnaient dans tout le spectre politique à chaque fois que les conservateurs soulevaient la question.

M. Trudeau compte répondre aux craintes grandissantes des Canadiens en soulignant que le pays a un système d’immigration solide, qui garantit que les nouveaux demandeurs d’asile ne posent aucun risque pour la sécurité.

«Ce processus fonctionne pour assurer notre sécurité», a-t-il assuré.

«C’est une approche consciencieuse (des conservateurs) pour tenter d’effrayer les gens. Et comme nous avons dit, c’est toujours plus facile d’essayer de faire peur aux gens que de calmer leurs craintes dans un moment d’anxiété.»

La rhétorique anti-immigration aide certains partis politiques, a reconnu le premier ministre, citant l’exemple de l’Europe de l’Est et des États-Unis. Et ces opinions ont gagné en popularité au Canada, a-t-il avoué, ajoutant qu’il s’agissait d’un sujet «qui, à (son) avis, nous oblige à être plus vigilants».

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