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Les tarifs de Trump «contredisent» le nouvel ALENA

OTTAWA — Les tarifs sur l’acier et l’aluminium entrent en contradiction avec un point important du nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) — la section sur les pièces de voitures —, ce qui mènera ultimement à leur abandon, a avancé mardi la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Selon la ministre, les entreprises américaines sont du même avis et cela donne du souffle aux efforts du Canada pour faire lever les tarifs en 2019.

La lutte du Canada contre les tarifs, imposés par le président américain, est appuyée par le fait que les entreprises américaines réclament leur levée avant que le nouvel accord commercial soit ratifié.

Mme Freeland a fait valoir que leurs arguments s’appuient sur le fait qu’une section importante du nouvel accord se concentre sur le renforcement des exigences de contenu pour les véhicules construits en Amérique du Nord.

Pendant les litigieuses négociations, l’administration de Donald Trump a imposé des tarifs de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium, en invoquant une loi commerciale américaine qui permet à la Maison-Blanche de prendre cette décision pour des raisons de sécurité nationale.

Le premier ministre Justin Trudeau et la ministre Freeland jugent que cette démarche de l’administration Trump est illégale et insultante étant donné l’étroite collaboration des deux pays en matière de défense et de sécurité.

Selon Mme Freeland, les entreprises américaines ont bien du mal à comprendre pourquoi il existe des tarifs sur l’acier et l’aluminium — des matériaux essentiels à la construction des voitures.

«Il y a une contradiction dans le fait d’avoir des tarifs sur l’acier canadien tout en ayant une exigence de contenu pour les véhicules construits en Amérique du Nord. Alors je crois à l’argument canadien, qui a toujours été très fort et qui ne fait que devenir plus fort», a-t-elle soutenu.

Le Canada, les États-Unis et le Mexique ont signé le nouvel accord commercial le 30 novembre, mais il doit encore être ratifié par les assemblées législatives des trois pays — ce qui pourrait représenter une étape difficile pour le Congrès américain depuis que les démocrates ont remporté la majorité des sièges de la Chambre des représentants.

Des appuis aux États-Unis
Le premier ministre Justin Trudeau a souligné que le Canada avait de nombreux appuis auprès des élus et des entreprises américaines.

«Nous avons un bon alignement quant aux avantages du commerce pour le Canada et les États-Unis», a déclaré M. Trudeau en entrevue de fin d’année, vendredi dernier.

«Nous entendons les effets négatifs des tarifs de la part des membres du Congrès, des dirigeants d’entreprises et des gouverneurs; ils sont très alignés avec nous pour tenter de retirer ces tarifs injustes sur l’acier et l’aluminium.»

Mme Freeland dit avoir porté la cause du Canada à Washington avec son collègue de la Défense, Harjit Sajjan, lorsqu’ils ont rencontré récemment leurs homologues américains Mike Pompeo et Jim Mattis.

La ministre a précisé que M. Sajjan s’était montré très insistant avec M. Mattis. «Sa voix est très pertinente, parce qu’après tout, il y a la prémisse de la sécurité nationale», a-t-elle mentionné.

Ultimement, c’est le département du Commerce qui prendra la décision, mais la stratégie du Canada est de plaider sa cause auprès de plusieurs départements américains.

«Étant donné que ces tarifs s’appuient sur le prétexte de sécurité nationale, ce n’est pas seulement une discussion avec le représentant au Commerce ou avec le département du Commerce. C’est aussi une discussion avec les départements d’État et de la Défense, et nous ne serons pas gênés de soulever (cet enjeu)», a-t-elle martelé.

L’ambassadrice des États-Unis au Canada, Kelly Craft, a déclaré que le département du Commerce étudiait cette question.

«C’est une discussion en cours (…) et je sais qu’ils s’engagent activement pour prendre une décision», a déclaré Mme Craft la semaine dernière, devant quelques journalistes à Ottawa.

Selon elle, la récente signature de l’accord commercial est un bon signe.

«Maintenant que cela a été signé, et que nous avons un dialogue sur l’acier et l’aluminium, c’est un signe de bonne volonté», a-t-elle ajouté.

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