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André Frappier, le nouveau visage de Québec solidaire

Le nouveau président et porte-parole par intérim de Québec solidaire, André Frappier Photo: Fabian Thauvoye

Le syndicaliste André Frappier a été élu dimanche par acclamation le nouveau président et porte-parole par intérim de Québec solidaire (QS), lors du conseil national du parti. Il a, entre autres, été militant syndical au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ainsi qu’à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), avant de se lancer en politique avec QS, lors de la fondation du parti, en 2006, et d’être candidat aux élections de 2007, de 2008 et de 2012. Métro s’est entretenu avec celui qui aura la tâche de remplacer Amir Khadir pour les cinq prochains mois.

À quoi ressemblera votre mandat en tant que président et porte-parole par intérim de Québec solidaire?
Il est assez complet, je n’aurai pas le temps de m’ennuyer! (rires) Je serai responsable de tout ce qui concerne l’organisation et le travail terrain, entre autres de la mise en place de notre équipe électorale. Aussi, on a pris la décision d’amorcer des discussions avec Option nationale. On va regarder s’il y a une possibilité de faire avec eux soit des ententes, ou même d’aller plus loin, un travail en commun. On est ouvert, on va analyser cela.

Il y a aussi un autre grand enjeu qui arrive prochainement : le sommet sur l’éducation. Je vais m’occuper notamment des assemblées citoyennes régionales que le gouvernement a décidé de mettre en place. Je vais m’assurer que nos membres y participent, qu’on puisse défendre nos points de vue sur la gestion universitaire, le financement et la gratuité scolaire.

Vous êtes surtout connu pour avoir œuvré dans le milieu syndical. Cela se fera-t-il ressentir dans votre mandat?

C’est sûr. J’ai passé toute ma vie comme militant syndical, alors je connais des gens partout… C’est certain que si j’ai des appels à des soutiens, je vais être présent, je vais m’assurer que QS soit présent pour aider et faire écho à leurs demandes à l’Assemblée nationale et au niveau politique. Ça va me faire un énorme plaisir de faire ce lien là.

Pourquoi vous êtes-vous lancé en politique lors de la fondation de QS?
Pour moi, la politique, c’est un peu la continuité du combat syndical. Les luttes syndicales, on les mène sur des points précis. Il est absolument incontournable d’avoir un parti politique pour représenter ces demandes, ce projet de société, au niveau gouvernemental, parce que sinon, on tourne en rond. Pour moi, c’est la suite logique de ce que j’ai fait toute ma vie en tant que militant syndical.

Que pensez-vous de l’abolition du placement syndical?
Je pense que ça ne fonctionnera pas (rires)! Parce que si c’était si facile, le gouvernement libéral l’aurait mis en application tout de suite quand il a voté le projet de loi (33). La complexité de l’affaire, c’est que lorsque les entrepreneurs ont besoin d’un ouvrier spécialisé et très rapidement, les seuls qui peuvent trouver la bonne personne pour effectuer le bon travail au bon moment, ce sont les syndicats. En passant par les agences gouvernementales, je ne dis pas qu’ils n’y arriveront pas, mais pas dans les délais requis par les entrepreneurs.

Si on y arrivait, pensez-vous que cela pourrait être une bonne chose?
Je ne pense pas, parce que je ne pense pas que le fond du problème est véritablement là. Je dirais plus que c’est un tour de piste pour épater la galerie, cette loi, et qu’elle n’apportera aucune solution.

Vous remplacez Amir Khadir… Trouvez-vous que vous avez de gros souliers à chausser?
Oui (rires). C’est certain. Ce qui me rassure, c’est qu’Amir est toujours là, et Françoise a occupé le même poste que moi. Elle va maintenant occuper celui de porte-parole parlementaire, alors on va être en contact régulièrement. Elle m’a assuré de son appui et de son encadrement. Je pense que ça va être un travail agréable.

M. Khadir s’est souvent fait reprocher d’être trop extrême dans ses requêtes et trop campé dans ses positions. Allez-vous être plus souple?
Ça dépend sur quoi. On a chacun notre personnalité. Assurément, je n’ai pas la langue de bois. Je dis ce que je pense, et c’est de cette façon que j’aime fonctionner. Mais à tout problème, j’aime apporter des solutions, alors j’aime discuter et, s’il y a des problèmes qui se posent, je suis ouvert à discuter avec les gens concernés.

Pensez-vous que la gauche a de la difficulté en ce moment au Québec?
Je pense plutôt que c’est le contraire. Tout de même, les dernières élections nous ont révélé qu’après deux ans de mécontentement profond envers le gouvernement libéral et particulièrement durant la dernière année, avec les centaines de milliers de personnes qui étaient mobilisées, et toute la question de la corruption du parti libéral, malgré ce mécontentement là, le PQ n’a pas récolté les contre-coups, il est passé de justesse…  Par contre, QS, qui est un jeune parti, a déjà réussi à faire élire deux députés. On a augmenté sensiblement notre présence et notre nombre de votes dans un grand nombre de circonscriptions. Alors, je pense qu’au contraire, il y a une ouverture plus grande qui est en train de se faire vers les idées progressistes.

Comment voyez-vous l’avenir de Québec solidaire?
Je pense qu’on est dans une nouvelle période présentement. Je peux comprendre que les gens, aux dernières élections, aient mis leurs espoirs dans le PQ pour apporter des solutions à la déchéance du gouvernement libéral. Ils sont en train de s’apercevoir maintenant que ces espoirs n’ont pas trouvé de réponse… Il va certainement y avoir un grand questionnement, dans les prochains mois, quant à ces solutions … Et je pense que cela ouvre une plus grande porte à QS pour faire valoir nos solutions.

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Françoise David ravie
La députée de Gouin, Françoise David, qui est également porte-parole parlementaire de QS, se dit ravie de l’élection d’André Frappier, précisant que cette décision des membres était unanime. «Il est aimé, apprécié des gens, et il a une longue expérience», affirme-t-elle.

Mme David considère que l’expérience de M. Frappier au sein du parti ainsi que son passé de syndicaliste lui serviront à être fonctionnel rapidement. «Ses capacités d’analyse politique et organisationnelles feront de lui un très bon président porte-parole par intérim», conclut-elle. Le prochain président porte-parole de QS sera élu au cours du conseil national de mai, pour un mandat de deux ans.

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