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Maison-Blanche: un début de course dès 2019

Jeff Amy / The Associated Press Photo: Jeff Amy
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Si les élections américaines de 2020 semblent bien loin, c’est probablement dès 2019 que l’on commencera à entendre parler des principaux candidats en lice pour la Maison-Blanche.

Du côté démocrate, après une course aux primaires controversée et un résultat électoral décevant en 2016, ses membres étaient plus divisés que jamais, et selon Christophe Cloutier-Roy, chercheur à la chaire Raoul-Dandurand, le parti n’a pas encore réussi à réparer complètement les pots cassés.

«Il y a une espèce d’unité de surface, parce que bon, qu’on soit modéré ou à gauche, on peut se liguer contre l’administration qui est en place en ce moment à Washington, contre les républicains au Congrès», a-t-il expliqué.

«Mais c’est sûr qu’il y a un danger potentiel pour les démocrates lors des prochaines primaires, où on va vouloir trouver un candidat qui va plaire à la fois à la base démocrate, et qui va aussi être viable électoralement. Je pense que ça risque d’être assez difficile de trouver un candidat de compromis», a-t-il ajouté.

Valérie Beaudoin, chercheuse associée à la même chaire de recherche, estime que le problème des démocrates est qu’ils ont de la difficulté à se rallier derrière un candidat victorieux.

«Les républicains, une fois qu’ils choisissent un candidat, ils vont se ranger derrière lui. Les démocrates sont plus fidèles à la personne qu’ils voulaient soutenir. Les gens qui soutenaient Bernie Sanders n’ont pas voté pour Hillary Clinton en grande majorité», a-t-elle souligné en entrevue.

Chez les républicains, certains candidats ont laissé entendre qu’ils pourraient se présenter contre Donald Trump dans les primaires. Il est encore trop tôt pour se prononcer et il demeure relativement peu probable que quelqu’un veuille se mesurer à un président encore assez populaire au sein du parti.

Mais si quelqu’un tente le coup, M. Cloutier-Roy signale que ce pourrait être coûteux pour M. Trump à la lumière de ce qui s’est passé dans l’histoire.

«Ça peut devenir problématique pour le président, parce qu’il devra mettre de l’énergie dans sa campagne, il fait face à un vent de contestation dans son propre parti; ça peut avoir des répercussions négatives», a-t-il soutenu.

«Les derniers présidents qui ont eu à faire face à des frondes comme ça au sein de leur parti ont tous perdu l’élection par la suite. (…) En 1968, Lyndon Johnson avait même quitté la course parce qu’il sentait qu’il n’avait pas l’appui de son parti.»

Voici un aperçu des politiciens pressentis pour se lancer dans l’arène en 2019:

Parti démocrate

— Kamala Harris

La sénatrice de la Californie a été élue pour la première fois en 2016 alors que Donald Trump prenait place à la Maison-Blanche. Cette politicienne aux origines indiennes et jamaïcaines s’est notamment démarquée lors des audiences de confirmation de plusieurs candidats de l’administration Trump, dont le controversé juge de la Cour suprême Brett Kavanaugh. Mme Harris, associée davantage à la gauche, jouit d’une certaine notoriété. «Elle incarne beaucoup l’identité que, de plus en plus, le Parti démocrate semble adopter. C’est une femme, qui appartient à une minorité culturelle, qui a une carrière quand même assez intéressante dans la politique en Californie», a commenté M. Cloutier-Roy. Elle pourrait également être avantagée par le calendrier des primaires, qui a été modifié pour que la Californie tienne les primaires assez tôt dans la saison électorale. «Kamala Harris pourrait faire le plein de délégués dès le début de la campagne», a ajouté le spécialiste.

— Beto O’Rourke

Même s’il a perdu son élection serrée contre le sénateur républicain Ted Cruz au Sénat, Beto O’Rourke semble avoir le vent dans les voiles depuis sa campagne pour les élections de mi-mandat. Alors que cet élu du Texas excluait totalement la possibilité de se présenter en 2020 avant les élections, il a changé de ton récemment. Il est d’ailleurs assez sérieux dans sa démarche, puisqu’il a rencontré l’ancien président Barack Obama à Washington, selon les médias américains. «Il a déjà sa puissante machine électorale derrière lui, c’est lui qui a amassé le plus d’argent pendant les élections de mi-mandat», a commenté Valérie Beaudoin. Il pourrait toutefois attendre en 2024 pour acquérir plus d’expérience politique.

— Joe Biden

Devenir président à 78 ans, est-ce possible? C’est l’éléphant dans la pièce lorsqu’il est question de la candidature de l’ancien vice-président de Barack Obama. Joe Biden avait songé à se présenter à l’élection de 2016, mais la mort de son fils Beau l’affectait trop à l’époque. Il songe à se reprendre cette fois-ci, et annoncera bientôt ses intentions, a-t-il dit récemment. «Je ne sais pas à quel point sa candidature serait crédible», souligne M. Cloutier-Roy, évoquant son âge et sa longue carrière politique. Une éventuelle candidature de Joe Biden pourrait toutefois rapprocher les démocrates de leur base électorale plus ouvrière. «On a vu en 2016 que ça a fait une différence lors des élections, que Donald Trump a gagné l’élection grâce à ses victoires au Wisconsin, au Michigan et en Pennsylvanie. Du côté de Biden, on pense que peut-être sa candidature pourrait l’aider à gagner dans ces États-là», a-t-il ajouté.

— Amy Klobuchar

Cette sénatrice réélue récemment pour la troisième fois dans le Minnesota est relativement inconnue du grand public, mais elle pourrait être une candidature intéressante pour le Parti démocrate, qui tente de reprendre ses droits dans le Midwest. Elle pourrait également tisser des liens avec des électeurs républicains et remporter l’important État de l’Iowa, qui est voisin du Minnesota. Ce serait une candidate «anti-Trump» qui ne verse pas du tout dans la politique spectacle, mentionne M. Cloutier-Roy. «C’est une sénatrice qui est reconnue pour être très efficace, notamment sur les questions juridiques. C’est une démocrate plus modérée», indique-t-il. Mme Klobuchar s’est récemment vantée en entrevue avec le «New York Times» qu’elle avait réussi à faire adopter 24 lois depuis l’élection de Donald Trump, en 2016. Son déficit de notoriété pourrait cependant lui nuire.

— D’autres noms évoqués chez les démocrates: la sénatrice de New York Kirsten Gillibrand, le sénateur Bernie Sanders, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, le sénateur du New Jersey Cory Booker et l’homme d’affaires Michael Bloomberg.

Parti républicain

— Jeff Flake

Le sénateur sortant de l’Arizona, qui s’est toujours montré comme un fervent critique du président Donald Trump, a récemment dit qu’il espérait qu’une réelle course ait lieu du côté des républicains, en vue de 2020. Mais sera-t-il celui qui contestera l’investiture du président? En entrevue avec le réseau CNN à la fin du mois de novembre, il a affirmé qu’il n’excluait pas de se présenter lui-même, mais qu’il «préférait que ce soit quelqu’un d’autre». «Je ne l’exclus pas, mais je suis encore très loin de penser à cela maintenant», a-t-il déclaré, avec un sourire énigmatique.

— Bob Corker

«Je ne veux écarter aucune option à ce point-ci», a déclaré le sénateur sortant du Tennessee en entrevue avec le réseau CBS, dans laquelle il a confié qu’il songeait «parfois» à la présidence. Cet élu important du Sénat, qui préside le comité sur les affaires étrangères, a lui aussi beaucoup critiqué le président, ainsi que tous les républicains qui l’appuient malgré toutes ses frasques. «C’est devenu une affaire sectaire, n’est-ce pas? Ce n’est pas une bonne chose pour n’importe quel parti», a-t-il dit en juin dernier. Mais leurs querelles semblent être davantage personnelles, puisque pour 83 pour cent des projets législatifs, M. Corker a voté du côté de Donald Trump, selon le site FiveThirtyEight, qui compile les votes des élus du Congrès.

— John Kasich

Une candidature de John Kasich pourrait avoir des conséquences sur la course aux primaires, étant donné l’importance de l’Ohio, qu’il dirige depuis 2011. «C’est un État qui est crucial pour atteindre la présidence des États-Unis, le fait qu’il vient de cette région-là pourrait l’aider», a indiqué Valérie Beaudoin. John Kasich s’était déjà présenté dans les primaires républicaines en 2016, mais il avait fini loin derrière Donald Trump. M. Kasich avait d’ailleurs refusé d’appuyer le candidat républicain. Lui aussi a récemment ouvert la porte à une candidature en 2020. En entrevue avec le réseau ABC, il a affirmé qu’il considérait «très, très sérieusement» l’idée de contester l’investiture du président.

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