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MarieChantal Chassé quitte l'Environnement

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Moins de trois mois après sa nomination à titre de ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, MarieChantal Chassé quitte son poste. Le premier ministre François Legault a demandé au député de Deux-Montagnes, Benoit Charette, de la remplacer, évoquant les «difficultés» de communication de sa prédécesseure.

En point de presse à Québec, mardi, M. Legault a relaté qu’il avait rencontré la ministre la veille et que les deux auraient convenu qu’elle devrait céder sa place.

«C’était plus difficile concernant MarieChantal. Je pense que MarieChantal commençait à bien comprendre ses dossiers, c’est une ingénieure, une femme d’affaires, mais la partie communication avec les journalistes, c’était difficile», a-t-il expliqué, lorsqu’il s’est fait demander s’il avait fait une erreur en nommant Mme Chassé en premier lieu.

Les points de presse de MarieChantal Chassé avaient suscité des railleries sur les réseaux sociaux, car il arrivait qu’elle ne réponde pas directement aux questions des journalistes.

Le premier ministre a rappelé qu’il avait pris un «risque» en nommant plusieurs parlementaires inexpérimentés comme ministres, mais selon lui «sa moyenne est bonne au bâton».

«Je suis satisfait des résultats. Je pense quand même qu’il y a un consensus au Québec que la grande majorité des ministres, même s’ils n’ont pas d’expérience, se débrouillent bien», a-t-il ajouté.

M. Legault a ajouté que sa députée avait tout de même des compétences intéressantes, notamment en gestion, et s’est engagé à lui confier de nouvelles responsabilités prochainement.

La principale intéressée a réagi sur les réseaux sociaux en soirée.

«Avec maturité, le premier ministre et moi avons décidé qu’il valait mieux que je passe le flambeau et cède mes responsabilités de ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques», a-t-elle écrit.

«Malgré la perception donnée par la lorgnette médiatique, les affaires avancent bien au ministère de l’Environnement et je laisse une organisation bien en selle, ainsi qu’un plan clair pour que mon successeur puisse relever les défis qui sont les nôtres.»

Un parlementaire expérimenté

Benoit Charette est un député de longue date. Il avait été élu sous la bannière péquiste en 2008, avant de se présenter pour la Coalition avenir Québec (CAQ) en 2012. Il avait été défait cette année-là, mais en 2014, il avait repris son siège. Il avait été réélu facilement en octobre 2018.

M. Legault a expliqué que son député avait failli se retrouver dans la première mouture du conseil des ministres, en raison de sa grande expérience.

«Je pense que Benoit était dans ceux-là qui ont été sur la liste un bout de temps dans les jours avant le conseil des ministres et pour toutes sortes de raisons, entre autres aussi la question des territoires, qui représente quelles régions… Il est passé proche», a-t-il précisé.

Sitôt assermenté, le nouveau ministre a commencé à se faire questionner sur certains dossiers chauds en environnement.

Interrogé sur le fameux troisième lien à Québec, que la CAQ s’est engagée à construire au grand dam des environnementalistes, M. Charette a défendu le projet, qui, selon lui, se conjugue bien avec le transport collectif.

«Le projet de troisième lien n’est pas du tout, du tout en contradiction avec le transport collectif, bien au contraire. Ça va permettre de faire un arrimage sur un projet pour lequel il manque une pièce de casse-tête», a-t-il soutenu.

M. Charette a évité de s’avancer sur d’autres sujets, notamment sur un projet controversé de mine de lithium en Abitibi.

Les femmes minoritaires au cabinet

Avec le départ de Mme Chassé, le cabinet de François Legault n’a plus la parité entre les hommes et les femmes. François Legault avait promis pendant la campagne électorale qu’il formerait un conseil des ministres paritaire.

L’opposition libérale n’a d’ailleurs pas manqué de le mentionner. L’ancienne ministre de la Condition féminine et députée libérale Hélène David a jugé «dommage» que M. Legault nomme un homme «alors que les femmes sont nombreuses dans son caucus».

«Il ne faut pas être rigide», s’est défendu le premier ministre.

«Il y aura peut-être une occasion où il y aura 14 femmes et 12 hommes. Là, il y avait une situation où j’ai choisi le député qui avait selon moi les meilleures capacités pour répondre aux besoins», a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il n’avait pas voulu faire de remaniement important au conseil des ministres.

L’opposition sceptique

La députée Ruba Ghazal, de Québec solidaire, a pour sa part accueilli la nouvelle avec scepticisme.

«François Legault a décidé de remplacer Mme Chassé car elle avait de la difficulté à faire face aux journalistes. Avec M. Charette, j’espère que les actions du gouvernement en environnement ne se résumeront pas à de meilleures opérations de communication», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

«Félicitations à Benoit Charette qui devient ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Le gouvernement de Francois Legault a l’occasion de donner un sérieux coup de barre sur ses politiques quant à la crise climatique. Va-t-il proposer une loi anti-déficit climatique?», a renchéri le député péquiste Sylvain Gaudreault.

La décision du premier ministre a été applaudie par Greenpeace Canada, qui le félicite d’avoir «corrigé le tir rapidement».

«Tout le monde a droit à une courbe d’apprentissage, mais il n’y a pas une minute à perdre en matière d’environnement, de changements climatiques et de protection de la biodiversité. M. Legault se devait d’agir rapidement et de mettre en selle une personne qui pourra livrer la marchandise», a déclaré dans un communiqué Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.

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