Soutenez

Querelle avec la Chine: l’ambassadeur John McCallum prêche la patience

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick

OTTAWA — L’ambassadeur canadien à Pékin croit que le temps n’est pas encore venu pour que le premier ministre contacte directement le leader chinois.

La querelle provoquée en décembre par l’arrestation à Vancouver d’une dirigeante de l’entreprise chinoise Huawei continue de s’envenimer.

John McCallum a offert, vendredi matin, une description de l’état des lieux à un comité parlementaire à Ottawa. Jugeant la situation trop délicate, la dizaine de parlementaires membres du comité ont entendu l’exposé à huis clos.

À la fin de la réunion, les députés conservateurs ont à nouveau réclamé que Justin Trudeau téléphone à Xi Jinping.

«Un appel du premier ministre au président est essentiellement notre dernière munition. Et je pense que d’autres actions doivent être prises avant», a répondu M. McCallum à leur demande.

«C’est approprié et correct pour lui de le faire au bon moment. Et je suis sûr qu’il le fera. Mais je pense que ce serait plus efficace si d’autres stratégies sont déployées avant d’en arriver là», a plaidé l’ambassadeur.

Parmi les stratégies que conseille le diplomate: faire appel aux gens d’affaires chinois.

«Ce n’est pas dans l’intérêt du monde des affaires chinois si, lorsqu’il a un problème sur la scène internationale, le gouvernement chinois arrête des gens pour les utiliser comme monnaie d’échange», de l’avis de M. McCallum.

Et puis, il n’oublie pas les intérêts des gens d’affaires et des agriculteurs canadiens. «L’avenir de leurs entreprises, l’avenir du Canada, est lié à la Chine.»

À son arrivée à la réunion, tout comme à son départ, il a cependant rappelé qu’une chose lui importe plus que tout.

«Ma priorité est de faire libérer les deux personnes et de sauver la vie de la troisième», a-t-il rappelé aux journalistes qui l’attendaient à la porte.

Pékin détient deux citoyens canadiens: Michael Kovrig et Michael Spavor. La justice chinoise a également imposé la peine de mort à Robert Lloyd Schellenberg, un Canadien détenu en Chine pour trafic de drogues.

L’ambassadeur compte aussi sur l’intervention des alliés du Canada pour mettre fin à la querelle et sortir les trois citoyens canadiens du pétrin.

«La Chine est un grand pays. Et je pense que nous seuls nous ne pourrons peut-être pas résoudre le problème. (…) Les alliés du Canada se sont manifestés en grand nombre et nous leur sommes tous reconnaissants», a-t-il dit.

Mais les élus conservateurs n’en démordent pas; ils réclament que Justin Trudeau s’en mêle plus directement.

«Ils ne veulent pas utiliser la dernière munition avant d’être sûrs de toucher le coeur de la cible», a lancé en guise de reproche Peter O’Toole.

Le député conservateur s’est aussi plaint que l’ambassadeur n’ait pu donner le nombre exact de Canadiens détenus en Chine en ce moment.

M. McCallum assure que la querelle n’implique que les trois hommes pour lesquels il manoeuvre en ce moment. Les autres cas consulaires gérés par les diplomates canadiens en Chine ne sont pas liés à cette affaire, a-t-il assuré.

L’ambassadeur ne croit pas que tous les Canadiens doivent éviter de voyager en Chine. Il conseille plutôt de bien lire les avis de voyage émis par le ministère canadien des Affaires mondiales et d’éviter le voyage si on a eu des mauvaises expériences passées avec les autorités chinoises.

Le diplomate, quant à lui, se sent tout à fait en sécurité en Chine, même si les déclarations publiques des autorités chinoises se font de plus en plus menaçantes.

«Je n’ai aucune crainte. Un des gens de sécurité m’a avisé de ne pas avoir le drapeau canadien sur ma voiture. J’ai dit non, c’est ridicule. Donc, quand je conduis à travers Beijing, j’ai toujours le drapeau canadien. Je n’ai pas eu d’incident», a-t-il rapporté.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.