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Double rémunération: J.-F. Lisée recule

QUÉBEC – Devant le tollé, le ministre Jean-François Lisée recule et renonce à sa double rémunération.

Il versera son salaire de l’Université de Montréal à une bonne cause, celle de la lutte au décrochage scolaire.

«Je vais remettre la somme qui m’est versée par l’Université de Montréal depuis le 1er septembre, puis, tant que je serai un élu, la somme de la pension qui commencera en mars, à ceux qui en ont beaucoup, beaucoup plus besoin que moi: aux décrocheurs qui veulent réussir sur le marché du travail», a écrit M. Lisée, mercredi, sur son blogue.

Cette affaire a plongé une nouvelle fois le gouvernement péquiste dans l’embarras après la controverse soulevée par la double nomination avortée d’André Boisclair plus tôt en décembre.

Depuis septembre, le ministre Lisée reçoit un salaire de 150 924 $ de l’Assemblée nationale, plus une allocation annuelle de dépenses non imposable de près de 16 000 $ et divers autres avantages. En plus de ce montant, il empoche un plein salaire de l’Université de Montréal de 8666 $ par mois, soit 104 000 $ par année.

En vertu d’une entente confidentielle, il empochera son plein salaire de l’université jusqu’en mars prochain, à titre de «préretraité» de l’institution depuis le printemps dernier.

Une fois les versements de préretraite complétés, en mars 2013, M. Lisée encaissera un montant additionnel de 27 000 $ à titre d’indemnité de départ, à l’intérieur de 30 jours.

«Je suis un élu. Et je suis privilégié. Et je touche mon salaire actuel, et, pour plusieurs mois, le salaire différé que j’ai gagné pendant plus de huit ans. Et je toucherai, à compter de mars prochain, la retraite accumulée pendant mes années à l’UdeM», a reconnu le ministre.

M. Lisée a rappelé que le Commissaire à l’éthique, lorsque saisi du dossier, a jugé que sa situation n’avait rien d’illégal ou contraire aux règles d’éthique.

Néanmoins, parce qu’il dit avoir «le coeur à gauche», le député de Rosemont a décidé, de «son propre chef», de renoncer à son salaire de l’université.

«Je verserai ces sommes, de façon régulière et prévisible, aux entreprises d’insertion de Rosemont, qui font des miracles pour donner une seconde chance — et parfois une troisième — à des jeunes qui ont besoin d’un coup de main pour réussir leur vie», a-t-il fait savoir.

Pourtant, en matinée, tout juste avant la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, la première ministre Pauline Marois tentait encore de justifier la situation du ministre Lisée.

Il ne s’agit pas d’un double salaire, mais d’«un salaire différé», avait-elle déclaré, jouant sur les nuances. «Il est allé au commissaire pour s’assurer que c’était correct. Il faut s’assurer de prendre la mesure des choses.»

Mais de son côté, le vice-premier ministre François Gendron a avoué franchement son malaise face à ce cas de «double dipping», surtout au moment où le gouvernement impose de sévères compressions budgétaires.

«Je n’aime pas voir une nouvelle de même au moment où on doit tous faire des efforts de rationalisation pour être responsable sur le plan du bon usage des fonds publics», a-t-il laissé tomber.

Y a-t-il d’autres cas de double rémunération parmi les membres du cabinet?

«J’espère que non», a-t-il répondu.

Quant à lui, le député libéral Laurent Lessard est monté aux barricades à l’Assemblée nationale, exigeant que M. Lisée abandonne ses émoluments de l’université.

À son avis, le ministre Lisée a tenté de glisser sous le tapis «une entente secrète» qui l’avantage indûment.

«C’est inadmissible. Je vous le dis, sincèrement. Les payeurs de taxes, aujourd’hui, qui apprennent ça, sont choqués. Il y a des efforts importants à faire. On dit que, dans les universités, il y a des salaires de payés de trop, M. Lisée, quand c’est dans sa cour à lui, il ferme les yeux», a dénoncé le whip de l’opposition libérale.

Lorsqu’un reporter lui a fait remarquer que l’ex-premier ministre Jean Charest avait profité d’une rémunération parallèle cachée pendant 10 ans, le député a répliqué qu’il n’y avait pas de comparaison possible entre les deux situations.

«Il n’y avait pas de Code d’éthique (à ce moment-là)», a-t-il soulevé.

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