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SQDC: Legault peu préoccupé par les profits

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz/La Presse canadienne
Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La rentabilité de la Société québécoise du cannabis (SQDC) préoccupe peu le premier ministre François Legault, qui préfère se pencher sur les modalités encadrant la vente et la consommation de cette substance.

En point de presse au premier jour de sa mission économique au Forum économique de Davos, mercredi, en Suisse, il a rappelé que son gouvernement s’affairait à rehausser à 21 ans l’âge légal pour acheter de la marijuana.

Parmi les autres modalités du projet de loi déposé le mois dernier, Québec compte notamment interdire de consommer la substance controversée dans tous les lieux publics, incluant les parcs et les terrains de jeux.

«Mon objectif n’est pas de faire des profits avec le cannabis et la SQDC, c’est d’appliquer une loi qui a été votée par le gouvernement fédéral», a affirmé M. Legault, lorsque questionné sur le dossier.

Trois mois après l’ouverture de ses premières succursales, les ventes générées par la filiale de la Société des alcools du Québec (SAQ) atteignent 40 millions $, ce qui représente en volume environ 5,7 millions de grammes.

En entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, son président par intérim, Jean-François Bergeron, n’a toutefois pas voulu dire si des profits avaient été dégagés.

Il a toutefois dit croire que la SQDC allait dégager des bénéfices au terme de son premier exercice complet, soit celui qui se terminera le 31 mars 2020. Un premier bilan financier sera disponible après le 31 mars.

«C’est un peu normal aussi, pour un nouveau commerce, que cela prenne un certain temps avant d’atteindre le point mort (de rentabilité)», a dit M. Legault.

À la baisse

Toujours confrontée à des difficultés d’approvisionnement, la SQDC a toutefois mis un frein sur l’expansion de son réseau, qui devrait compter 40 points de vente en mars 2020, soit 20 pour cent de moins que les 50 évoqués dans le plan d’expansion original.

Peu de temps après la légalisation de la consommation du cannabis à des fins récréatives, le 17 octobre, les tablettes des succursales de la SQDC se sont rapidement retrouvées dégarnies — une situation qui a également été observée ailleurs au pays.

Rapidement, elle a décidé de réduire ses heures d’ouverture, ce qui faisait en sorte que ses 12 boutiques n’étaient ouvertes que quatre jours par semaine.

«Nous avons mis (l’expansion du réseau) un peu sur la glace, a souligné M. Bergeron. Le temps de tout relancer, cela explique la (révision) de 50 à 40 succursales.»

Celui-ci souhaite avoir du temps pour continuer à s’adapter aux recommandations du gouvernement Legault, qui désire aussi interdire l’ouverture de boutiques à proximité des cégeps et des universités.

Même si l’offre continue de laisser des consommateurs sur leur faim, M. Bergeron estime que l’on devrait constater une amélioration d’ici la fin du printemps, lorsque de nouveaux volumes seront disponibles. Il faudra toutefois faire preuve de patience avant que la situation soit totalement réglée, ce qui n’empêche pas la SQDC de planifier trois nouvelles ouvertures — Brossard, Joliette et Gatineau — d’ici l’été.

Au cours des dernières semaines, divers observateurs et intervenants de l’industrie ont signalé que la pénurie actuelle pourrait s’étirer pendant des années.

En avant

Le président de la SQDC n’a pas terminé sa réflexion, mais pour le moment, il compte aller de l’avant avec l’expansion du réseau même si les boutiques doivent continuer à fermer leurs portes quelques jours pendant la semaine.

«Je pense qu’il est plus judicieux pour la clientèle d’avoir un réseau plus étendu à quatre jours par semaine plutôt qu’un réseau restreint à sept jours, dit M. Bergeron. Lorsque les succursales sont ouvertes, c’est plus facile d’ajouter progressivement une journée d’exploitation.»

M. Bergeron estime que les ventes de la SQDC ont représenté 35 pour cent du volume vendu sur le marché légal canadien. Le prix moyen du gramme a été de 7,27 $, incluant les taxes, au Québec, alors que la moyenne canadienne a été de 9,70 $.

C’est toutefois sur le marché noir que le prix demeure le plus bas, à 5,50 $ le gramme, a-t-il indiqué.

«Avec une offre inférieure à la demande, cela crée une pression énorme à la hausse sur les prix, a dit M. Bergeron. Les producteurs savent que le marché n’est pas équilibré. Cela risque de créer une pression à la hausse à court terme.»

Le patron de la SQDC n’a pas voulu lancer la pierre aux producteurs en raison des difficultés entourant l’approvisionnement, affirmant que l’industrie était «nouvelle» et qu’elle n’existait officiellement que depuis trois mois.

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Jean-François Bergeron sur:

— Le nouvel appel d’offres:

«Il n’y a aucun producteur avec des volumes disponibles avant le printemps. Pour l’année en cours, nous voudrions aller chercher de sept à 10 tonnes de plus. Nous discutons avec 24 producteurs actuellement, mais seulement 14 ont obtenu leur autorisation de l’Autorité des marchés financiers (afin de pouvoir vendre au Québec).»

— Le processus de syndicalisation des succursales représentées par le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce:

«C’est la prérogative des employés. Nous allons respecter le processus. Nous sommes au début de ce cycle. Les discussions viennent à peine de commencer avec les TUAC.»

— Les besoins de main-d’oeuvre de la SQDC alors qu’ailleurs, comme au Nouveau-Brunswick, il y a eu des mises à pied:

«Nous allons augmenter le nombre d’heures. Nous avons été en mesure de réorganiser les quarts de travail pour minimiser l’impact sur nos employés. Nous n’avons pas eu à faire de mises à pied et nous n’avons pas l’intention d’en faire.»

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