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Les tout-petits aussi victimes de problèmes de santé mentale

Photo: Archives Métro
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — On ne pense pas à eux en premier quand il est question de problèmes de santé mentale, mais les tout-petits, âgés de 0 à 5 ans, en souffrent aussi. Et dans leur cas, intervenir dès leur jeune âge est optimal, estiment des intervenants québécois dans ce domaine.

Chez les bambins, quand il est question de troubles mentaux, on parle surtout de problèmes comportementaux et émotionnels, souligne l’Observatoire des tout-petits.

Mais l’anxiété grave et un état dépressif, c’est possible aussi, a indiqué en entrevue Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.

Le hic, c’est que cela n’est pas toujours facile à déterminer chez des enfants si jeunes, dit-elle. Surtout qu’ils ne se développent pas tous à la même vitesse. Les psychologues préfèrent aussi être prudents avant de poser un diagnostic formel avec un enfant en bas âge.

Et puis, «il faut faire attention de ne pas alarmer pour rien», insiste la professionnelle, qui est psychologue et neuropsychologue.

Autre difficulté: il n’est pas toujours facile pour un parent de distinguer ce qui est normal de ce qui ne l’est pas. «Une crise de bacon» dans un magasin quand l’enfant n’a pas ce qu’il veut, ce n’est pas la même chose qu’un bambin qui en perd connaissance, illustre la psychologue. Autre exemple: un enfant qui est anxieux au moment du sommeil, qui dit avoir peur de monstres sous son lit, c’est souvent normal et passager. Mais un enfant qui ne dort pas pendant des mois et qui dit voir des choses la nuit, là, il y a peut-être un problème, explique Mme Grou.

Donc en cas de doute, mieux vaut évaluer l’enfant, soutient-elle. S’il n’a rien, tant mieux, les parents rentrent à la maison et dorment en paix. Dans l’autre cas, on met de l’aide en place.

«L’objectif, c’est de ne pas laisser l’enfant en détresse», dit Mme Grou. Mais il y en a un autre: donner des outils aux parents pour aider leurs petits.

L’intervention en bas âge est optimale, puisque le cerveau des 0-5 ans se développe à vitesse grand V, explique de son côté Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits. Selon elle, énormément de choses se construisent dans cette tranche d’âge, notamment la capacité d’attachement et celle d’interagir avec les autres.

«La santé mentale, ça se construit au cours des années, au gré des connexions.»

D’ailleurs, rapporte-t-elle, à chaque seconde, «plus d’un million de connexions se forment dans le cerveau d’un bébé». C’est en réponse aux stimulations provenant de son milieu de vie et de ses interactions avec les gens qui l’entourent que les neurones se connecteront.

Et l’environnement dans lequel un enfant évolue a aussi un impact considérable sur sa santé mentale, fait valoir l’Observatoire.

C’est pourquoi il faut notamment combattre l’insécurité alimentaire, insiste Mme Dagenais. Des études ont démontré que des enfants qui grandissent dans cette situation sont plus à risque de vivre de l’anxiété, d’avoir des problèmes de comportement et d’être agressifs.

Et de vivre en situation de pauvreté, cela augmente le stress de tous les membres de la famille. Ce qui rend plus difficile le bon développement de la santé mentale, fait-elle valoir.

Mme Dagenais parle aussi de mettre en place plus de mesures de conciliation travail-famille.

Qui dit manque de temps dit stress. Si le parent n’est pas disponible, il n’aura pas le temps pour des activités avec son enfant. Et jouer, aller au parc ou faire du bricolage ensemble, cela contribue à créer le lien d’attachement et le sentiment de sécurité affective, un pilier important du développement de l’enfant, dit-elle.

Elle souhaite aussi un meilleur accès aux ressources en santé mentale.

Aider les tout-petits

Évidemment, pour des enfants si jeunes, qui peuvent avoir de la difficulté à nommer les choses, différentes méthodes peuvent être utilisées pour les aider. Le dessin et le jeu, par exemple, permettent d’exprimer certains sentiments et des craintes, précise Mme Grou.

Et où trouver de l’aide? Elle fait valoir qu’il est possible d’obtenir une consultation en communiquant directement avec un psychologue qui exerce au privé. Mais il y a aussi des services dans les écoles, incluant les maternelles et prématernelles. Des spécialistes peuvent être référés par le pédiatre de l’enfant, ou encore en faisant la demande dans un CLSC, indique la psychologue. À cela s’ajoutent les groupes communautaires qui offrent des outils aux parents, se réjouit Mme Dagenais.

L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, dit avoir pour objectif de contribuer à placer le développement et le bien-être des tout-petits au coeur des priorités de la société québécoise.

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