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Simon Jolin-Barrette dit des choses (des fois)

À l’émission de fin d’année d’Infoman, le 31 décembre dernier, le premier ministre François Legault a fait preuve d’une grande candeur en vantant les mérites de son ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (juste ça) Simon Jolin-Barrette, en ces termes:

«Simon, il est capable de parler pendant dix minutes sans donner de nouvelle, sans rien dire finalement. Et moi je lui demande de donner des cours aux autres.»

Clairement, M. Jolin-Barrette n’a pas eu le temps de donner des leçons de langue de bois à André Lamontagne.

Il y a quelque chose de triste dans cette blague (qui n’en est pas une tant que ça), mais il est faux de dire que M. Jolin-Barrette ne dit jamais rien.

Parfois bien sûr, il nous a offert des commentaires un peu comiques. Par exemple, en novembre 2016, il nous disait, à propos de la commission d’enquête sur l’espionnage des journalistes:

«C’est une commission qui n’a pas de dent, pas de mordant, pas de dentier.»

Une commission sans dentier. Au moins elle n’a pas coûté cher de Polident aux contribuables.

Il avait aussi fait parler de lui à la sortie de son livre J’ai confiance, réflexions (sans cynisme) en déplorant le fait qu’on ne valorisait pas suffisamment le travail, de par chez nous.

«Aux États-Unis, c’est pour ainsi dire une fierté que de confier à quelqu’un que l’on travaille 60 heures par semaine. Ce n’est pas le cas au Québec. C’est d’abord une question de mentalité.»

Ils l’ont l’affaire, les Américains.

Plus récemment, au début de son mandat alors qu’il évoquait son projet de loi sur l’immigration (sur lequel il a probablement travaillé 60 heures par semaine), il déclarait:

«Je viens de déposer à l’Assemblée nationale le plan d’immigration du Québec pour l’année 2019. Ce plan est écrit à l’encre du courage.»

Voilà qui sonne un peu comme du Francis Cabrel. Le ministre a de la graine de poète en lui.

Mais c’est vrai qu’il en faut du courage pour mettre de côté 18 000 dossiers d’immigrants. Des dossiers qu’ils ont peut-être rédigés à l’encre de leurs yeux.

Ils devront se réessayer avec le beaucoup moins poétique nouveau système de M. Jolin-Barrette, un système très simple à comprendre.

«We are taking the profile of the candidate with the job that we need. So, we make a match. It’s like a tinder of immigration.»

Un Tinder de l’immigration. Espérons que ce ne seront pas des «matchs» de même qualité que ceux que l’on pourrait faire au Lovers à trois heures du matin un mardi soir, en «swipant» à droite. Ça ne fera pas des enfants forts.

Finalement, même en parlant pour ne rien dire, le ministre dit bien des choses.

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