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Des chauffeurs de taxi somment Québec d’imposer des quotas à Uber

Photo: Josie Desmarais/Métro

Trois regroupements syndicaux ont sommé dimanche le gouvernement de François Legault d’amender le projet de loi 17, qui vise entre autres à déréglementer l’industrie du taxi et à régulariser les activités d’Uber. L’une des avenues envisagées serait d’imposer des quotas à la multinationale américaine.

«Ce marché-là ne peut pas être ouvert indéfiniment à tout le monde, ça prend des standards. On voudrait pouvoir établir un système de quotas pour Uber aussi, puisqu’on ne peut pas avoir des centaines de milliers de chauffeurs dans un même marché», explique à Métro le porte-parole du Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM), Wilson Jean-Paul.

Avec la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et le Syndicat des Métallos, il demande aussi le rétablissement des quotas sur les permis des taxis, dont la suppression signifie la fin des territoires d’activité propres à chaque entreprise.

Le regroupement estime que la loi, dans son état actuel, jettera «des familles à la rue au profit des multinationales». Si une réforme profonde n’est pas envisageable, Québec devrait au moins «compenser la valeur des permis de tous les propriétaires de taxi et de limousine du Québec», tranchent-ils.

M. Jean-Paul affirme que ce projet de loi «reflète la libéralisation du marché». «On est en train de détruire la valeur de nos permis ; il faut nous compenser pour la valeur qu’on vient de perdre», observe-t-il. D’après lui, en 2014, quand Uber s’est installée au Québec, un permis de taxi valait en moyenne 191 000$. Aujourd’hui, ce chiffre n’atteint à peine que 80 000$. 

Celui qui est aussi chauffeur de taxi dans la région de Montréal condamne une situation devenue dramatique pour plusieurs familles, plaçant le gouvernement Legault «devant un dilemme non pas réglementaire ou économique, mais moral».

«On est des travailleurs nationaux, on a le devoir de réinvestir notre argent au Québec. Avec Uber, on ne voit pas la couleur de l’argent. Au lieu d’aider 10 000 familles d’ici, on va favoriser quelqu’un qui n’investit pas un sou, vraiment? À un moment donné, il faut aussi protéger nos travailleurs.» -Wilson Jean-Paul, porte-parole du RTAM-Métallos

Le local d’abord
«Pour beaucoup trop de gens, [un permis de taxi], c’est l’économie de toute une vie, renchérit Wilson Jean-Paul. Ces gens ont investi dans un système de permis mis en place et surveillé par Québec, qui en tirait d’ailleurs des revenus.» D’après lui, Québec «commet ainsi une injustice grave».

Pour le président de la FTQ, Daniel Boyer, la question est simple: «pourquoi le gouvernement persiste-t-il à vouloir spolier 10  000 familles avec un tel projet de loi ? Il doit rectifier le tir rapidement pour éviter qu’il en résulte d’autres drames», insiste-t-il dans une déclaration écrite.

En abolissant les permis, le gouvernement «choisit de déshabiller 10  000 entrepreneurs du Québec pour tout donner à une poignée de multinationales qui ne dépenseront pas leurs profits ici», ajoute de son côté le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau. Ces grandes entreprises, «dont les revenus vont dans des paradis fiscaux», dit-il, «pourront aller plus loin encore dans leurs projets de tarification spéculative».

Une rencontre est prévue lundi prochain entre plusieurs représentants syndicaux des chauffeurs de taxi et le sous-ministre des Transports, Marc Lacroix. «Le ministre [Bonnardel] nous a déjà dit qu’il attendait nos recommandations, qu’il était ouvert à modifier certaines choses. On s’attend à des réponses claires sur nos revendications», conclut Wilson Jean-Paul.

Appelé à réagir, le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, a dit être «sensible et à l’écoute des préoccupations des 6500 titulaires de permis de taxi» à l’échelle de la province.

«C’est pour cette raison que je souhaite qu’un dialogue ouvert et constructif avec l’industrie», a-t-il indiqué par écrit. La porte-parole du MTQ, Sarah Bigras, a pour sa part confirmé la tenue d’une rencontre avec le sous-ministre lundi, sans vouloir donner plus de détails sur ces «rencontres privées».

 

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