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Les crédits d’impôt pour aînés sont «inefficaces», tranche une étude

Photo: Getty Images
Henri Ouellette-Vézina - Métro

Si les aînés sont de plus en plus nombreux à utiliser des crédits d’impôts au Québec, les mécanismes gouvernementaux qui en découlent ne s’attaquent pas réellement aux problèmes qui sont propres au troisième âge, plaide une nouvelle étude parue mercredi.

«Ce n’est pas des crédits d’impôt dont on aurait besoin, mais plutôt des services publics dignes de ce nom», explique à Métro le chercheur associé de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Guillaume Hébert, qui a piloté l’étude durant l’automne et l’hiver dernier.

Selon lui, il faut comprendre que le gouvernement a «trop souvent» recours à des outils fiscaux tout à fait inefficaces.

«L’exemple du maintien à domicile, dont le crédit d’impôt a explosé de 160% en 10 ans, est excellent, poursuit-il. S’il est autant utilisé, ce n’est pas parce qu’il est bien conçu, mais surtout parce qu’on ne s’est jamais donné au Québec de services à domicile qui soient adéquats. On n’a absolument rien qui ait de l’allure.»

Phénomène similaire pour le crédit d’impôt pour frais médicaux qui, selon les données de l’IRIS, a augmenté de 84% depuis 2009, ou encore pour le financement dédié à l’isolement des personnes âgées. «Au bout du compte, ce dernier crédit est pas du tout utilisé, ni même connu, et il vaut 40$. Est-ce qu’on espère vraiment briser la solitude des aînés avec ça? C’est de l’ordre du symbolique», déplore M. Hébert.

«On se retrouve aujourd’hui avec des crédits d’impôt qui ne sont que des pansements qu’on vient mettre sur une plaie. C’est largement insuffisant.» -Guillaume Hébert, chercheur associé à l’IRIS

Si le gouvernement ne veut que «donner l’impression» qu’il agit concrètement pour le bien commun, il peut certes se féliciter, mais chose certaine: il n’est pas vraiment en train de s’attaquer aux problématiques sociales qui frappent le Québec, particulièrement chez les plus vieux, analyse le chercheur.

Pour renverser la tendance, l’IRIS appelle dans son étude à une «profonde réflexion» et à une réforme du système de crédits d’impôts. «Sur le principe même, on devrait avoir moins recours à ces crédits-là, sauf qu’évidemment, si ça se fait demain matin, ça serait potentiellement catastrophique pour certaines personnes qui n’auraient plus rien: pas de service ni de fonds pour absorber les coûts au privé», témoigne Guillaume Hébert.

Pour opérer une transition «intelligente», le détenteur d’une maîtrise en science politique de l’UQAM propose plutôt de «renouer avec l’idéal d’un impôt progressif» en cessant la surenchère de la baisse des impôts des gouvernements provinciaux successifs depuis le tournant des années 2000.

«Par ici les crédits d’impôt. Au Québec et au fédéral, c’est pratiquement devenu un automatisme. Un problème, un crédit d’impôt», ajoute le chercheur à ce sujet, indiquant que le réseau public de la santé «crie famine» parce que «les ressources manquent» et que le vieillissement de la population continue, mais que les mesures fiscales actuelles «profitent ultimement au secteur privé».

Dans son rapport, l’organisme suggère aussi à Québec de mieux promouvoir et publiciser ses crédits d’impôt en attendant de trouver des solutions.

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