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Francophonie hors-Québec: Joly fustige Ford et Kenney pour leur manque d’ouverture

La ministre Mélanie Joly Photo: Métro/Josie Desmarais

La ministre du Tourisme et des Langues officielles, Mélanie Joly, fustige les gouvernements conservateurs de Doug Ford et de Jason Kenney, en Ontario et en Alberta, pour leur manque d’ouverture et de collaboration dans le dossier de la francophonie hors-Québec. Elle aborde la question en marge des consultations nationales entourant la modernisation de la Loi sur les langues officielles, qui se sont tenues ce printemps.

En novembre dernier, la décision prise par le premier ministre Doug Ford d’abolir le projet d’université francophone et le Commissariat aux services en français n’aide en rien à construire un dialogue constructif sur les réalités des communautés linguistiques, tranche Mme Joly.

«C’est profondément blessant et frustrant au nom des minorités qui se battent tous les jours pour parler dans leur langue. C’est un cheap shot, c’est inacceptable et ça va à l’encontre du compromis historique que le Canada a conclu, c’est-à-dire de protéger tous ses groupes linguistiques», martèle la ministre en entrevue à Métro.

La situation est d’autant plus inquiétante qu’en Alberta, le nouveau premier ministre Jason Kenney n’a assuré presqu’aucune visibilité aux consultations, d’après Mme Joly.

«Pour des raisons qu’on nous dit être budgétaires, il n’a envoyé personne pour représenter la réalité franco-albertaine. Ça aussi, c’est inacceptable. L’Alberta et l’Ontario sont deux gouvernements conservateurs et entre-temps, Andrew Scheer laisse passer ça.» -Mélanie Joly, ministre du Tourisme et des Langues officielles

Malgré tout, la ministre se réjouit que la situation soit beaucoup plus rose ailleurs. Notamment au Québec, où plusieurs mobilisations ont eu lieu depuis l’automne dernier. «Quand on a hissé le drapeau franco-ontarien à l’Assemblée nationale, c’était la première fois en 50 ans que les Québécois avaient un élan aussi important de solidarité envers ces communautés, poursuit-elle. Comme majorité francophone, on a un rôle au Québec pour les protéger et heureusement, les Québécois le comprennent.»

Pendant longtemps, selon l’élue fédérale, le Québec a été préoccupé par le fait de protéger sa propre sécurité, dans un Canada anglais omniprésent. Mais progressivement, la réalité change. «Avec la loi 101 qui a eu des effets bénéfiques sur le fait français, je pense que les Québécois sont prêts à aider les autres à assurer, à leur tour, leur propre sécurité», argue Mélanie Joly.

Au final, tous auraient intérêt à parler davantage de francophonie, d’anglophonie et de langues ou de diversité, lance la ministre. «Je pense qu’il faut se comprendre davantage, ne prendre personne pour acquis et faire preuve de prudence. On a tout à gagner à se rapprocher, à se parler. Et si on continue en cette veine, l’avenir est prometteur», conclut-elle.

Des consultations courues
Si les consultations nationales entourant la modernisation de la Loi sur les langues officielles ont rassemblé quelque 1500 personnes sur une variété d’enjeux, la francophonie hors-Québec et, plus largement, la réalité des minorités linguistiques au Canada, est souvent revenue sur la table. C’est d’ailleurs le chroniqueur au Métro, Frédéric Bérard, qui présidait ces consultations.

«Les communautés francophones minoritaires veulent que la loi ait plus de dents, explique l’élue d’Ahuntsic-Cartierville. Elles veulent qu’on renforce les pouvoirs du commissaire aux langues officielles, qu’on trouve des façons de protéger davantage leurs institutions. Bref, qu’on investisse plus en santé et en éducation dans la langue de la minorité.»

Il ne faut pas non plus minimiser l’opinion de la majorité dans ce débat, croit l’ancienne candidate à la mairie de Montréal.

«On entend aussi beaucoup cette volonté anglophone d’avoir accès à plus d’immersion en français, soutient-elle. Des parents en Ontario et en Colombie-Britannique font la file pour inscrire leurs enfants là-dedans, sauf qu’il n’y a pas assez de professeurs, ni de places ou de ressources.»

Ce manque à combler limite actuellement le Canada «dans sa capacité à avoir plus d’enfants bilingues», avance Mme Joly, estimant que la pérennité des communautés linguistiques minoritaires passe aussi par des investissements plus soutenus en matière de petite enfance dans les milieux marginalisés.

Maintenant que les consultations sont achevées, il faudra maintenant présenter les défis aux provinces et territoires dans un contexte politique variant d’un endroit à l’autre.

Ottawa souligne cette année le cinquantenaire de la Loi sur les langues officielles. En 1969, le pays reconnaissait pour la première fois la nécessité d’avoir un statut égal entre l’anglais et le français à l’échelle du territoire.

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