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Le lobby anti-avortement se mobilise dans les provinces

avortement
Photo: iStock

Julie vient d’apprendre qu’elle est enceinte de 6 semaines. Dans une clinique de Montréal, elle se fait avorter. Pendant les dix prochaines minutes, alors que la docteur procède à la chirurgie, la jeune femme ferme ses yeux essayant de contrôler la douleur et la peine qu’elle ressent.

Des groupes veulent toutefois restreindre la possibilité qu’a Julie de prendre cette décision. Et ils s’inspirent de nos voisins du sud.

Les pro-vie au fédéral

L’avortement a beaucoup fait jaser lors des élections fédérales. Selon le groupe pro-vie Right Now, 68 candidats conservateurs élus sont pro-vie. Dans son bilan de la campagne électorale, le groupe se réjouit que la Chambre des communes est maintenant plus pro-vie que jamais.

L’organisme a incité ses membres à élire et militer pour des candidats pro-vie.

Le chef conservateur Andrew Scheer a bien augmenté sa députation à la Chambre des communes mais a été écarté du pouvoir. Et il insiste que son parti ne changera pas la législation concernant le droit à l’avortement.

Prochaine cible: les provinces

Mais ce qui inquiète Véronique Provonost, chercheuse de la Chaire Raoul-Dandurand, et membre du réseau québécois en études féminisme, ce n’est pas le droit, mais l’accessibilité à l’avortement. Elle estime que les militants pro-vie utilisent actuellement les mêmes tactiques et discours utilisés aux États-Unis pour limiter l’accès à l’avortement au Canada.

«Comme on le voit aux États-Unis, la lutte qui autrefois se passait au sein du gouvernement fédéral a commencé à prendre plus d’espace au sein des États, où les lois les plus restrictives sont adoptées. On assiste à cette même stratégie déployée ici, de quitter le fédéral et d’investir les provinces», dit-elle.

Plusieurs États américains ont notamment adopté des règles de salubrité tellement restrictives que des cliniques d’avortement doivent fermer leurs portes.

Accès inégal à l’avortement

«Actuellement au Canada, l’accès à l’avortement dépend fortement de l’endroit où on réside, ce qui va à l’encontre des principes de base d’accès aux soins de santé», indique la directrice de la promotion de santé de l’organisme Action Canada pour la santé et les droits sexuels, Frédérique Chabot.

Dans un rapport de la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), on apprend qu’au Québec, certaines femmes peuvent attendre jusqu’à cinq semaines sur une liste d’attente pour recevoir un avortement. Selon Madame Provonost, qui siège sur le comité de la FQPN, les avortements sont difficiles à obtenir dans les zones rurales du Québec et il est de plus en plus difficile de recruter des médecins qui veulent inclure l’avortement dans leur pratique.

La chercheuse estime qu’avec la montée fulgurante des lobbys anti-choix, l’accès à l’avortement prend graduellement un coup au pays.

Par exemple, en Alberta, la motion 506 déposée par le NPD visait à accroître l’accessibilité à l’avortement. Elle a été contrée par une majorité d’élus conservateurs. Des groupes pro-vie ont fortement milité contre le projet de loi.

En Alberta et au Manitoba, les fournisseurs de services d’avortement se trouvent uniquement dans les centres urbains, alors qu’entre 35 et 40% de la population habite dans des communautés rurales ou éloignées, selon un rapport d’Action Canada pour la santé et les droits sexuels.

De son côté, l’Ontario ne rembourse pas les avortements effectués dans toutes les cliniques de la province. Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement provincial ne rembourse pas du tout les avortements qui ne sont pas pratiqués en milieu hospitalier.

Action Canada croit que ce refus est une infraction directe à la Loi canadienne sur la santé, qui exige que tous les services médicalement nécessaires soient couverts par le régime de la santé provinciale.

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