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Démythifier l’immigration: rencontre avec Victor Piché

Des manifestations pour demander la réunification familiale dans tout le Canada
Photo: Archives Métro

Victor Piché, expert en immigration et ancien chroniqueur à Métro vient de publier un recueil de ses chroniques «Parlons immigration» dans la dernière publication de l’Association d’études canadiennes, Diversité canadienne. Le numéro «Parlons immigration: au-delà des mythes» déboulonne plusieurs idées reçues sur les questions migratoires. Pendant 40 ans, ce chercheur associé à la Chaire sur le droit international à l’Université de McGill s’est penché sur le sujet le plus épineux de l’heure. Rencontré aux bureaux de Métro, il fait le point pour nous sur quelques mythes.

Victor Piché
Victor Piché (Photo: Courtoisie)

L’immigration terroriste

D’après Victor Piché, l’immigration terroriste est l’un des plus grands mythes portant sur l’immigration. «Les grands mouvements terroristes qu’on a vus dans le passé, dans beaucoup de cas, c’était des gens nés sur place qui étaient responsables de ces attentats», note-t-il. Les ressortissants nationaux se sont souvent radicalisés sur place, ajoute-t-il.

Selon le chercheur, la menace est plutôt interne et provient de la radicalisation. «Malgré l’absence démontrée de liens, le discours «sécuritaire» domine largement les discussions politiques autour de l’immigration», écrit-il dans sa chronique sur le mythe de la crise migratoire. Il estime qu’on fait souvent peur aux gens avec les discours portant sur la sécurité nationale.

Moins d’immigrants pour une meilleure intégration économique

Au cours de la dernière campagne électorale, les discours laissant entendre qu’il faut moins d’immigrants pour mieux en prendre soin circulaient abondamment dans les partis politiques, remarque M.Piché. Mais d’après plusieurs études, ce n’est pas le nombre d’immigrants qui est un facteur de «non-intégration».

Cela serait davantage lié à des facteurs structurels, en particulier l’évolution du marché du travail et la discrimination, explique-t-il.

Les voleurs de «jobs»

«Ça fait 35 ans qu’on étudie ça. L’effet sur les emplois des natifs, il n’y en a pas. Au contraire, il y a même des études qui démontrent que ça permet même à des natifs d’améliorer leur situation. La main-d’œuvre immigrante est souvent complémentaire, il n’y a pas d’effet de substitution», dit le chercheur.

Selon Victor Piché les immigrants ont plus tendance que les natifs à créer leur propre emploi. «Non seulement les immigrants ne sont pas des voleurs de jobs, mais ils créent souvent leur propre emploi et créent même de nouveaux emplois pour les natifs et viennent combler des pénuries dans des secteurs où il est difficile de trouver des travailleurs nationaux», fait-il valoir dans l’une de ses chroniques.

La menace identitaire

D’après M.Piché, le français n’est pas menacé au Québec. «Évidemment, il y a beaucoup de bilinguisme à Montréal. Mais les francophones qui viennent ici et qui sont unilingues, ils n’ont pas de difficulté à se trouver un emploi», plaide-t-il. Le chercheur considère que nous sommes loin du déclin de la langue française au Québec.

Les mythes difficiles à détruire

«Les mythes sont très difficiles à détruire. J’ai déjà eu des débats avec des gens où je présente des chiffres et ils disent qu’ils n’y accordent pas d’importance, c’est alarmant», déplore l’ancien chroniqueur de Métro. Il faudrait donc que le travail des chercheurs portant sur ces questions soit beaucoup plus à la portée de la population, conclut M.Piché.

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