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Recyclage: la collecte pêle-mêle blâmée pour les déboires de l’industrie

Photo: Archives TC Media

Québec Hebdo et Métro se sont intéressés à l’écosystème du recyclage au Québec, dans la foulée crise du recyclage et des débats entourant le Publisac. Voici le dernier d’une série de trois textes.

Construite en 1927 et acquise par Papiers White Birch en 2004, la direction de l’usine Stadacona achète pour 60 000 tonnes de papier recyclé par année, pour fabriquer quelque 150 types de carton, mais aucune d’elle ne provient d’un centre de tri qui fait une collecte pêle-mêle du recyclage.

Pour le directeur des approvisionnements Papier recyclé de l’usine, Mark Drouin, la solution est simple: il faut revenir à la base et récupérer la fibre avec la fibre, le plastique avec le plastique et le verre avec le verre.

À l’emploi de l’usine de Québec depuis 34 ans, Mark Drouin déplore depuis des années l’incohérence dans le processus de recyclage.

«C’est plate à dire, mais la collecte pêle-mêle du recyclage au Québec n’a jamais été un succès. Pour faire du carton ondulé, j’achète environ 15 000 tonnes de papier recyclé par année, mais je ne suis pas capable de m’en procurer d’un centre de tri pêle-mêle. Il y a trop de contaminants.» -Mark Drouin

La piètre qualité du recyclage québécois et canadien est d’ailleurs à l’origine des problèmes d’exportation vers les marchés étrangers autrefois acheteurs, comme la Chine.

L’entreprise s’approvisionne uniquement auprès de Services Matrec inc. de Boucherville, qui dispose de plusieurs centres de récupération au Québec et qui procède à une collecte séparée du carton sans contaminant.

Il raconte que le verre agit comme un abrasif, voire du sable qui use et bloque ses machines servant à la fabrication de la pâte. Mark Drouin se souvient de la mise en garde qu’il avait faite à plusieurs organismes liés au recyclage il y a une douzaine d’années quant à l’avenir de la collecte pêle-mêle du recyclage. Il aurait souhaité que le gouvernement et Recyc-Québec implantent la consigne depuis des années en ajoutant que le plus grand pollueur est la bouteille de vin.

Appel à être de bons élèves

Faut-il rincer le contenant de beurre d’arachides avant de l’envoyer au recyclage? Oui, répond Mathieu Fournier, chef d’équipe de la Division des matières résiduelles de la Ville de Québec.

«Idéalement, grossièrement. On tolère un film huileux. On enlève les morceaux de nourriture», rappelle M. Fournier. Le chef indique qu’il faut démanteler aussi le plus possible car on ne met pas plusieurs matières ensemble. «Par exemple, on enlève l’anse du casseau de fraises».

«On doit développer des réflexes. Les gens sont responsables de leur matière. Ils veulent être rassurés sur la pertinence de le faire», évoque Mireille Plamondon, porte-parole de la Ville de Québec en matière d’environnement.

Parmi les pires matières non désirées, on trouve tous les corps linéaires, les boyaux d’arrosage, les cordes à linge qui font arrêter les machines et qui coûtent cher à la municipalité.

«Les gens font bien les choses. Ce qu’il faut, c’est aller chercher plus de gens», croit Mme Plamondon. «On reçoit encore beaucoup trop de matières recyclables à l’incinérateur. Les commerces, les milieux de travail doivent s’équiper», remarque M. Fournier.

Le recyclage et la lutte pour Publisac

Au Québec, le Publisac est distribué à environ 3.5 millions d’exemplaires par 3500 camelots. Environ 800 000 d’entre eux se trouvent sur l’île de Montréal, alors que près de 270 000 sont distribués dans la région de Québec. D’après, la porte-parole pour le Publisac chez TC Transcontinental, Patricia Lemoine, le produit est géré de façon écoresponsable. «Le papier sur lequel sont imprimés les circulaires et les journaux provient de résidus de scierie», explique-t-elle. Le sac est quant à lui composé de résine de plastique.

Si le papier a presque toujours été 100% recyclable, la grande nouveauté mise de l’avant est qu’il est composé désormais à 100% de plastique recyclé.

Une consultation publique

La Ville de Montréal a lancé il y a quelques mois une consultation publique sur le Publisac. Mais le citoyen engagé Charles Montpetit exige que le choix de recevoir le Publisac revienne aux citoyens. S’ils acceptent, ceux-ci pourraient afficher sur leur résidence «un logo représentant une circulaire entourée d’un cercle bleu», a-t-il suggéré.

«On demande que les sacs de plastique soient remplacés par un emballage qui ne nécessite pas un tri à part parce que présentement, on ne peut pas recycler le sac de plastique qui contient les circulaires, à moins que le sac et le contenu aient été séparés», tonne-t-il.

Cette consultation s’est terminée il y a quelques semaines, donnant trois mois à la Ville de Montréal pour se positionner. L’administration Plante étudiera les solutions sur la table.

Avec la collaboration de Henri Ouellette-Vézina.

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