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100 ans de l’UMQ: réinventer la politique municipale

UMQ Suzanne Roy
La présidente de l'UMQ, Suzanne Roy. Photo: Denis Beaumont/Archives Métro

La politique municipale s’est fortement métamorphosée depuis le début du XXe siècle. Au centre de cette évolution, l’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui, 100 ans après sa création, est plus utile que jamais, soulignent certains de ses ex-présidents.

En octobre dernier, l’UMQ s’est placée au centre de la négociation du dernier pacte fiscal entre Québec et les municipalités. Sauf que les ententes d’imposition n’ont pas toujours fait partie du mandat de l’Union, soulève l’historien Harold Bérubé, qui a écrit un livre sur le centenaire du groupement québécois.

C’est en 1918, à la suite de la création du premier Département des affaires municipales – ensuite devenu un ministère –, que les municipalités se dotent d’une organisation commune.

«Québec commence à surveiller les municipalités d’un peu plus près et les municipalités sentent le besoin de réagir à ça», observe M. Bérubé, professeur au Département d’histoire de l’Université de Sherbrooke.

Le premier grand combat de l’UMQ s’orientera autour de la prestation de services dans les municipalités. À l’époque, constate M. Bérubé, plusieurs entreprises privées s’occupent de fournir l’électricité et d’entretenir les aqueducs.

«Dès le début du XXe siècle, beaucoup de municipalités rechignent contre ça. Parce que ces entreprises signent souvent des monopoles qui n’ont pas de l’allure, par exemple de 50 ans», indique l’historien.

Dans les années 1930, l’UMQ fait campagne pour «municipaliser l’électricité à la grandeur de la province».

«Il y a cette ambition, avant même la création d’Hydro-Québec, de faire tomber l’électricité dans le domaine public. À l’époque, ça a du sens parce que les barrages ne sont pas dans le Grand Nord» – Harold Bérubé, historien

Au-delà des services

Si l’UMQ a acquis au cours du siècle dernier la capacité de fournir des services, elle est allée encore plus loin dans les vingt dernières années, croit l’actuelle présidente par intérim, Suzanne Roy.

«On est passé de créatures de la province à un gouvernement de proximité», affirme celle qui a aussi occupé la présidence de l’UMQ de 2014 à 2016. En adoptant le projet de loi 122 sur la gouvernance de proximité en 2016, le gouvernement provincial donnait aux Villes de plus importants pouvoirs décisionnels.

Bernard Sévigny, président de l’UMQ de 2016 à 2017, croit justement avoir occupé le poste «à un moment charnière».

«L’autonomie municipale est fondamentale», constate-t-il.

Les années noires

Les conclusions de la Commission Charbonneau sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction ont profondément entamé la réputation des Villes, soulèvent les présidents consultés.

«Il y a eu la grande turbulence, avec les arrestations et la Commission, se rappelle Bernard Sévigny. Il y a eu un changement de président en pleine crise. C’est Éric Forest [président de 2010 à 2014] qui est arrivé et il a mis la table avec ses grands sommets et le dépôt du livre blanc sur l’avenir des municipalités

Le principal intéressé a dû «rétablir le lien de confiance entre la population et les élus municipaux», raconte-t-il.

«Il y en avait peut-être quatre, cinq, six qui étaient tout croches. Mais il y en avait 7895 qui se levaient le matin en voulant faire une différence positive», avance M. Forest.

Pouvoir fiscal

Cent ans plus tard, l’UMQ patauge toujours dans certains vieux débats, souligne Suzanne Roy.

«On pense à la dépendance à l’impôt foncier. La façon dont sont financées les municipalités répond de moins en moins à la réalité de leurs actions», soutient Mme Roy.

Une réforme fiscale permettra aux Villes de mieux affronter les changements climatiques, soulignent l’ensemble des présidents interrogés.

«Il va y falloir que les enjeux verts mobilisent davantage le monde municipal», souligne Bernard Sévigny.

Suzanne Roy appelle à une fiscalité adaptée au réchauffement de la Planète. «C’est notre grand défi. Les Villes sont les premières intervenantes en termes de changements climatiques. On a trop souvent pas les moyens de nos ambitions», ajoute la mairesse de Sainte-Julie.

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