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Attentat de Québec: craintes vives concernant l’islamophobie

Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, devant une affiche du documentaire sur l'attentat de Québec.
Boufeldja Benabdallah Photo: Jean Carrier/Métro

Trois ans après l’attentat de la mosquée de Québec, les organisateurs des commémorations craignent que les comportements d’islamophobie s’exacerbent dans la province. Selon l’ancien directeur du centre islamique, les gestes du gouvernement pour contrer ces dérives «ne sont pas suffisants».

D’importantes commémorations sont tenues à Québec et à Montréal mercredi, jour du triste anniversaire de la tuerie qui a fait six morts le 29 janvier 2017. Ce jour-là, Alexandre Bissonnette a ouvert le feu dans le Centre culturel islamique (CCIQ). Le premier ministre François Legault participera à l’un de ces événements de commémoration.

En conférence de presse, mercredi matin, le comité organisateur de cet événement a tenu à lancer un message commun contre l’islamophobie.

«La minorité qui existe doit être une minorité défendable, protégée, a lancé le cofondateur du CCIQ, Boufeldja Benabdallah. Qui peut la protéger si ce n’est pas les gouvernements en place?»

M. Benabdallah y est allé sans détour: «les gouvernements en place sont loin de protéger les minorités».

Celui qui est devenu dans les dernières années l’un des visages de la commémoration faisait ainsi allusion à des lois comme la Loi 21 sur la laïcité de l’État.

«Il y a plusieurs façons de voir la Loi 21. Je pense qu’au contraire, la Loi 21 vient éviter un dérapage dans les extrêmes. C’est une loi qui est très modérée», a répondu le premier ministre, à l’Assemblée nationale.

À la fin de l’année 2018, peu après son arrivée au pouvoir, M. Legault avait affirmée qu’il n’y avait «pas d’islamophobie au Québec». Le cabinet du premier ministre avait corrigé le tir quelques jours plus tard en affirmant «qu’il n’y a pas de courant islamophobe au Québec».

Attaques verbales et écrites

L’un des organisateurs des événements de commémoration de l’attentat de Québec, Sébastien Bouchard, craint pour sa part la perpétuation de l’islamophobie dans la province.

«L’islamophobie ça ne veut pas dire que tous les Québécois sont islamophobes. Mais elle existe et doit être dénoncée», affirme-t-il.

«À Québec, dans les mosquées, on a eu des vitres brisées, des têtes de cochon déposées, des messages haineux» – Sébastien Bouchard

Ces actes violents se transposent dans le quotidien des musulmans de la Vieille-Capitale, selon M. Bouchard. «Il y a des foulards de femmes arrachés, des personnes qui se font refuser d’être servis», ajoute-t-il.

Durs souvenirs

Boufeldja Benabdallah ressent toujours une douleur vive en repensant aux événements du 29 janvier.

«À mon arrivée dans cette mosquée m’est venu en mémoire mes six frère tombés», s’est remémoré M. Benabdallah.

Aujourd’hui, alors que les blessures se pansent encore, il fait un appel au vivre-ensemble.

«Je souhaite qu’il n’y ait pas de fracture dans la société», a affirmé le cofondateur du CCIQ.

En choeur avec Poly se souvient, les organisateurs souhaitent attirer l’attention du gouvernement pour assurer un meilleur encadrement des armes à feu au Québec.

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