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Des chercheurs universitaires dénoncent l’implication de GNL Québec dans un projet de recherche

GNL Québec souhaite construire un gazoduc à travers le Québec.
Photo: Sean Gallup/Getty Images

Des chercheurs universitaires dénoncent un geste «imprudent et prématuré» de la part d’universités québécoises qui ont accepté du financement du groupe GNL Québec, promoteur du controversé projet Énergie Saguenay.

En novembre dernier, GNL Québec émettait un communiqué confirmant un versement de 350 000$ «afin de soutenir un projet de recherche interuniversitaire sur la séquestration du carbone». Ce projet de chaire sur la séquestration du carbone rassemble quatre universités et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Mercredi soir, une quinzaine de professeurs universitaires ont diffusé une lettre ouverte en réponse au financement de l’entreprise.

«Il nous semble imprudent et prématuré d’accepter un investissement de GNL Québec pour financer la recherche universitaire», y écrit-on.

GNL fait actuellement des démonstrations auprès du gouvernement du Québec afin de concrétiser son usine de liquéfaction du gaz naturel, à Saguenay. Un gazoduc de plusieurs centaines de kilomètres l’accompagnerait. Énergie Saguenay a fait l’objet de plusieurs critiques au cours des derniers mois.

Refuser le financement

Dans leurs lettre ouverte, les universitaires exhortent les établissements d’enseignement universitaire à «refuser le financement offert par GNL Québec».

«Avant de se lier à une entreprise privée […], l’université devrait évaluer sérieusement le risque réputationnel», avance-t-on.

Contacté par Métro, l’un des instigateurs de la lettre, Patrick Provost, dit craindre que l’entreprise «légitimise» ses activités avec cette chaire.

«Je ne connais pas de chaire universitaire qui soit financée par des compagnies de tabac. Il faut quand même avoir un sens de l’éthique», avance-t-il au bout du fil.

En signant cette missive commune, les 17 chercheurs des quatre coins du Québec emboîtent le pas à une centaine de leurs collègues de l’Université du Québec à Chicoutimi, qui ont signé début février un texte exigeant du gouvernement provincial qu’il dise non au projet.

«Liberté»

Les auteurs de la plus récente lettre ouverte conviennent que l’appel à l’industrie «cause fréquemment des désaccords» chez les universitaires. Ils craignent toutefois qu’en acceptant ces fonds, les universités impliquées briment la liberté de commentaire de leurs employés.

«La situation actuelle nous rappelle celle vécue en 2014 à l’Université du Québec à Rimouski, peut-on lire. La pétrolière TransCanada, qui cherchait à faire accepter son projet Énergie Est, a offert de financer une chaire sur le béluga.»

D’après les auteurs du texte, l’histoire se répète.

«En prêtant leur concours à ce type de stratégie, les universités risquent malheureusement d’être entraînées malgré elles dans des opérations d’écoblanchiment.» – Extrait de la lettre

Réponses

GNL Québec a tenu à défendre son versement, jeudi.

«Notre appui à la recherche […] est une action concrète découlant notre engagement à atteindre la carboneutralité», a écrit dans un courriel la directrice aux Affaires publiques et relations avec les communautés de la compagnie, Stéphanie Fortin.

Parmi les groupes impliquées dans la chaire, on peut compter l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Son recteur, Denis Martel, n’était pas au courant du projet, confie-t-il à Métro.

«Je n’ai pas eu de contact. Il n’est pas impossible que des professeurs soient impliqués. Mais il n’y a pas de projet formel», affirme-t-il.

«Une fois que j’ai dit ça, si un projet nous venait, on ne le rejetterait pas nécessairement.» – Denis Martel

Le recteur promet d’étudier le projet dans les prochains jours. D’après lui, les règles éthiques en place assurent «la liberté académique» des chercheurs de l’institution.

À l’Université Laval, on soutient que la «demande de subvention […] reste à finaliser».

«Nous feront les annonces, le cas échéant, une fois ce financement obtenu», ajoute-t-on.

Au moment d’écrire ces lignes, l’École de technologie supérieure et l’Université du Québec à Chicoutimi n’avaient pas répondu. Le ministère n’a pas non plus fait parvenir de commentaire à Métro dans l’immédiat.

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