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Québec sommé d’implanter une taxe sur les voitures polluantes

Entre 2013 et 2018, les ventes d’essence ont bondi de 24%, une hausse «sans précédents» selon les écologistes. Photo: Archives Métro

Des groupes écologistes somment Québec d’implanter un système de «redevance-remise», selon le principe de bonus-malus, pour inciter les citoyens à acquérir des véhicules zéro-émission (VZE) et décourager l’achat de véhicules polluants. Ils estiment qu’un pareil mécanisme «autofinancé» est urgent dans un contexte de crise climatique. L’idée avait été rejetée une première fois en 2018 par les libéraux.

«Les pollueurs doivent soutenir ceux qui prennent des bonnes décisions environnementales, explique à Métro le directeur de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand. Quand on achète des véhicules à 14 litres au 100 kilomètres, et qu’on débourse 60 000$, on est capables de payer plus cher.»

Concrètement, les subventions offertes pour une voiture électrique seraient financées par la contribution des propriétaires de véhicules énergivores. L’ampleur de chaque contribution serait «proportionnelle» aux GES émis par ces derniers. Actuellement, l’achat de véhicules électriques est subventionné par le Fonds vert.

Selon M. Mayrand, la structure de redevance-remise appuierait mieux les familles à faible revenu.

«Pour elles, ce serait un peu comme une baisse d’impôt qui leur permettrait de s’acheter plus facilement un véhicule électrique», fait-il valoir. Avec le temps et le changement des habitudes, ce système pourra être revu, dit le porte-parole. «La redevance des voitures polluantes pourra augmenter et la subvention à l’électrique pourra diminuer. On est capables de d’équilibrer», juge-t-il.

Un sondage Léger commandé au début 2020 par Équiterre, Vivre en Ville, la Fondation David Suzuki et l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ) révèle que 55% des 1000 Québécois sondés sont «favorables» à ce que le gouvernement «décourage les véhicules polluants et nuisibles en instaurant une nouvelle taxe». Près de 80% d’entre eux encouragent la CAQ à adopter plusieurs autres mesures fiscales stimulant l’usage de voitures moins polluantes.

«Il faut aller plus vite»

Pour le responsable de Vivre en Ville, Christian Savard, la révision des systèmes de financement est bel et bien pressante.

«La première solution demeure le transport collectif pour éviter les déplacements. Toutefois, pour le reste du parc automobile, il faut aller plus vite. Notre rythme de passage à l’électrique n’est pas assez fort pour l’urgence climatique.» -Christian Savard, DG de Vivre en Ville

Entre 2013 et 2018, les ventes d’essence ont bondi de 24%, une hausse «sans précédents» selon les écologistes. Ils déplorent que le parc automobile a également vu sa taille augmenter de 65% depuis 1990, pendant que la population n’a cru que de 19% environ. Les gros véhicules polluants – surtout des camions légers –  représenteraient plus de 40% des voitures au Québec actuellement. Leur nombre a grimpé de 282% en 30 ans.

«On sait que les concessionnaires vont toujours s’asseoir sur les gros profits qu’ils engendrent. Il faut réussir à jouer sur l’offre et la demande. Quand on a décidé que la cigarette était quelque chose de malsain, on a imposé des taxes. C’est un peu la même chose qu’il faut faire ici», illustre Christian Savard.

Une norme plus ambitieuse?

Le quatuor d’organismes demande aussi à Québec de revoir à la hausse les cibles de sa Norme sur les véhicules zéro-émission. Adoptée en 2018, celle-ci oblige l’industrie à garantir une plus grande flotte de voitures non-polluantes aux consommateurs. Québec vise à offrir 300 000 véhicules électriques d’ici 2026.

 «On sait que les constructeurs envoient leurs voitures électriques dans les endroits où la loi est la plus contraignante. À moins d’être plus agressifs, on n’aura pas les véhicules qu’on demande.» -Le fondateur de l’AVEQ, Simon-Pierre Rioux.

L’offre peu reluisante de VZE créé selon M. Rioux beaucoup de frustration chez les citoyens. Ceux-ci se retrouvent «forcés» de se tourner vers l’essence pendant plusieurs années encore. «Il faut que ça change cette année», soutient-il.

Chez Équiterre, l’analyste des politiques publiques en transport, Jessie Pelchat, abonde dans le même sens.

«L’industrie a migré vers des véhicules plus polluants à cause des normes énergétiques qui sont moins contraignantes pour les gros véhicules. C’est une distorsion malheureuse», note-t-elle.

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