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Coronavirus: une communauté des Premières nations ferme ses frontières

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Jean-Claude Méquish (au centre) est le chef du conseil des Atikamekw d’Opitciwan. Photo: Gracieuseté Le Nouvelliste

La crainte de contagion au coronavirus pousse une communauté des Premières nations du Québec à fermer ses frontières.

Le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan, une communauté établie à 300 kilomètres à l’ouest de Roberval, a déclaré lundi des mesures d’urgence locale jusqu’au 13 avril 2020.

Durant cette période, il sera interdit d’entrer ou de sortir de la communauté, sauf exception, indique Jean-Claude Méquish, chef du conseil.

«On avait installé une guérite à l’entrée de la communauté, mais il y a des gens qui ne respectaient pas sa fermeture. C’est pour cela qu’on a instauré ces mesures», explique-t-il.

Il s’agit d’une situation de plus en plus répandue au Québec selon Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL).

«Il y a des chefs de conseils de bande un peu partout qui se posent des questions à savoir comment assurer la santé et sécurité de leurs membres. Ça se fait à des degrés variables: certains ont instauré un couvre-feu le soir, tandis que d’autres ont réduit l’accès ou augmenté le contrôle à leurs frontières», souligne M. Picard.

Ce dernier croit toutefois que les conseils n’auront pas la capacité de maintenir ces mesures extraordinaires indéfiniment.

Une réalité à part

Le chef d’Opitciwan soulève la question de la «réalité vécue par certaines communautés autochtones» dans le cadre de la gestion de cette crise. La surpopulation dans les logements, où «on a parfois trois générations sous un même toit», le manque d’accès aux services de santé et la présence de nombreux cas de maladies chroniques rendent la communauté très vulnérable.

«Il y a 3100 personnes inscrites au registre de population ici, dont 500 qui vivent en dehors de la réserve. On a beaucoup de gens qui ont des problèmes de santé, beaucoup de maladies pulmonaires chroniques, d’enfants avec systèmes des immunitaires affaiblis. C’est près de 410 personnes qui sont à risque chez nous», insiste M. Méquish.

Le Centre intégré universitaire de santé et services sociaux le plus proche, celui du Saguenay—Lac-Saint-Jean se trouve à près de six heures de route en automobile. Les Atikamekw n’ont accès qu’à un poste infirmier de proximité.

«C’est difficile d’imposer des mesures de distanciation quand on est 10 à 12 dans une maison. Le taux d’occupation chez les communautés autochtones est parfois le double de ce qu’on retrouve ailleurs au Québec» – Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.

Pour sa part, M. Picard souhaite que des solutions soient trouvées afin de permettre le dépistage du coronavirus sur place, afin d’éviter les déplacements inutiles vers les centres de santé.

Par ailleurs, celui-ci compte encore sur la communication effectuée par l’APNQL pour assurer la sécurité de tous.

«Notre travail est de relayer le plus d’information possible, afin que les gens puissent prendre les bonnes décisions pour leurs membres. Il y a eu des discussions pour inclure les Premières nations à la table de discussion dans le cas d’adoption de mesures plus coercitives, comme la Loi sur les mesures d’urgence. On croit que ça démontre une volonté d’entendre les points de vue de tous», affirme M. Picard.

Il s’agit par ailleurs d’une des demandes du chapitre canadien d’Amnistie internationale, qui souhaite la création de mesures spécifiques pour ces communautés.

«Les gouvernements devraient aussi reconnaître que le virus lui-même, ainsi que les restrictions adoptées pour en contenir la transmission, peuvent causer des torts particuliers aux communautés qui subissent déjà, et de manière disproportionnée, des violations des droits de la personne», indique l’organisme.


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