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Relance économique: des travailleurs migrants veulent une régularisation de leur statut

Des manifestations pour demander la réunification familiale dans tout le Canada
Photo: Archives Métro

Alors que le Québec s’apprête à relancer l’économie dans quelques jours, des travailleurs migrants et précaires pressent les autorités politiques de régulariser leur statut et d’obtenir des permis de travail ouvert pour pouvoir quitter leur emploi si celui-ci est dangereux. Ils dénoncent que les pouvoirs publics négligent leur protection depuis le début de la pandémie.

«On traite ces travailleurs comme des héros. Mais on doit s’interroger sur la façon dont ils sont traités pendant la pandémie. Leur santé, leur sécurité et leur accès à des avantages sociaux sont compromis», a dénoncé le porte-parole du Centre des travailleurs immigrants (CTI) de Montréal, Jorge Frozzini, en marge d’une conférence de presse tenue à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs.

En plus de la régularisation du statut migratoire des travailleurs étrangers, il demande que des enquêtes soient ouvertes dans plusieurs milieux de travail, dans les usines et les milieux agricoles notamment, afin de «faire appliquer les normes de santé publique».

«D’ici là, on doit donner des primes à tous les travailleurs essentiels, incluant les travailleurs étrangers en agriculture», dit M. Frozzini. À l’instar de plusieurs syndicats et organismes, le CTI affirme que le salaire de base devrait être augmenté à 15$ par heure au Québec.

Vibrants témoignages

Andrew Dias s’inquiète depuis plusieurs semaines déjà pour sa mère, qui travaille dans une usine de transformation de viande à Montréal. Selon lui, aucune mesure sanitaire n’est en place pour protéger les ouvriers, alors que des cas de COVID-19 y ont pourtant été déclarés.

«Ils n’ont même pas fourni de gel désinfectant, et les travailleurs avaient un seul masque pour un quart de travail de huit heures. Ma mère a dû embarquer dans un bus plein à craquer pour se déplacer. Ils peuvent tous être infectés», dénonce le jeune homme, qui refuse toutefois de dévoiler le lieu en question.

«L’employeur ne paie même pas le salaire minimum à ses employés, surtout les immigrants. Comme certains sont les seuls à gagner de l’argent dans leur foyer, ils ont peur de quitter, ils ont peur de ne rien trouver ailleurs.» -Andrew Dias

Celina San Juan, une travailleuse qui se bat pour la régularisation de son statut et l’accès à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), abonde dans le même sens. «Les gouvernements et nos employeurs n’ont rien prévu pour nous. Nous n’avons pas accès à un revenu, en ayant perdu notre travail. Je risque de perdre mon autonomie financière, ma santé et ma dignité», dénonce-t-elle. «Notre lutte est pour un travail juste et digne. Notre combat, lui, il est pour la vie», ajoute-t-elle.

«Plusieurs d’entre nous font de longues heures sans être payés pour les heures supplémentaires. C’est maintenant, mais c’était aussi comme ça avant la pandémie. On trouve où l’argent pour payer nos loyers, nourrir nos enfants, vivre?», martèle quant à elle Jennifer, une aide-soignante, non sans émotions.

QS en appui aux travailleurs migrants

Chez Québec solidaire le porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, appuie le CTI dans sa lutte. Son parti somme le gouvernement de garantir un «droit de retrait sanitaire» aux employés à risque qui devront en principe retourner au travail dans les prochaines semaines.

«Personne ne devrait être tenu en otage par un emploi. Notre société fonctionne grâce à l’apport de ces travailleurs migrants. C’est la moindre des choses que de leur accorder la protection dont tous les autres travailleurs bénéficient.» -Gabriel Nadeau-Dubois, de QS

Il ajoute que la CAQ «doit exiger des entreprises qu’elles acceptent que les employés se retirent du travail temporairement». La mesure s’appliquerait surtout aux personnes âgées de plus de 60 ans, et aux salariés «ayant une vulnérabilité immunitaire» ou encore les personnes qui ont reçu un diagnostic les rendant vulnérables à la contraction du virus.

Sur les réseaux sociaux, le ministre du Travail, Jean Boulet, a reconnu que les structures de travail seront à repenser après la pandémie. «On a un Québec à reconstruire. Faisons-le à notre image. C’est grâce à votre engagement et votre contribution qu’on va réussir à bâtir des nouvelles organisations de travail, un nouveau monde du travail qui nous ressemble», a-t-il dit.

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