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De nombreux navires refusent toujours de ralentir pour protéger les baleines noires

baleines noires
La queue d'une baleine Photo: 123RF

Près des trois quarts des navires refusent de ralentir lorsqu’ils traversent un détroit menant au golfe du Saint-Laurent, représentant ainsi une menace pour les baleines noires, déplore un organisme.

L’organisation caritative Oceana Canada a analysé la vitesse de passage des navires entre le 19 et le 25 mai dans le détroit de Cabot. Ce passage, situé entre l’île de Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, sert de couloir principal pour les baleines noires qui viennent s’alimenter en petits crustacés dans les eaux du golfe du Sainte-Laurent pendant la belle saison.

En février dernier, afin de protéger cette espèce en voie d’extinction, le gouvernement Trudeau a créé dans ce secteur une zone de ralentissement volontaire à 10 noeuds pour les bateaux de plus de 13 mètres. Celle-ci est en vigueur du 28 avril au 15 juin et du premier octobre au 15 novembre.

Dans une analyse publiée jeudi, Oceana Canada constate toutefois que 72% des navires qui on transigé par ce détroit entre le 19 et le 25 mai n’ont pas respecté cette limite de vitesse. Le record reviendrait d’ailleurs à un cargo canadien ayant circulé dans ce secteur à plus de 21 noeuds.

Collisions mortelles

Or, les collisions avec des navires représentent une des principales causes de mortalité des baleines. Il s’agit d’ailleurs de la cause de mortalité la plus probable de la baleine à bosse qui a émerveillé de nombreux Montréalais dans le Vieux-Port avant d’être retrouvée morte à proximité de Varennes, mardi.

«C’est tragique cette mort et vraiment, ça met en évidence les dangers que vivent les baleines chaque jour en raison des navires», souligne à Métro la porte-parole d’Oceana Canada, Sayara Thurston. 

Selon l’organisme, le fait de réduire la vitesse des navires à un maximum de 10 noeuds dans les zones sensibles permet de réduire le taux de létalité des collisions avec des baleines noires de 86%. Plusieurs secteurs dans l’ouest du golfe du Saint-Laurent comprennent d’ailleurs des zones de ralentissement obligatoires. Les navires qui n’y respectent pas la limite de vitesse s’exposent alors à des amendes.

«C’est quelque chose qui marche. On voit que dans les endroits où le ralentissement est obligatoire, le taux de conformité est de presque 100% . C’est très efficace», indique Mme Thurston. Cette dernière presse donc le gouvernement Trudeau de rendre obligatoire le respect de la limite de vitesse dans le détroit de Cabot à temps pour le premier octobre, période à laquelle les baleines noires commencent généralement à y circuler de nouveau pour retourner plus au sud. 

L’organisme publiera d’ailleurs en juillet un rapport détaillé portant sur la vitesse de circulation des navires dans le détroit de Cabot pendant toute la première période de ralentissement volontaire.

«On n’a pas le temps d’attendre de voir si les navires respectent des demandes volontaires. On demande au gouvernement de rendre cette limite de vitesse dans le détroit de Cabot obligatoire.» –Sayara Thurston, porte-parole d’Oceana Canada

Changements climatiques

Entre 2017 et 2019, 22 baleines noires d’Atlantique Nord auraient perdu la vie dans les eaux canadiennes. On ne compte plus aujourd’hui qu’environ 400 de ces mammifères dans le monde. Les baleines noires, qui peuvent mesurer jusqu’à 18 mètres, se déplacent d’ailleurs de plus en plus dans le golfe du Saint-Laurent en été, un secteur où ils n’avaient pas l’habitude de se rendre auparavant.

«En raison des changements climatiques, elles doivent aller dans différentes régions pour chercher de la nourriture», explique Mme Thurston. Elle estime donc qu’«on doit apprendre à s’adapter pour mieux cohabiter avec les baleines». 

Cette année, des baleines noires ont été aperçues dès le début du mois de mai dans les eaux canadiennes.

Au moment de mettre en ligne, Transports Canada n’avait pas répondu aux questions de Métro.

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