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Transport aérien régional: Québec veut des garanties d’Air Canada et d’Ottawa

Air Canada
Le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors qu’Air Canada a suspendu la semaine dernière près d’une dizaine de liaisons et d’escales dans la province, Québec veut à tout prix éviter que l’entreprise «revienne écrémer le marché» une fois la crise sanitaire terminée. Le développement d’une offre régionale adéquate passera d’abord par le renforcement d’options locales, plaident les autorités.

«C’est bien beau d’avoir des pistes de solution à moyen et long terme, mais si Air Canada décide de revenir sur le marché dans deux ou trois ans parce que la pandémie s’est résorbée, je ne veux pas les voir écrémer le marché et anéantir le travail que nous aurions préparé avec les différents joueurs», a martelé jeudi le ministre des Transports, François Bonnardel, lors d’une mêlée de presse.

Il affirme que le géant de l’aviation doit lui fournir certaines garanties, dont celle de «nous donner le champ libre pour toutes les autres destinations» régionales. «On devra s’asseoir avec eux. Là-dessus, il y a une ouverture», a indiqué le ministre.

«On ne veut pas de diachylon sur une blessure. On veut une solution pérenne.» -François Bonnardel, ministre des Transports du Québec

Pour le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, cette déclaration du ministre est pour le moins «surprenante». «Air Canada n’a jamais voulu rendre de comptes au gouvernement du Québec. Elle veut la libre-concurrence, le libre choix de desservir ses destinations. Je ne pense pas que cette demande se matérialise», illustre-t-il. «On souhaiterait tous qu’Air Canada donne son plan de match, mais ce n’est pas dans son habitude. Surtout qu’en ce moment avec l’imprévisibilité, c’est d’autant plus difficile», lâche-t-il.

Un nouveau comité, Ottawa appelé à agir

Québec mettra sur pied un nouveau «groupe d’intervention», qui aura pour mandat d’identifier des pistes de solution concrète pour la pérennité des lignes aériennes régionales d’ici la fin 2020.

Plusieurs organismes, dont l’Union des municipalités du Québec (UMQ), la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Aéroports de Montréal (ADM), l’Alliance de l’industrie touristique (AITQ), Hydro-Québec et le Conseil du patronat (CPQ), siégeront sur ce nouveau comité. Au moins un élu de chaque parti politique y sera aussi représenté. Une première rencontre aura lieu le 16 juillet.

«Il est devenu clair que cette industrie a besoin d’une attention particulière non seulement pour améliorer l’offre de service en place, mais pour offrir de nouvelles solutions durables.» -Karl Blackburn, président du CPQ

M. Bonnardel implore par ailleurs son homologue fédéral, Marc Garneau, de prendre ses responsabilités. «Je ne pourrai faire ça tout seul. J’ai besoin que le fédéral  nous supporte financièrement. J’aurai aussi besoin qu’il soit facilitant pour les liaisons qu’on pourrait ajouter. Des longs délais administratifs pourraient anéantir les projets qu’on souhaite mettre en place», observe-t-il.

La CAQ prolonge aussi le programme de soutien financier aux opérateurs aériens régionaux de quatre mois, jusqu’à la fin octobre. Quelque 20 M$ ont déjà été dépensés sur une enveloppe budgétaire «maximale» de 40 M$. «Je suis partiellement satisfait. Prolonger le programme, c’est bien, mais il faudrait aussi réinjecter des fonds et l’élargir à certaines destinations jugées essentielles comme Gaspé, Baie-Comeau ou Val-d’Or. Ces villes ne peuvent pas attendre au 31 octobre», martèle pour sa part Joël Arseneau à ce sujet.

Une solution «100%» québécoise?

Faut-il créer une nouvelle entreprise d’aviation québécoise pour desservir les régions? Le ministre des Transports, François Bonnardel, ne l’exclut pas. Mais il affirme que des opérateurs déjà en place, comme Pascan Aviation, Air Liaison, Air Creebec et Air Inuit, peuvent contribuer à «mieux servir» les «destinations orphelines».

À Mont-Joli, en Gaspésie, la direction de l’aéroport régional entend aussi créer son propre opérateur aérien dès le mois de septembre. Régionair pourrait notamment offrir des liaisons dans l’Est-du-Québec, mais aussi dans l’ensemble du Québec. Fin juin, en raison de la «faiblesse constante de la demande» et des restrictions de voyages dues à la COVID-19, Air Canada a indéfiniment suspendu plusieurs liaisons régionales au Québec, entre autres vers les Îles-de-la-Madeleine, mais aussi Val-d’Or, Gaspé et Baie-Comeau.

Plusieurs élus se sont inquiétés, au lendemain de cette annonce, de l’isolement que créera le départ d’Air Canada. «C’est inacceptable! Pour les régions, cette décision vient nous enclaver encore plus», avait notamment déploré la députée du Bloc québécois de Manicouagan, Marilène Gill.

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