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Coronavirus: la santé et la situation financière des personnes racisées plus affectées

personnes racisées
Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues du centre-ville de Montréal le 7 juin pour dénoncer le racisme et la brutalité policière. Photo: Pablo Ortiz/Archives Métro

Les personnes racisées écopent davantage que le reste de la population québécoise des répercussions de la crise sanitaire sur leur situation financière et leur santé, selon un regroupement d’experts.

L’Observatoire québécois des inégalités, basé à l’Université de Montréal, a publié jeudi son édition de juillet du Baromètre des inégalités. Depuis le début de la pandémie, l’organisme dresse un bilan mensuel de l’évolution des inégalités dans la province dans ce contexte particulier.

Les experts constatent notamment une augmentation de l’écart en juin entre le taux de chômage des immigrants récents (24,3%) et celui de la population active en général (13,8%). Cet écart de 1,8 est plus important que celui des mois d’avril et de mai, qui était de 1,6. Une situation qui semble indiquer que les personnes racisées peinent davantage à bénéficier de la relance économique au Québec.

«Le fait que les personnes nées au Canada ont un réseau bien établi, ça va les aider à retrouver un emploi plus rapidement», souligne à Métro le directeur général de l’Observatoire québécois des inégalités, Nicolas Zorn.

Le mois dernier, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse constatait d’ailleurs dans un rapport une sous-représentation des membres des minorités visibles au Québec au sein des organismes publics de la province.

Impacts sur la santé

Les obstacles supplémentaires auxquels font face les personnes racisées dans la recherche d’un emploi bien rémunéré affectent non seulement leurs finances, mais aussi leur santé, souligne le rapport d’une quarantaine de pages.

«Le faible revenu a souvent été lié à plusieurs effets néfastes, tels qu’une moins bonne santé et des emplois précaires. Ainsi, il semble possible que les personnes à faible revenu soient plus susceptibles de contracter des maladies, incluant la COVID-19», peut-on lire. À l’inverse, les endroits où une forte proportion résidents gagne plus de 100 000$ par année «sont également les endroits les moins touchés par la COVID-19».

«Plus il y a des gens riches dans un endroit, moins il y a de cas de COVID.» -Nicolas Zorn, directeur général de l’Observatoire québécois des inégalités

«Plus susceptibles» de contracter le virus

En analysant les données sur la hausse des cas de coronavirus dans les derniers mois dans les différentes régions du Québec ainsi que dans les arrondissements de Montréal, les experts constatent d’ailleurs que les personnes racisées sont «plus susceptibles» de contracter le coronavirus.

«Clairement, la relation concernant les personnes racisées [et les cas de coronavirus], elle est forte et elle persiste», souligne M. Zorn. Ce dernier associe cette situation tant au «niveau de faible revenu» parmi ces personnes, mais aussi au fait que de nombreux immigrants ont répondu à l’appel de Québec pour aller travailler dans le réseau de la santé au cours des derniers mois.

«On constate aussi que les personnes racisées sont surreprésentées à Montréal, où il y a plus de cas», constate également l’expert.

Discrimination

La crise du coronavirus aurait aussi exacerbé la discrimination que subissent plusieurs membres des minorités visibles. «Plusieurs données nous permettent de croire que les craintes et la désinformation concernant la COVID-19 pourraient avoir entraîné une augmentation des comportements à caractère discriminatoire, en particulier envers la population asiatique», indique le rapport.

Une enquête de Statistique Canada publiée le 8 juillet, que cite l’Observatoire, souligne d’ailleurs qu’un répondant sur cinq (21%) faisant partie d’une minorité visible «avait l’impression que des incidents de harcèlement ou des attaques fondées sur la race, l’origine ethnique ou la couleur de la peau s’étaient produits parfois ou souvent dans leur voisinage». Ce qui représente une proportion deux fois plus élevée qu’auprès du reste de la population (10%).

L’enquête fait aussi état d’une augmentation des cas de harcèlement fondé sur la race depuis le début de la pandémie, particulièrement auprès des Chinois, des Coréens et des Asiatiques du Sud-Est. En juin, le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, avait d’ailleurs présenté une motion en séance du conseil municipal afin de condamner les actes racistes que subissent des personnes asiatiques à Montréal depuis le début de la pandémie.

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