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Drame à Beyrouth: «J’ai très mal dormi cette nuit», raconte Ruba Ghazal

Ruba Ghazal au domicile de sa grand-mère à Beyrouth avant les conflits de 2006
Ruba Ghazal au domicile de sa grand-mère avant les conflits de 2006 Photo: Gracieuseté/Ruba Ghazal

Née à Beyrouth et toujours attachée à son lieu de naissance, la députée montréalaise Ruba Ghazal a vécu avec horreur les développements du drame dans la capitale du pays du cèdre, mardi. Une autre tuile qui s’abat sur «un peuple qui n’en peut plus», laisse-t-elle tomber.

À mesure que les premières informations filtraient, quelques minutes après de violentes explosions qui ont rasé une partie du centre-ville beyrouthin, c’est avec «douleur» que l’élue de Mercier a encaissé le choc.

«Disons que j’ai très mal dormi hier», laisse tomber Mme Ghazal, en entrevue avec Métro.

«Humainement, c’est terrible. J’ai l’impression de l’avoir vécu. C’est un choc», ajoute-t-elle au bout du fil.

Comment repartir?

La députée de Québec solidaire est née à Beyrouth avant de passer une partie de son enfance aux Émirats arabes unis. Une bonne partie de sa famille est toutefois restée au Liban, un fil d’Ariane entre elle et ses origines.

Mme Ghazal se rassure de n’a pas avoir vu de proche affecté directement par les explosions. Mais c’est pour tout le peuple libanais qu’elle s’attriste au lendemain de ce jour noir.

«C’est une autre calamité. Il faut encore reconstruire», se désole la députée. Elle croit toutefois à la capacité des citoyens à se relever.

«Le peuple libanais est l’un des plus résilients au monde. Il aime son pays. Malgré la guerre, malgré les conflits, il y a cette joie de vivre.» – Ruba Ghazal, députée de Mercier

«Une autre calamité»

Il y a 14 ans, le Liban et Israël se livraient une guerre sans merci, ponctuée de bombardements qui ont fait des milliers de morts partout au Liban. Beyrouth avait été la cible de nombreux raids israéliens.

«Ma grand-mère vivait dans un secteur contrôlé par le Hezbollah. Heureusement, elle avait été avertie avant les frappes d’Israël. Elle a fui», relate Mme Ghazal, qui avait visité sa famille quelques mois plus tôt.

Selon la députée de Mercier, les résidants du Liban font état depuis plusieurs années de leur «ras-le-bol». D’où les manifestations de l’hiver dernier, qui ont ébranlé le petit pays du Proche-Orient avant la vague pandémique.

On sait aujourd’hui que les explosions à Beyrouth ont été déclenchées dans un hangar contenant d’importantes quantités de nitrate d’ammonium, un réactif très instable. Selon le réseau Al Jazeera, ces réserves étaient connues d’officiels libanais.

«Le peuple n’en peut plus. C’est une affaire de plus dans la mauvaise gestion de l’État », s’insurge Ruba Ghazal, condamnant «de la négligence criminelle» des autorités.

Appel à l’aide

Devant ce nouveau désastre, la politicienne s’inquiète d’un manque d’action de la communauté internationale. «Je trouve ça dommage que ça prenne des scènes apocalyptiques pour que les yeux se tournent vers ce peuple-là», convient-elle.

La politicienne a interpellé mercredi la ministre québécoise des Relations internationales, Nadine Girault, afin de savoir «de quelle façon le Québec peut aider». Dans une lettre adressée à la députée caquiste, elle a demandé de «débloquer des fonds d’urgence pour venir en aide à la population libanaise».

Le cabinet de la ministre Girault a refusé de répondre directement à nos questions sur l’aide financière apportée au pays du cèdre, mercredi. «Aujourd’hui, la ministre a parlé avec le consul du Liban et a pu lui exprimer la solidarité du Québec, a-t-on répondu à Métro. Aussi, du soutien psychologique est disponible pour la communauté libanaise du Québec qui en sentirait le besoin.»

En parallèle, le drapeau du Québec a été mis en berne mercredi sur la tour centrale de l’Assemblée nationale.


Montréal réagit

Les élus du comité exécutif de la Ville de Montréal, qui se sont réunis de nouveau mercredi après une brève pause estivale, ont d’ailleurs tenu à rendre hommage aux victimes de cette tragédie.

«Sachez que nous sommes avec vous et que toutes nos pensées sont avec vous. Nous vous souhaitons bon courage», a déclaré peu après l’ouverture de la séance en matinée la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, à l’intention des proches des victimes de ces explosions.

– Avec la collaboration de Zacharie Goudreault

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