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Quand pandémie rime avec opportunisme politique

Le ministre fédéral de l'Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne, le premier ministre François Legault et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, tiennent un point de presse concernant la venue de la multinationale japonaise Denso à Montréal pour établir son centre de recherche en intelligence artificielle. Photo: Josie Desmarais

Pendant que les projecteurs étaient braqués sur les mesures mises en place pour contrer la propagation de la pandémie de COVID-19, des politiciens ont fait preuve d’opportunisme pour mettre de l’avant certains éléments de leur plateforme, constatent des experts.

La mairesse Valérie Plante «s’est donné l’image d’une alliée à la Santé publique», indique d’emblée Danielle Pilette, professeure spécialisée en gestion municipale et métropolitaine à l’UQAM.

À Montréal, épicentre national de la crise, nombreuses ont été les mesures pour permettre la distanciation physique entre les citoyens dans les rues. Plusieurs kilomètres de corridors sanitaires ont notamment été aménagés.

En élargissant les trottoirs, «c’était une pratique pour enlever du stationnement, en quelque sorte», dit Mme Pilette.

Si les transports collectifs étaient peu populaires durant la première vague, les transports actifs ont été mis de l’avant par Projet Montréal. Des voies actives et sécuritaires (VAS), favorisant les déplacements à vélo, ont été implantées un peu partout sur l’île.

«Ça lui a permis d’avancer un autre élément de sa plateforme», soutient la professeure.

Valérie Plante a aussi pu profiter du fait que le gouvernement fédéral, qui est minoritaire, soit forcé de dépenser en raison du contexte actuel. Ottawa et Québec ont récemment conclu une entente de principe pour investir dans les logements sociaux. Autre partie intégrante de la plateforme de la mairesse, des annonces se faisaient attendre depuis son élection, rappelle Danielle Pilette.

Provincial

Bien que la partisanerie ait été mise de côté aux balbutiements de la pandémie, la formation de François Legault a aussi fait preuve d’opportunisme pendant la pandémie, remarque le politologue André Lamoureux.

Le confinement a forcé la fermeture temporaire d’une bonne part des entreprises, plongeant la province dans un bouleversement économique. Le gouvernement, ouvertement nationaliste, a lancé «Le Panier bleu» pour encourager la population à consommer localement.

«Il veut l’achat et la production au Québec, dit M. Lamoureux. La CAQ, on le sent, son programme politique c’est d’assurer la relance économique.»

Les détails entourant la fermeté des mesures prises pour contrer la COVID-19 ont aussi une valeur auprès de ses partisans, ajoute le chargé de cours à l’UQAM.

«Le gouvernement évalue toujours la portée politique et les conséquences que pourraient avoir ses gestes sur la réaction de la population. Ça c’est certain», dit M. Lamoureux.

Médias

Tous les regards convergeaient vers les points de presse télévisés, rapidement devenus un rendez-vous quotidien pour plusieurs élus qui devaient annoncer les derniers développements de la pandémie.

Bien qu’ils puissent bénéficier d’une attention aussi importante du public, il s’agit d’un couteau à double tranchant, conçoit Jean-Alexandre D’Etcheverry, directeur des stratégies médias au cabinet de relations publiques National.

«Quand on regarde un bilan politique vers la fin d’un mandat, on regarde tout ce qui a été fait comme électeur. Si on ne connaît qu’une parcelle [du mandat] et qu’on n’a pas apprécié le type de gouvernance, cette surexposition peut nuire», indique l’expert.

Dans le but d’avoir un contact efficace avec le public durant une crise, le message se doit d’être clair. «Faut garder ça simple, dit M. D’Etcheverry. Il faut avoir une excellente communication au préalable et déterminer des messages et des pistes pour chacun des points de presse.»

La pandémie s’estompant, le gouvernement de François Legault avait récemment mis un terme aux bilans quotidiens télévisés.

Récents sondages

  • Valérie Plante: 23% des intentions de vote, derrière Denis Coderre (28%) (CROP – La Presse)
  • François Legault: 48% des intentions de vote (Léger)

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