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Joyce Echaquan: Geneviève Guilbault évite les mots «racisme systémique» à TLMEP

La ministre Geneviève Guilbeault sur le plateau de TLMEP
Geneviève Guilbeault Photo: Capture d'écran - Radio-Canada
Mélodie Descoubes - Collaboration spéciale

Le gouvernement Legault a une fois de plus évité les mots «racisme systémique» lors du passage de la ministre Geneviève Guilbeault à TLMEP dimanche, malgré l’instance des animateurs et invités. Invitée pour discuter de l’évolution de la COVID-19 dans les différentes régions du Québec, la ministre a d’abord été pressée de questions concernant la mort de Joyce Echaquan.

Le décès de Joyce Echaquan a d’ailleurs occupé la majeure partie de l’émission. Cette femme atikamekw âgée de 37 ans est décédée à l’hôpital de Joliette sous une averse de propos racistes et humiliants.

Constant Awashish, grand chef du conseil de la nation Atikamekw, Michelle Audette, femme politique et militante autochtone, et l’ethnologue Isabelle Picard étaient eux aussi invités dans l’émission pour discuter de cet événement tragique, tout en abordant de manière plus générale la situation plus que préoccupante des autochtones au Québec.

Le chef de la nation Atikamekw, qui a demandé une enquête criminelle sur ce qui s’est passé à l’hôpital de Joliette, doit rencontrer ce lundi le premier ministre québécois François Legault pour clarifier certains points. Il souhaite que «le gouvernement s’engage fermement à résoudre ce problème».

Constant Awashish a affirmé durant l’émission avoir reçu beaucoup de messages des membres de sa communauté ayant vécu des situations de racismes assez similaires. Il a par ailleurs rencontré Carol Dubé, le veuf de Joyce Echaquan, qui souhaite lui aussi voir des changements .

Un dossier délicat pour le gouvernement Legault

Pour l’ethnologue Isabelle Picard, il est important de rebâtir le lien entre les peuples autochtones et les services publics québécois. Cela passe notamment pour elle par de la traduction dans les hôpitaux afin d’avoir accès à de meilleurs soins. L’ethnologue a abordé par ailleurs le sujet du racisme systémique. Un sujet que l’on sait polémique pour François Legault, qui a nié son existence au Québec.

Le racisme systémique est revenu plusieurs fois au coeur des conversations ce dimanche dans l’émission, notamment en présence de Geneviève Guilbault. Lors de sa prise de parole, la ministre a complètement évité le terme «racisme systémique», tout en reconnaissant que le racisme reste présent.

Relancée à plusieurs reprises par les invités sur ces termes, elle répond «on reconnaît qu’il y a du racisme». Des propos qui ont fini par agacer certains invités, notamment Michelle Audette, qui s’est permis de lui répliquer «soyez audacieux». La ministre s’est défendue en précisant que certaines mesures du rapport Viens, remis il y a un an, sont en marche, ce à quoi elle ajoute que «c’est difficile de rattraper autant d’années» mais que cela reste «une priorité pour nous».

La ministre a notamment conclu cette conversation en précisant qu’une rencontre importante est prévue en octobre et en janvier.

L’heure au changement?

Lors de son entrevue, Constant Awashish se rassure tout de même sur le fait que les Québécois veulent du changement et ont été sous le choc suite aux images diffusées par Joyce Echaquan avant son décès. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans la province notamment à Montréal, Québec et Rimouski pour dénoncer le racisme subi par la jeune femme. «On voit que les Québécois sont avec nous et pas derrière nous», a confié Isabelle Picard à ce sujet.

Un changement reste envisageable pour Constant Awashish mais «il faut créer des ponts et les construire». S’il persiste beaucoup de méfiance aujourd’hui, les communautés autochtones ont besoin des Québécois. Pour permettre cette réconciliation, il faut refaire l’histoire et la faire ensemble, d’après Michelle Audette.

La 400ème émission de Tout le monde en parle s’est terminée symboliquement avec la musicienne Inuk, Elisapie. Cette dernière s’est exprimée sur les réseaux sociaux mercredi pour demander à François Legault de reconnaître le racisme systémique. Avant de commencer sa chanson sur le plateau, elle a reproché au gouvernement de ne pas être à l’écoute et demande que les autochtones soient vus comme des êtres humains.

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