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L’Atikamekw Joyce Echaquan sera-t-elle la George Floyd du Québec?

L’Atikamekw Joyce Echaquan sera-t-elle la George Floyd du Québec?
Une veillée a été organisée à l’hôpital Joliette en réaction au décès de Joyce Echaquan. Photo: Capture d’écran / Métro

Après Black Lives Matter, les mouvements antiracistes reviennent à la charge cet automne. Pour plusieurs militants, atterrés par la mort de l’Atikamekw Joyce Echaquan, cet épisode est celui de trop.

Mère de sept enfants, Joyce Echaquan, s’est éteinte lundi dernier à l’hôpital de Joliette.

Son dernier cri du cœur, enregistré et diffusé en direct sur les réseaux sociaux, a eu l’effet d’un tremblement de terre à cause des commentaires racistes, violents et dégradants tenus à son égard par certains membres du personnel soignant.

Cet automne, les rues continueront de trembler au rythme des pas des protestataires, lancent des militants interrogés par Métro. Des marches distinctes ont d’ailleurs eu lieu en soutien à Joyce Echaquan cette fin de semaine.

George Floyd et Joyce Echaquan, même combat?

Selon Jessica Quijano, organisatrice d’un rassemblement à Montréal, la situation n’est pas sans rappeler la mobilisation antiraciste du mois de juin. La mort de l’homme afro-américain George Floyd avait alors généré au Québec plusieurs mouvements de protestation.

Et cette fois, la mort touche d’encore plus près, souligne-t-elle. Ce n’est pas que les États-Unis qui vivent avec des problématiques de racisme, le Canada aussi, pense Mme Quijano, coordonnatrice du projet Iskweu, qui vise à «accompagner les familles lorsqu’il y a disparition d’une femme ou d’une fille autochtone».

«Ici, au Canada, il y a les mêmes problèmes avec les communautés autochtones [qu’aux États-Unis avec les populations noires].» – Jessica Quijano, militante

Organisatrice d’une marche tenue à Québec samedi, Alexane Picard est membre de la Première Nation huronne-wendat. Si elle marche dans les rues pour Joyce Echaquan, elle le fait aussi pour combattre la plus large question du racisme.

«C’est la même lutte pour les droits fondamentaux», constate-t-elle lorsqu’interrogée sur les similitudes entre les manifestations du printemps et de l’automne.

Militant de longue date, Will Prosper, a mené un combat sur tous les fronts pour dénoncer le «racisme systémique» envers les Noirs au Québec. Il joint maintenant sa voix à celles de ses collègues autochtones.

«Comme jamais maintenant, avec la mort de George Floyd, puis celle de Joyce Echaquan, il y a un mouvement de solidarité entre les peuples autochtones et les peuples noirs», dit-il.

Même son de cloche chez Anastasia Marcelin, organisatrice de plusieurs marches pour les droits des Noirs, ce printemps. «Pour combattre le racisme, il n’y a pas de couleur», lance-t-elle.

Reconnaître le racisme systémique

La semaine dernière, les secousses de la mort de Joyce Echaquan se sont rendues jusqu’à l’Assemblée nationale. Choqué par les propos racistes de deux employées de l’hôpital, le premier ministre François Legault n’a pas tardé à répondre. «Des propos inacceptables», a-t-il répété.

Il a rapidement annoncé que l’infirmière mise en cause avait été congédiée. Plus tard, l’hôpital a aussi confirmé le congédiement d’une préposée aux bénéficiaires.

Mais sous la pression de certains, l’élu caquiste a de nouveau refusé de prononcer deux mots qui avaient fait débat ce printemps dans la foulée des manifestations de Black Lives Matter : racisme systémique.

Pour Alexane Picard, la montée de la mobilisation aura un objectif prioritaire  : obtenir du premier ministre qu’il prononce enfin ces mots. «Ça serait un pas dans la bonne direction», constate-t-elle.

Jessica Quijono a longtemps travaillé dans le réseau de la santé. Selon elle, il n’y a pas de doute : le racisme existe dans le réseau de la santé, au-delà de ce qui est arrivée à Mme Echaquan.

«C’est rien de nouveau, mais cette fois, on l’a sur vidéo», indique la militante.

En regardant la flambée des mouvements de protestation, Will Prosper voit naître un tsunami. Il presse le gouvernement d’aller plus loin qu’il l’a fait au mois de juin, quand il a créé un groupe gouvernemental de lutte au racisme.

«On a trouvé que c’était juste un bonbon pour calmer le jeu, affirme-t-il. J’espère que, cette fois-ci, on ne va pas se faire berner.»

Enquête criminelle et poursuite civile

Vendredi, la famille de Mme Echaquan a précisé les recours qu’ils comptent entreprendre pour obtenir justice. La liste est longue.

En plus d’une poursuite civile contre l’hôpital de Joliette, les proches comptent déposer des plaintes devant la Commission des droits de la personne ainsi que l’Ordre des infirmières du Québec.

Ils réclament aussi la tenue d’une enquête criminelle et le lancement d’une enquête publique.

Déjà, le CISSS de Lanaudière a lancé une enquête interne. Le Bureau du coroner se penche également sur le dossier.

La famille de Joyce Echaquan a notamment interpellé François Legault, réclamant de connaître les mesures concrètes qu’il compte entreprendre.

Et elle souhaite aussi l’entendre prononcer ces deux mots : «racisme systémique».

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