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Il y a de plus en plus de routes au Québec, selon Statistique Canada

La rue Papineau, à Montréal, vue de haut
Il y a de plus en plus de routes au Québec, selon de nouvelles données de Statistique Canada. Photo: Josie Desmarais/Métro

En deux ans, on note une forte augmentation des routes au Québec. Des données qui pourraient refléter la dichotomie entre les centres urbains et le reste du Québec, malgré le fait qu’elles ne plairont pas à tout le monde.

Au Québec, de 2016 à 2018, le nombre de routes collectives, soit des routes à circulations faible et modérée souvent situées dans des municipalités, a augmenté de 2 844 kilomètres, à 19 458 km, selon des données diffusées lundi par Statistique Canada

En deux ans, le Québec dénombre également une augmentation de 13 345 km de routes locales, à 73 201, et une hausse des ruelles et des allées de 455 km, à 1 426. 

Cette augmentation des routes ne s’applique pas qu’au Québec. Le Canada a ajouté 300 000 km de routes supplémentaires en deux ans, passant à 1 066 180 km. 

Notons cependant que la population-cible du cycle de l’enquête de 2018 a été élargie pour inclure davantage de petites municipalités. 

Densifier les villes, plutôt que de les étaler

Pour Jérôme Laviolette, de la Fondation David Suzuki, on aurait tout à gagner à investir les espaces déjà existants à l’intérieur des villes, et de les reconvertir. Un peu comme l’a fait Montréal avec son projet pour l’ancien hippodrome

«Ce ne sont pas des nouvelles que l’on aime entendre, d’autant que cela favorise l’utilisation des véhicules automobiles. Je crois qu’il faudrait plutôt densifier les villes que de les étaler.» – Jérôme Laviolette, de la Fondation David Suzuki

Même son de cloche du côté de Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec

«Nous sommes plutôt d’avis que les investissements doivent être faits pour remettre en état les infrastructures déjà existantes», a-t-il indiqué à Métro

Selon les deux hommes, il faudrait toutefois observer de plus près l’emplacement de ces nouveaux tronçons. S’ils permettent, par exemple, de connecter des municipalités n’ayant pas ou peu de connexions terrestres, ils pourraient être plus pertinents. Statistique Canada ne détaille pas ces informations.

Ville par rapport à campagne

Selon George Iny, directeur, de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), ces données reflètent les visions différentes des Québécois urbains et de ceux qui sont plus éloignés des centres. 

«Là où la densité de la population n’est pas très forte, les gens voient la construction de routes comme un progrès. Ils dépendent d’un seul moyen de transport, et c’est l’automobile.»
-George Iny, de l’Association pour la protection des automobilistes

Selon M. Iny, tant que les modes de transports alternatifs ne recevront pas le même niveau d’investissements que les voitures, cette dichotomie continuera d’exister. 

Rappelons que Montréal est l’un des rares endroits où une autoroute (Bonaventure) a été retirée pour devenir un boulevard (Robert Bourassa), un projet de l’ex-maire Denis Coderre.

Des routes plus belles, mais moins de trottoirs

Finalement, l’étude indique que moins de routes locales sont en mauvais état. Notamment au Québec, où la plupart de celles-ci ont été construites en 2017 et 2018. 

«C’est certainement une bonne nouvelle, a réagi CAA-Québec par le biais de son porte-parole, Pierre-Olivier Fortin. 

Par contre, il ne faudrait pas perdre de vue, selon lui, que Québec traîne un déficit d’entretien de son réseau routier de 16,4 G$. Et ce, malgré des investissements substantiels. 

«Sur l’ensemble du réseau routier québécois, il reste pas mal de travail à faire. Un réseau routier efficace et sécuritaire n’est pas un luxe. Il s’agit là de la colonne vertébrale de notre économie.»
-Pierre-Olivier Fortin, porte-parole de CAA-Québec

«L’état de la chaussée est important, mais c’est parfois carrément le tracé de la route qui est problématique», ajoute M. Gariépy, de l’Ordre des urbanistes.

Finalement, selon l’étude, le Québec a vu le nombre de ses trottoirs diminuer. Soit 2 926 km de trottoirs en moins de 2016 à 2018, à 19 697. 

Plusieurs experts interrogés par Métro se sont dits très étonnés de cette diminution. Ces chiffres pourraient en fait indiquer que la construction de trottoirs n’est pas proportionnelle à la construction de routes. 

Rejoint par Métro, Statistique Canada indique pour sa part qu’une baisse dans les estimations sur le stock de trottoirs peut être causée par divers éléments. Comme des changements dans les unités sélectionnées dans l’échantillon ou par une baisse dans les valeurs déclarées ou imputées.  

Il est possible, par exemple, que certains trottoirs déclarés en 2016 aient été déclassés en 2018. 

Notons que les données par municipalités ne sont pas disponibles. L’administration de Valérie Plante a quant à elle multiplié l’élargissement des trottoirs. 

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