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Plan vert: Québec présente son «grand chantier» pour réduire les GES

Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a présenté lundi son «Plan vert» en compagnie du premier ministre François Legault
Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a présenté lundi son «Plan vert» en compagnie du premier ministre François Legault. Photo: Josie Desmarais/Métro

Québec avancera 6,7 G$ sur cinq ans pour mettre en oeuvre son nouveau «Plan vert». En ligne de mire de ce «grand chantier» axé sur l’électrification: la réduction des émissions de gaz à effets de serre jusqu’au «net zéro» en 2050.

Le gouvernement Legault présentait lundi son tant attendu Plan pour une économie verte, censé régir les objectifs de lutte aux changements climatiques de l’État québécois pour les dix prochaines années. Le plan d’une centaine de pages sera mis à jour annuellement, a précisé le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

«On le sait, la plante se réchauffe, donc on a un devoir envers les prochaines générations.» – François Legault, premier ministre du Québec

Comme prévu, Québec souhaite avoir écrémé en 2030 l’équivalent de 37,5% de sa production de gaz à effets de serre (GES) de 1990. Tel que rapporté plus tôt, le ministre de l’Environnement y a ajouté une cible supplémentaire: la carboneutralité nette en 2050. Le gouvernement fédéral s’est fixé le même but.

En direct de Montréal, François Legault a convenu que Québec avait manqué de temps pour répondre à ses cibles pour 2020. «On ne pourra pas atteindre l’objectif [de réduction des GES] que le Québec s’était donné en 2009», a-t-il indiqué.

Globalement, la province a diminué ses émissions d’environ 9% de 1990 à 2017, année de publication des plus récentes données sur les GES. Or, les émissions ont grimpé de 2014 à 2017 au Québec.

Un Québec électrique

M. Charette a placé la réduction du parc automobile à essence en ligne de mire de son document. Comme la Colombie-Britannique, la Belle province compte proscrire la vente de véhicules à essence neuf. Québec va toutefois cinq ans plus vite que sa province cousine, avec un objectif pour 2035 plutôt que pour 2040.

À terme, le gouvernement provincial souhaite voir 1,5 millions de voitures électriques sur ses routes, une cible qu’il compte atteindre en injectant 1,3 G$ dans son programme «Roulez vert» et dans le déploiement de 2500 bornes de chargement électrique sur son réseau routier.

Sur le plan du transport en commun, Québec a encerclé les quelques projets majeurs qu’il souhaite compléter, comme la ligne bleue du métro de Montréal et le réseau structurant de Québec.

«D’ici 2030, le gouvernement estime que cet ambitieux projet d’électrification et de lutte contre les changements climatiques devrait ajouter 2,2 milliards de dollars au PIB du Québec», a souligné Québec, lundi.

«Devoir à moitié fait»

Le gouvernement du Québec a calculé que ses nouvelles mesures permettront de remplir 42% des objectifs de réduction de GES pour 2030, soit environ 12 millions de tonnes en équivalent CO2. Un «devoir à moitié fait», selon l’organisme Nature Québec.

Pour sa part, le premier ministre maintient qu’il veut hausser cette proportion à chaque mise à jour annuelle. Entretemps, il achètera des crédits carbone en Californie pour compenser.

Dans son ensemble, le plan gouvernemental détonne avec ses propres objectifs, soutient l’expert en politiques énergétiques Pierre-Olivier Pineau. «Les objectifs de 2030 sont très ambitieux et demandent des ruptures», avance le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

«On parle d’abord et surtout d’électrification, avant d’efficacité énergétique, alors qu’il faudrait faire l’inverse: d’abord réduire la consommation d’énergie, et ensuite électrifier.» – Pierre-Olivier Pineau

Le ministre Charette a dû expliquer lundi pourquoi son plan ne prévoit pas de réduction du parc automobile. À ses yeux, la situation géographique au Québec ne le permet pas.

«C’est facile d’avoir un jugement négatif envers la voiture quand on est en territoire urbanisé, a affirmé l’élu caquiste. Ça n’est pas la réalité d’une majorité de Québécois. On ne voulait pas y aller de mesures punitives, comme augmenter de façon significative le coût de l’essence à la pompe.»

Des critiques avant même le dépôt

Le «Plan vert» du gouvernement Legault avait déjà éveillé les débats, cet été à l’Assemblée nationale. Coulée dans les médias, une version préliminaire du document s’était méritée de vertes critiques des groupes d’opposition. Le ministre Charette avait pour sa part maintenu qu’il s’agissait là d’un document de travail.

Le Plan présenté lundi comporte bel et bien des modifications par rapport à cet été. Selon Radio-Canada, toutefois, le premier ministre lui-même est intervenu pour alléger certaines mesures. L’objectif de réduction du CO2 aurait d’abord été fixé à 20 millions de tonnes d’ici 2030. Le bureau de François Legault s’y serait opposé.

Le Plan pour une économie verte n’était même pas encore public qu’il créait des remous, lundi. De nombreuses fuites ont fait en sorte qu’une partie importante des objectifs de Québec étaient connus avant que le ministre de l’Environnement prenne la parole en matinée.

Dans un communiqué, la directrice générale du groupe Environnement Jeunesse, Catherine Gauthier, s’est dite inquiète que Québec ne réponde pas suffisamment aux cibles fixées par l’Accord de Paris de 2015.

«Pendant ce temps, le gouvernement parle encore d’un 3e lien et d’un appui à GNL Québec», s’est elle insurgée.

Ex-porte-parole du Pacte pour la transition, Laure Waridel déplore un plan sans ambition. «Les pas dans la bonne direction ne suffisent pas», a-t-elle martelé.

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