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Le français en déclin, reconnait Soraya Martinez Ferrada

Cest bien Soraya Martinez Ferrada
Depuis cette semaine, la députée Soraya Martinez Ferrada remplace sa collègue libérale Emmanuella Lambropoulos au comité des langues officielles. Photo: Bernard Thibodeau/Chambre des communes

Tant que gouvernement Legault n’aura pas déposé sa réforme, il sera prématuré de parler d’une éventuelle application de loi 101 aux entreprises de compétence fédérale œuvrant au Québec. C’est ce qu’affirme la députée fédérale libérale Soraya Martinez Ferrada, reconnaissant du même souffle la fragilité du français au pays.

Cette dernière, nommée au comité des langues officielles de la Chambre des communes à la suite du départ controversé d’Emmanuella Lambropoulos, estime que le gouvernement du Québec doit d’abord dévoiler ses intentions avant d’évoquer un changement législatif au fédéral.

«Nous, comme gouvernement, on a un respect des juridictions, dit Mme Martinez Ferrada, en entrevue avec Métro. Ce n’est pas à moi de décider ce que Québec doit faire. Pour le moment, on va attendre de voir ce qu’ils vont déposer.»

Le ministre québécois responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, s’est engagé à déposer une version plus musclée de la loi 101 au retour du congé des Fêtes.

Cette version dépoussiérée est fort attendue à Québec comme à Ottawa. Depuis quelques jours, la pression s’accentue sur le gouvernement Trudeau afin qu’il applique la Charte de la langue française, connue sous le nom de loi 101, aux entreprises de compétence fédérale, comme les banques et les entreprises de télécommunications.

Ainsi, malgré que Québec n’ait pas de pouvoir sur les entreprises à compétence fédérale, Mme Martinez Ferrada renvoie la balle au ministre Jolin-Barrette, avec qui Mélanie Joly serait actuellement en discussion.

Le Bloc québécois a déposé un projet de loi en ce sens au parlement en début de semaine. En appui, les élus de l’Assemblée nationale du Québec ont voté à l’unanimité pour une motion faisant la même revendication.

Le français en déclin

Si elle ne peut pas se prononcer sur une éventuelle application de la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale, Soraya Martinez Ferrada reconnaît tout de même le déclin du français au Québec et au Canada.

«Je représente l’un des comtés les plus francophones à Montréal. On est au-dessus de 70 % de francophones à Hochelaga. Pour moi, être sur ce comité, c’est vraiment de donner une voix aux francophones qui sont très inquiets de leur langue et du déclin du français.» – Soraya Martinez Ferrada

L’élue d’origine chilienne rappelle qu’elle a grandi au Québec «à l’époque du début de la loi 101», soulignant avec fierté son accent québécois.

Au sujet du recul au Québec, la députée d’Hochelaga affirme que les statistiques parlent d’elles-mêmes, puisque la proportion de locuteurs dont le français est la langue maternelle est passée de 81,4 % à 78 % entre 2001 et 2016.

«C’est la première fois, en 50 ans, depuis le dépôt de la loi sur les langues officielles, qu’on reconnaît le français comme une langue qui est fragile et qu’il faut protéger».

Selon elle, plusieurs mesures pourraient être prises par le fédéral pour protéger et promouvoir la langue française.

«On peut penser au ministre du Patrimoine [Steven Guilbault] qui vient de déposer une loi sur la radiodiffusion. Donc, s’assurer qu’on donne plus de pouvoir au CRTC pour qu’il puisse légiférer la question de la présence du français dans les plateformes numériques. Que les plateformes numériques contribuent au système culturel francophone».

Elle mentionne également la francisation des immigrants, un enjeu qu’elle trouve extrêmement important. Elle prend l’exemple de sa mère et elle qui «sont des gens qui travaillent et se sont éduqués en français».

Au sujet de la proposition que la connaissance du français soit un critère à l’obtention de la citoyenneté canadienne pour les résidents du Québec, la députée d’Hochelaga se tourne à nouveau vers le gouvernement du Québec. Elle rappelle que ce dernier a le plein pouvoir au sujet de l’immigration économique et que la solution passe par la francisation.

Elle précise en terminant que dans le cadre de l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration, le fédéral verse un demi-milliard de dollars par année au Québec.

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