Soutenez

L’Alberta: Reine du pétrole et maîtresse de son endiguement

Photo: pamwalker68/123RF

La province pétrolière a réussi à enterrer et contenir plus d’un million de tonnes de CO² dans ses sols en 2020, ce qui est une première au pays alors que les émissions de gaz à effet de serre ont grandement chuté depuis le début de la pandémie.

L’Alberta, magnat de la production pétrolière au Canada, a réussi à séquestrer plus d’un million de tonnes de dioxyde de carbone (CO²) dans ses sols en 2020 grâce à la technologie de séquestration géologique, une première au pays.

Alors que le Québec est encore divisé sur la démarche à suivre pour atteindre la carboneutralité en 2050, l’Alberta croit avoir trouvé la solution: la séquestration géologique du dioxyde de carbone. Le gouvernement albertain s’est associé avec plusieurs compagnies du secteur énergétique, notamment Enhance Energy, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de sa province en capturant le CO² émis dans l’air. Selon eux, le résultat est concluant et leurs preuves sont tangibles.

Qu’est-ce que la séquestration géologique du dioxyde de carbone?

Aussi appelée captage, utilisation et stockage du carbone (CUSC), cette méthode consiste, selon le média français spécialisé Actu-Environnement, «à capter le CO² à son point d’émission (centrale électrique, cimenteries, aciérie, etc.), de le concentrer et le transporter vers un site géologique adéquat pour son stockage».

Autrement dit, on transforme et enfouit le dioxyde de carbone profondément dans le sol avant qu’il n’ait le temps de se répandre dans l’atmosphère et de la polluer. L’Alberta est donc la première province à utiliser cette technologie dans le but de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre la carboneutralité en 2050.

Le président de Enhance Energy, l’entreprise à la tête de ce projet de capture de carbone, a annoncé en vidéoconférence mardi que le total de dioxyde de carbone séquestré au cours de l’année 2020 était de plus d’un million de tonnes, ce qui équivaut au volume d’un million d’autobus à deux étages. L’entreprise Wolf Midstream, qui a construit l’Albertan Carbon Trunk Line, pipeline de 240 km utilisé pour la transportation et séquestration du CO² en Alberta, se dit fière de ce résultat.

La fierté albertaine est partagée

C’est le cas de le dire, l’Alberta est fière de sa production de pétrole, mais elle se montre aussi fière des efforts qu’elle fait afin d’en réduire l’impact. Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, et son ministre de l’Environnement, Jason Nixon, se disent satisfaits d’avoir travaillé avec le secteur privé et le gouvernement fédéral sur ce projet. «Nous devrions être fiers», dit M. Kenney, alors que M. Nixon souligne le nombre important d’emplois créés par la séquestration de carbone.

Le ministre des Ressources naturelles du Canada, Seamus O’Reagan, ainsi que Jonathan Wilkinson, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, ont eux aussi commenté l’annonce. «C’est une énorme avancée», affirme O’Reagan, qui croit fermement que le CUSC fonctionne, et que l’Alberta est désormais une meneuse dans l’utilisation de cette technologie, non seulement au Canada, mais aussi à l’échelle mondiale. Le fédéral croit donc qu’il y a un marché pour la séquestration de dioxyde de carbone, ainsi qu’un grand potentiel économique et environnemental.

«C’était autrefois appelé un projet scientifique sans preuve, mais maintenant, nous avons des preuves concrètes que ça fonctionne», explique Jason Kenney.

C’est donc dans un élan de célébration, motivée par ses résultats, que l’Alberta va continuer de développer son projet de séquestration de carbone. De plus, l’Alberta formera un comité avec le gouvernement fédéral sur la capture et l’enfouissement du dioxyde de carbone. Formé de fonctionnaires provinciaux et fédéraux, ce comité veillera à la supervision du développement de cette industrie qui ne fait encore que naître en Alberta.

Le secteur énergétique en Alberta en bref

En 2017, l’Alberta était la province qui consommait et qui demandait la plus grande quantité d’énergie au Canada. Ses deux combustibles principaux étaient le gaz naturel à 56% et les produits pétroliers raffinés à 35%, selon les données de la Régie de l’Énergie du Canada. En 2018-2019, les statistiques de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) montrent que 11% des revenus de la province provenaient des ressources de gaz et de pétrole.

École des médias de l'UQAM nouveau logo.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.