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Racisme à Joliette: «il reste encore beaucoup à faire» dit Paul-Émile Ottawa

L’Atikamekw Joyce Echaquan sera-t-elle la George Floyd du Québec?
Une veillée a été organisée à l’hôpital Joliette en réaction au décès de Joyce Echaquan. Photo: Capture d’écran / Métro
Martin Nolibé et François Carabin - Métro

Seulement quelques mois après le décès de Joyce, un nouvel épisode de racisme envers les Autochtones dénoncé ces derniers jours dans le réseau de la santé de Joliette laisse entendre qu’il reste beaucoup de choses à accomplir selon le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa.

Vendredi dernier, Jocelyne Ottawa, une atikamekw de 62 ans a relaté sur les réseaux sociaux avoir été victime d’humiliation et de racisme lors d’une consultation pour une blessure au pied au CLSC de Joliette. Des infirmières auraient notamment décidé de l’appeler Joyce en ricanant et lui auraient aussi confisqué son téléphone.

Les deux infirmières ont depuis été suspendues sans solde par la direction et une enquête a été ouverte.

Au micro de l’émission Tout un matin de Patrick Masbourian, le Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan Paul-Émile Ottawa s’est dit n’être «pas surpris d’apprendre cette situation», ayant eu vent depuis ce triste 28 septembre, d’autres témoignages d’actes de racisme dans le réseau de la santé  Joliette. Pour M.Ottawa, il n’y aurait pas eu d’améliorations concrètes depuis le décès de Joyce Echaquan.

«Les gens nous rapportent des situations désagréables qu’ils vivent à l’hôpital. Tout cela ça m’amène à penser qu’il y  a encore beaucoup de choses à faire, cela ne fait que commencer, afin de redonner la confiance aux gens envers l’établissement et envers le personnel soignant.» – Paul-Émile Ottawa, chef du Conseil des Atikamekw de Manawan

Une future rencontre

M.Ottawa s’est dit néanmoins en bons termes lors de ses échanges avec Mme Caroline Barbir, présidente-directrice générale par intérim du centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière, qui prend l’affaire très au sérieux notamment en ayant suspendu rapidement les deux infirmières.

Le chef demande dès que possible une rencontre en présentiel avec Mme Barbir et la nouvelle présidente récemment élue, Maryse Poupart, qui rentrera en fonction le 5 avril, afin d’échanger sur ces situations et de continuer à mettre en place des mesures pour davantage informer et sensibiliser le personnel soignant face à ces actes de racisme que subissent les personnes autochtones dans le réseau de la santé.

Il y a quelques semaines, le CISSS de Lanaudière avait déjà mis en place des mesures de sécurisation culturelle, dont une formation obligatoire pour tout le personnel ainsi qu’un «comité de réconciliation» en collaboration avec le Conseil Atikamekw de Manawan.

Une situation totalement inacceptable

Mardi, à Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a dénoncé une situation «totalement inacceptable» au CLSC de Joliette. «C’est la deuxième fois, a-t-il remarqué. C’est une question d’heures avant qu’on soit capable de poser des gestes.»

Or, selon les oppositions à l’Assemblée nationale, le gouvernement a déjà eu l’occasion de poser des gestes. «La communauté de Manawan pousse le gouvernement du Québec à aller plus loin, notamment en adoptant le Principe de Joyce, en reconnaissant qu’il y a de la discrimination et du racisme systémique dans notre réseau de la santé, a avancé la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. Si [le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian] Lafrenière avait besoin d’une preuve de plus, bien, il y en a encore une autre.»

Dans l’ensemble du CISSS, 4200 employés ont suivi la formation de sensibilisation mise sur pied après la mort de Joyce Echaquan. Les deux infirmières en question en sont. «Il y a des mesures qui ont été mises en place, mais, visiblement, elles ne fonctionnent pas», a réagi mardi la chef du Parti libéral, Dominique Anglade. «J’ai réellement un mélange de colère et de honte.» – Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

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