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Des collectivités ZÉN pour le Québec

Parc Rosemont-La-Petite-Patrie
Rosemont—La-Petite-Patrie a dévoilé son plan de transition écologique sur trois ans. Photo: Nicolas Brasseur/Métro Média

Dans le cadre de son projet Québec Zén (zéro émission nette), qui se veut une feuille de route pour amener le Québec vers une transition énergétique carboneutre, le Front commun pour la transition énergétique (FCTE) passe à l’action avec sa phase 2 en accompagnant des collectivités à devenir «Zén».

C’est en constatant que le Québec stagnait dans ses objectifs de réduction de GES que le FCTE s’est mis en action. «Le Québec s’est donné collectivement des objectifs ambitieux, mais on stagne littéralement depuis plusieurs années. C’est là qu’on a voulu savoir “Qu’est-ce qui bloque ?”», explique Carole Dupuis du comité de coordination et mouvement écocitoyen Une planète.

Pour le FCTE, «Il existe trois blocages à la transition énergétique: le manque de vision sur ce qu’est une société post-carbone, le manque d’informations claires et objectives et le manque de responsabilisation à toutes les échelles.» – Carole Dupuis, mouvement écocitoyen Une planète

«Certains disent: “C’est les gouvernements. D’autres: “non, ce sont les citoyens qui doivent d’abord faire leur pas. Non, ce sont les organisations, les compagnies”. C’est une belle recette de paralysie de se renvoyer la balle», note Carole Dupuis.

Cette phase 2 est donc un projet pilote d’émulation autour de la transition énergétique. M. Billal Tabaichount, coordonnateur au pôle influence du GRAME (Éco-quartier Lachine) définit d’ailleurs ce projet comme «une démarche locale, structurée de transition juste vers la carboneutralité».

L’objectif est de structurer les efforts individuels en efforts communs: «On est conscient qu’il existe des initiatives ponctuelles qui se mettent en place. On va se mettre tous ensemble pour coordonner les actions. Passer d’une approche ponctuelle à une approche collective», analyse Billal Tabaichount.

La transition par l’acceptation

Cette phase 2 a pour but de montrer que les objectifs donnés sont réalisables à une échelle concrète. Québec Zén implantera des «chantiers de transition vers des collectivités zéro émission nette», appelés «Collectivité Zén». Le FCTE regroupe plus de 90 organisations membres et peut s’appuyer sur des antennes locales sur tout le territoire.

«On n’est pas du tout dans la posture de dire “on va aller dans les territoires et on va vous dire quoi faire”. Notre rôle, c’est avant tout de donner l’opportunité à des organisations de se coordonner dans un but commun», souligne Carole Dupuis.

La «notion de chantier de transition» est modulable et peut se situer à différentes échelles puisque ces «chantiers» peuvent regrouper des personnes, un quartier, des commerces, une collectivité ou une municipalité. L’objectif est d’accompagner ces chantiers sur comment poser des gestes concrets qui vont dans le sens de la transition énergétique.

Pour le titulaire de la Chaire de recherche sur la transition écologique de l’UQAM, René Audet, ce genre d’initiative provient du fait qu’il existe une différence de vision entre le politique et des organismes sur le terrain. «Le politique axe la transition sur des changements technologiques alors que les organismes ont une vision plus “localiste” avec une réorganisation sociale, une participation citoyenne, un mode de vie plus simple et un renforcement des liens sociaux», explique-t-il.

«L’idée de ce genre d’expérimentation est importante, cela permet de découvrir des solutions, de faire des démonstrations et de les faire valoir publiquement. La question de comment réorganiser la société pour faire une transition écologique est à la fois centrale et peu évidente. Ce n’est pas qu’une question économique, il faut tout repenser» – René Audet, titulaire de la Chaire de recherche sur la transition écologique de l’UQAM

Tout est une question d’adaptation, car atteindre une transition énergétique diffère selon le secteur, les moyens disponibles et les ambitions que la collectivité veut se donner. Quasiment la totalité des domaines qui nous entourent peut faire l’objet d’une transition énergétique plus carboneutre.

«L’alimentation est un très bon exemple. La tendance est aux mets préparés et une rue commerçante qui déciderait ensemble de faire des mets avec des produits locaux et des emballages consignés diminuerait de manière radicale la quantité de matière extraite, transformée ou jetée» – Carole Dupuis, mouvement écocitoyen Une planète.

La durée de cette étape devrait durer trois ans avec comme ambition d’implanter quatre chantiers chaque année. «Avec douze chantiers on se donne le soin de bien les encadrer, mais l’engouement est tel qu’on pourrait ouvrir d’autres collectivités Zén. L’enthousiasme est généralisé», précise Carole Dupuis. Cette phase sera effective à partir du 12 mai prochain.

«Je suis convaincue qu’il s’agit d’une initiative qui a le potentiel d’être transformatrice pour la société sans pour autant enlever la moindre responsabilité au gouvernement dans la transition», précise la professeure Cécile Bulle du Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM.

Enfin, les intervenants du FCTE mentionnent qu’une bonne transition n’est réalisable que si elle est égalitaire et porteuse de justice sociale. «Pour le monde syndical, la transition énergétique doit être effectuée vers plus de justice sociale, sans oublier personne. Il est essentiel d’amener des idées qui respectent les droits des travailleurs comme l’accès à de la formation lorsqu’une usine se transforme», explique Dominique Daigneault de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

Une première phase pour se rendre compte de l’ampleur de la tâche

La phase 1 consistait en une consultation des parties prenantes partout au Québec comme des citoyens, des universitaires, des organismes environnementaux, étudiants ou syndicaux. Le constat délivré montre que le Québec et le Canada ne sont pas en position de respecter les objectifs de carboneutralité.

«Alors que le Québec s’est engagé par décret à avoir réduit ses émissions de GES de 37,5 % en 2030 par rapport à 1990, il ne les avait diminuées que de 4,8 % en 2018, soit 28 ans après l’année.» – Feuille de route Québec Zén

Le 17 mars dernier, le FCTE lançait les ateliers Montréal Zén, «une série de trois activités virtuelles de formation et de mobilisation qui seront offertes aux citoyennes et citoyens des arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville, Lachine, Mercier‒Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Nord et Rosemont entre le 23 mars et le 29 avril 2021».

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