Soutenez

Le PQ tient son conseil national entre loi 101 et relance post-pandémie

PQ Paul St-Pierre Plamondon
Paul St-Pierre Plamondon lors de sa prise de parole pour le Conseil national du Parti Québécois Photo: Gracieuseté Parti Québécois

Réunis cette fin de semaine pour son deuxième conseil national virtuel, le Parti Québécois (PQ) et ses quelque 243 délégués ont entamé des discussions tournées vers l’avenir, entre relance post-pandémie, prémisses du vote de demain sur la Charte de la langue française au réseau collégial et élaboration du projet national pour les élections de 2022.

Fort de son statut de premier parti en termes de financement et de donateurs , le parti aborde cette année pré-électorale avec une sérénité financière et bien décidée à «rebâtir le camp du oui» comme l’annonce le président du PQ, Dieudonné Ella Oyono en préambule de ce conseil virtuel.

Des pistes pour une relance post-pandémie verte et juste

La matinée d’aujourd’hui a notamment laissé place à une table ronde intitulée Des idées pour la relance du Québec postpandémie. Trois intervenants représentant chacun un axe privilégié et des secteurs importants dans le cadre d’une relance de la province.

Secteur durement touché par la pandémie et ses restrictions, la directrice générale de Culture Montréal, Valérie Beaulieu, a esquissé des pistes de réflexion pour les membres du PQ afin de relancer un milieu culturel diversifié, entre croissance chez certains et «respirateur artificiel» pour d’autres. Des pistes qui abordent la nécessité et l’urgence d’une conservation du patrimoine, mais aussi de la possibilité de faire du Québec un leader dans le secteur du numérique. En écho aux futures discussions sur la loi 101, Valérie Beaulieu est aussi revenue sur l’outil extraordinaire d’intégration que représentent des contenus culturels en langue française et sur la nécessité de travailler sur sa découvrabilité notamment auprès des jeunes.

Autre cri d’alarme, celle du milieu de la santé avec l’intervention d’Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui a plaidé pour des mesures d’urgence en rapport avec l’accessibilité aux services de santé pour l’ensemble des Québécois. En représentant 106 titres d’emplois dont 86% sont occupés par des femmes, Mme Poirier a appelé à une relance féministe en revalorisant le travail de ceux qui ont aidé la province à survivre en ces temps de pandémie hors du trio médecin-infirmières et préposé.

Une table ronde qui s’est conclue par la présentation du professeur Jérôme Dupras, le Cowboy fringant aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique, sur l’autre crise qui menace le monde, celle du réchauffement climatique. Pour M. Dupras, le Québec doit miser sur des solutions naturelles qui amèneront des bienfaits écologiques, mais aussi économiques en créant de nombreux emplois et en stimulant l’économie. Jérôme Dupras avait notamment lancé un appel il y a quelques semaines avant la publication du budget Girard pour 2021, arguant que pour être cohérent avec la science, le budget devait prévoir 3 milliards de plus.

Des pistes appuyées ensuite par le député péquiste Sylvain Gaudreault qui compte bien faire de la relance verte un projet prioritaire pour le PQ en opposition au «budget gris» proposé le gouvernement et son ministre Eric Girard.

Un plan en plusieurs étapes qui passe selon le député de Jonquière, par des mesures d’écofiscalité en faveur des PME, du verdissement des villes (que le PQ propose de financer à hauteur de 1% du PQI) ou encore de l’accélération des programmes d’assainissement des eaux pour les 10 prochaines années.

Pour appuyer cette transition verte, le PQ entend prioriser l’investissement dans les énergies renouvelables et les technologies vertes, ce qui stimulerait également la création d’emplois.

Divisé par le récent rapport du BAPE sur le projet GNL Québec, Sylvain Gaudreault veut faire du Saguenay-Lac-Saint-Jean «la région pionnière qui va tracer la voie vers un Québec qui sera le leader de cette transition juste, de cette transition verte.» Un modèle payant qui pourra être ensuite étendu à l’ensemble du Québec pour M. Gaudreault, qui souligne que pour un investissement de 10M$ dans les énergies renouvelables et les technologies vertes «on crée 152 emplois dans les technologies vertes et les énergies renouvelables contre 27 dans les énergies fossiles».

Pour financer un tel projet, Sylvain Gaudreault et Martin Ouellet proposeront prochainement un projet de loi pour modifier le Fond des générations, destiné à réduire la dette, afin de prélever 1 milliard de dollars par année pour les investir dans la transition verte.

Un retour en arrière pour les jeunes péquistes

Ce début de conseil national fut aussi marqué par la plaidoirie de la nouvelle présidente du Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ), Marie-Laurence Desgagné. Pour sa première intervention, la nouvelle présidente des jeunes péquistes a tenu à appuyer la proposition d’urgence, adoptée à l’unanimité par les jeunes péquistes, qui sera débattue demain.

Loin d’une tentative de dévalorisation de l’anglais selon Mme Desgagné, cette proposition part d’un constat et d’une inquiétude des jeunes péquistes pour la vitalité de la langue française au Québec. Cette proposition pourrait imposer la fréquentation obligatoire du cégep en français pour les francophones.

«La langue d’enseignement joue un rôle déterminant au moment de choisir la langue utilisée par la suite dans le milieu du travail, dans la recherche et l’affichage, dans la consommation culturelle et dans le quotidien»- Marie-Laurence Desgagné, présidente du CNJPQ

Des données montrent que 65% des places dans les cégeps anglophones sont occupés par des francophones ou des allophones.

En sélectionnant les meilleurs élèves du Québec, les cégeps anglophones envoient, selon les jeunes péquistes, un message «que l’anglais est la langue du succès au Québec, que l’anglais est la langue du succès au travail au Québec.» Un véritable retour en arrière à l’époque où les francophones jouaient un second rôle rappelle la présidente des jeunes péquistes.

Revenir aux sources de la loi 101

Une proposition qui a déjà acquis un vote important, celui du chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, comme ce dernier l’a affirmé sur les réseaux sociaux vendredi.

M. St-Pierre Plamondon est revenu sur cette prise de position en en faveur de l’application de la loi 101 au Cégep lors d’une conférence de presse à la fin de cette première journée.

«Notre langue française a besoin d’un sérieux coup de barre. Elle a besoin de mesures à la hauteur du défi, celui d’un déclin qui est marqué.» – Paul St-Pierre Plamondon

Lors de sa course à la chefferie, M. St-Pierre Plamondon avait pris position en faveur d’une autre approche, celle d’agir sur le financement. Mais comme il l’affirme, certains facteurs dans l’argumentaire émis par les jeunes péquistes et d’autres députés l’ont fait évoluer. L’argument phare semble être la question de la pérennité de la mesure. Une pérennité qui peut être mise à mal par un gouvernement ultérieur comme ce fut le cas avec le parti libéral en ce qui concerne les budgets alloués à la francisation des immigrants. «En se dotant d’une loi, on se donne une structure beaucoup plus durable, beaucoup plus pérenne.», rappelle le chef du PQ en citant la volonté de Camille Laurin.

«Revenons à l’esprit de la loi 101, qui était d’assurer que les allophones et les francophones se socialisent, fassent leur parcours d’éducation dans notre langue commune, dans notre langue officielle qu’est le français» – Paul St-Pierre Plamondon

Paul St-Pierre Plamondon évoque aussi une question d’union des générations autour de cette question du déclin de la langue française, que ce soit chez les jeunes péquistes comme Marie-Laurence Desgagné ou chez des anciens pères de la Révolution tranquille comme Guy Rocher.

S’il semble acquis à la faveur d’une application de la loi 101, le chef péquiste appelle néanmoins aux membres du parti à voter librement et se dit prêt à «porter avec fierté» la décision qui sera prise lors de ce conseil national.

«Notre avenir c’est l’indépendance du Québec»

Que ce soit pour des questions d’environnement, de dépendance au fédéral, de loi 101 et du principe d’autodétermination, Paul St-Pierre Plamondon appuie qu’ils ont en commun l’action du gouvernement fédéral «pour nuire à volonté démocratique».

«Ne perdons pas de vue que notre avenir c’est l’indépendance du Québec. Parce que dans tous ces sujets-là en ce moment, y’a un gouvernement fédéral qui a même nos propres impôts, travaille contre nos choix démocratiques sous forme de poursuites judiciaires, de programmes, toute sorte d’initiatives qui nuisent à nos choix, à notre vision d’avenir.» conclut Paul St-Pierre Plamondon.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.