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Directrice nationale de la DPJ: les jeunes, «je leur dois ce retour d’ascenseur»

Catherine Lemay, directrice nationale de la protection de la jeunesse
Catherine Lemay, directrice nationale de la protection de la jeunesse Photo: Gracieuseté/Ministère de la Santé et des Services sociaux

Le Québec a une nouvelle directrice nationale de la protection de la jeunesse, la première de son histoire. À peine entrée en poste, Catherine Lemay a du pain sur la planche.

En novembre, quand la commissaire indépendante Régine Laurent a recommandé à Québec de créer un poste de directeur national, une sorte de «porteur de ballon» pour la protection de la jeunesse, une lumière s’est allumée dans la tête de Catherine Lemay.

«J’ai travaillé presque 30 ans exclusivement en protection de la jeunesse», explique cette gestionnaire d’expérience à Métro, dans sa première entrevue à titre de directrice nationale de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). L’union s’est faite naturellement.

«Ma carrière en protection de la jeunesse m’a permis de me réaliser. Ça, c’est grâce aux enfants. Je leur dois ce retour d’ascenseur.» – Catherine Lemay, directrice nationale de la protection de la jeunesse

La nouvelle haute fonctionnaire ne porte ses nouveaux souliers que depuis trois semaines, mais elle connaît les rouages du réseau. Formée en psychoéducation, elle a été éducatrice spécialisée, puis cheffe de services dans les Centres jeunesses de Montréal.

Mais aujourd’hui, les responsabilités sont plus grandes encore. Pointée du doigt ces dernières années, la DPJ est passée depuis 2019 sous la loupe d’une commission spéciale nationale qui a entendu des centaines de témoignages. Sa présidente, Régine Laurent, déposera ses derniers constats vendredi.

Qu’est-ce qui cloche?

Le système québécois de protection de la jeunesse est embourbé dans les scandales depuis deux ans, en particulier. Le 2 mai 2019, une fillette de sept ans mourrait à Granby dans des circonstances troublantes. On apprendra plus tard qu’elle était connue de la DPJ locale.

À l’époque, le premier ministre François Legault avait promis un «avant» et un «après» Granby. Or, l’été dernier, deux jeunes garçons de deux et cinq ans mourraient à Wendake. À trois reprises, ceux-ci avaient faits l’objet de signalements.

Catherine Lemay veut prendre le taureau par les cornes. Le cadre législatif doit être mise à jour, dit-elle. Elle aura d’ailleurs comme tâche de co-piloter, avec le ministre Lionel Carmant, la réforme de la Loi sur la protection de la jeunesse.

«La loi a 42 ans. Elle a fait l’objet de quelques redditions au fil des années. Mais là, Dr Carmant a vraiment l’intention d’y apporter les améliorations pour qu’elle corresponde à la société de 2021», observe Mme Lemay.

Les équipes devront aussi être renflouées, ajoute-t-elle. «On a une pénurie. On a des défis importants à répondre, mais la quantité de personnel est insuffisante.»

Catherine Lemay s’engage à mettre sur pied sa propre «stratégie nationale» pour répondre aux enjeux de main-d’oeuvre.

«Un fil de fer»

Depuis les événements de Granby, la directrice nationale de la protection de la jeunesse sent que les choses évoluent. «Plus personne dans les intervenants qui côtoient les enfants ne veut prendre le risque de se trouver avec une situation de cette ampleur-là. On a vu une augmentation des signalements», rapporte Mme Lemay.

Après le dépôt du rapport de la Commission Laurent, c’est elle qui aura pour tâche de mettre en exercice les recommandations du rapport.

«Vous savez, la protection de la jeunesse, c’est marcher sur un fil de fer à tous les jours», illustre Mme Lemay. La traversée du canyon s’amorce.

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