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Diane De Courcy : «Nous avons besoin des immigrants»

Photo: archives La Presse canadienne

En entrevue avec Métro, Diane De Courcy, ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles et ministre responsable de la Charte de la langue française, s’est dite convaincue que le Québec est prêt à accueillir un plus grand nombre d’immigrants, mais qu’il faut encore amenuiser les craintes face à la différence, qui barrent parfois le chemin aux nouveaux arrivants.

Vous venez de terminer une tournée des 17 régions du Québec que vous avez entamée à l’automne. Qu’est-ce que ces séjours vous ont révélé sur l’état de l’immigration au Québec?
J’ai rencontré plus de 2 000 personnes des milieux économique, institutionnel et communautaire qui m’ont permis de constater qu’il y a encore trop peu de travailleurs immigrants, surtout en région. Les communautés sont enthousiastes à l’idée de les recevoir, bien qu’elles reconnaissent qu’un apprivoisement doit être fait.

Comment cet apprivoisement devrait se faire?
Dans un premier temps, il faut s’assurer que les immigrants sélectionnés parlent français et ont déjà trouvé, idéalement, un emploi. Je crois, en plus, que l’immense besoin en main-d’œuvre va faciliter cet apprivoisement; si je ne pense qu’à la région de Chaudière-Appalaches, ce sont près de 40 000 postes qui vont se libérer d’ici 3 ans!

L’inclusion des immigrants est un thème récurrent dans les discours et les plans d’action ministériels depuis des années. Comment se fait-il alors que des travailleurs qualifiés éprouvent autant de difficulté à faire reconnaître leurs diplômes?
C’est en effet un sujet complexe. Dès mon entrée en fonction, c’est la première problématique que j’ai voulu éclaircir. J’ai rencontré à deux reprises le conseil qui s’occupe des ordres professionnels et j’ai découvert que la situation s’améliore; mais qu’il reste beaucoup à faire. Parmi les travailleurs immigrants qui font une demande de reconnaissance, 85 % sont reconnus. Mais c’est un processus long et coûteux, qui se conclut souvent par l’exigence que le nouvel arrivant suive plusieurs cours pour parfaire sa formation. Je discute activement avec les collèges et les universités pour trouver des moyens de faciliter le processus.

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Une étude menée par l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal illustre un autre problème que rencontrent les immigrants : à compétences égales, un employeur va privilégier presque immanquablement un Québécois.
Je reconnais qu’il faut continuer de sensibiliser les employeurs aux avantages de la diversité en milieu de travail et aux compétences de la main-d’œuvre immigrante. Ce qu’on ne connaît pas peut engendrer des craintes, d’où l’importance d’accorder un soutien financier aux entreprises qui embauchent ces nouveaux arrivants et d’avoir un bon réseau de services d’intégration des travailleurs.

Les cadres, les patrons d’entreprises, n’ont-ils pas aussi un rôle à jouer pour assurer une bonne intégration de leurs employés?
Je m’attends à ce que les grandes entreprises, qui ont des ressources humaines importantes, mettent en place des services d’inclusion, et la majorité le fait déjà très bien. Mais je ne considère pas que c’est le rôle premier d’un propriétaire de PME d’assurer ce type de service. Les entrepreneurs ne savent pas toujours quoi faire pour aider l’intégration des travailleurs étrangers; c’est à nous (le gouvernement et les services d’intégration) de les accompagner.

Malgré toutes ces stratégies, le taux de chômage de la population immigrante s’élève à 12,6 %. C’est presque le double de celui de la population qui est née ici, dont le taux de chômage est 7,7 % …
Cette réalité s’observe surtout dans une métropole comme Montréal. Je suis convaincue que le projet de loi 14, qui fait l’objet de discussions au Salon bleu, permettra de renverser la tendance. Un des objectifs de ce projet vise à ce qu’un plus grand nombre d’employeurs mettent en place de réelles mesures de francisation et cessent d’exiger à tout coup le bilinguisme comme critère d’embauche. Il y a un grand bassin d’immigrants qui sont souvent désavantagés, notamment ceux venus de France et d’Afrique du Nord.

Ce week-end
La ministre De Courcy sera présente au 2e Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec, qui a lieu au palais des congrès de Montréal aujourd’hui et demain.

  • Elle y fera le lancement de la phase II du programme Emploi Nexus, qui vise la sensibilisation des entreprises montréalaises au potentiel des travailleurs qualifiés issus de l’immigration.

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