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Le déclin des chauves-souris au Québec inquiète

Photo: Brock Fenton/Biodôme de Montréal

MONTRÉAL – Le déclin des populations de certaines espèces de chauves-souris s’aggrave au Québec, au point où le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) demande aux gens de l’aider à trouver des colonies de chauves-souris afin de suivre l’évolution de la situation.

En moins de trois ans, plusieurs espèces de chauves-souris, comme la petite chauve-souris brune, qui étaient jusqu’à tout récemment les plus communes, ont connu un déclin supérieur à 90 pour cent.

«Il faut s’inquiéter du déclin des populations de chauves-souris parce que c’est l’un des principaux prédateurs nocturnes des insectes, ce qui inclut plusieurs insectes ravageurs au niveau de l’agriculture ou de la foresterie», explique Anouk Simard, biologiste et chercheure au MDDEFP.

«Le rôle des chauves-souris est encore peu étudié mais on sait qu’il est important parce que c’est une espèce généraliste, très commune et très abondante et quelle peut donc agir sur une quantité importante d’insectes dont certains peuvent menacer notre économie mais aussi notre santé.»

La principale cause du déclin est une infection fongique vraisemblablement d’origine européenne, qui s’est propagée au Québec en 2010. Le champignon qui en est responsable cause une infection appelée syndrome du museau blanc, ce qui fait référence aux taches blanches présentes sur les ailes et le nez des chauves-souris atteintes.

L’infection, qui se développe lors de l’hibernation, provoque des réveils plus fréquents chez les chauves-souris, qui doivent alors puiser dans leurs réserves d’énergie, jusqu’à ce qu’elles s’épuisent au cours de l’hiver. De la mortalité massive est alors observée dans les mines abandonnées et les grottes.

Mme Simard souligne que l’arrivée d’une maladie sur un nouveau territoire a presque toujours des conséquences dévastatrices.

«Chaque espèce est habituée d’avoir des prédateurs ou des parasites ou des maladies qui l’affectent. Il y a un certain équilibre qui s’établit avec le temps. Mais quand une nouvelle variante est introduite, à ce moment, les espèces-hôtes ne sont pas adaptées à cette nouvelle menace et, souvent, ça cause des hécatombes. Et c’est le cas ici avec cette maladie arrivée d’Europe», précise-t-elle.

Le syndrome du museau blanc est observé dans tout l’ouest de la province et, depuis cet hiver, jusqu’à Chibougamau dans le nord. Pour le moment, aucun cas n’a été rapporté sur la Côte-Nord et en Gaspésie.

Le syndrome du museau blanc a jusqu’ici causé la mort d’environ 5,7 à 6,7 millions de chauves-souris dans l’est du continent, soit dans 22 États américains et cinq provinces canadiennes. Au Québec, plusieurs mines et grottes qui abritaient des populations de milliers de chauves-souris durant l’hiver ont été touchées. Aujourd’hui, on compte généralement moins d’une trentaine de chauves-souris par site et, dans certains cas, elles ont même toutes disparues.

«On n’a pas chiffré le nombre total qui est décédé au Québec mais, par exemple, nous avons des hibernacles qui étaient de 1000 à 5000 individus qui sont rendus à moins d’une dizaine d’individus, parfois à zéro. C’est assez pour pouvoir extrapoler que les déclins sont majeurs», indique la biologiste.

Le ministère tente de suivre le déclin des populations de chauves-souris en s’intéressant aux sites où les femelles se regroupent pour se reproduire et nourrir leurs jeunes. Ces endroits, appelés maternités, se trouvent généralement dans les greniers, les combles ou certains murs de vieux bâtiments, là où la chaleur s’accumule.

Cependant, la plupart des endroits où sont situées ces maternités au Québec sont inconnus, d’où l’appel à la population afin d’aider les biologistes du ministère à trouver des maternités de chauves-souris.

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