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Richard Béliveau: Apprivoiser la mort

À plus d’une occasion, une personne cancéreuse a confié au Dr Richard Béliveau que sa vie avait commencé lors­qu’elle avait reçu son diagnostic. Le scientifique a réalisé que les gens réfléchissaient très peu à la mort. Avec son complice, le Dr Denis Gingras, il a décidé de rédiger le livre La Mort, qui a été lancé cette semai­ne. Entretien sur un livre qui n’a rien de morbide.

Parle-t-on assez de la mort?
C’est un sujet marginal. Il y a la commission Mourir avec dignité qui sillonne le Québec présentement, et ce qu’on nous expose dans les médias à longueur de journée, c’est la commission Bastarache. Il y a 0,1 % de la population qui sera touchée par le scandale des juges, alors que tout le monde est touché par le mort. La différence de visibilité médiatique reflète tout à fait notre crainte de la mort et notre incapacité d’en parler.

Comment votre livre permet-il aux lecteurs de mieux se préparer à leur mort?
C’est un livre sur la mort, mais c’est avant tout un livre sur la vie. Prendre conscience de l’aspect inéluctable de sa propre fin est la façon la plus sûre de profiter de la vie. L’ignorance est une source de détresse et d’angoisse. Avec le livre, on a voulu exposer ce que c’est, la mort, d’un point de vue scientifique.

Est-ce que l’on sait ce que l’on ressent lorsqu’on meurt?
Ça dépend de chaque personne. Chaque cas est différent. Une personne en coma ressentira moins de choses qu’une personne qui meurt à cause d’un traumatisme. À moins de mourir pendant son sommeil, c’est souvent un moment angoissant.

Comment peut-on approcher la mort sainement?
Il ne faut pas s’imaginer des choses. Woody Allen a dit qu’il a vécu plein de choses dans sa vie dont certaines se sont réellement réalisées. Le cerveau est toujours en mode «worst case scenario». Pour la mort, c’est en comprenant ce que c’est, en développant notre introspection et en contrôlant notre angoisse qu’on va pouvoir l’approcher sainement.

Votre livre est essentiellement scientifique, mais il contient des citations qui lui donnent une dimension plutôt philosophique. Était-ce voulu?
Oui. On voulait que le livre soit agréable. Ce n’était pas juste d’expliquer le tronc cérébral. Et les réflexions philosophiques font partie du processus de compréhension de la mort.

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