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Le coût d’un bébé

Photo: Getty Images/iStockphoto

Alors qu’un rapport du commissaire à la santé et au bien-être a été remis au ministre de la Santé, on entend toutes sortes de rumeurs concernant l’avenir du programme de procréation assistée. Par exemple, que le commissaire ne recommande pas d’amputer le programme de procréation assistée, mais que le gouvernement Couillard entend fermer quand même ce que son ministre a déjà qualifié de «bar ouvert».

Il aura la tâche facile : il n’aura qu’à dire au contribuable moyen que le programme, qui s’adresse à tous les détenteurs d’une carte soleil (couples infertiles, femmes célibataires, lesbiennes, Joël Legendre), coûte 67 M$. Alors qu’on a de la difficulté à convaincre certains «payeurs de taxes» que les garderies à 7 $ – dont on connaît tous au moins un bénéficiaire – sont rentables, imaginez le pli que peut se faire la majorité d’un programme qui ne profite qu’à une minorité d’individus. Ajoutez les expressions «explosion des coûts» et «rationalisation des dépenses» et vous avez le cocktail d’indignation parfait pour ledit bar ouvert.

Pourtant, comme bien des dépenses gouvernementales, le programme de procréation assistée rapporte plus à la société qu’il n’y paraît. Une étude a récemment démontré que le coût d’un bébé conçu par fécondation in vitro a diminué de 6 000 $ depuis la mise en place du programme. Étaient seulement considérés dans cette étude les coûts associés aux complications dues aux grossesses multiples, mais le programme de procréation assistée, c’est bien plus que ça. C’est aussi, d’une certaine manière, un programme de stimulation des naissances. La planète est peut-être en surpopulation, mais dans un Québec vieillissant, le taux de natalité demeure bas. Dans ce contexte, nous devrions nous réjouir de la popularité d’un programme qui permet la création de milliers de petits futurs contribuables.

Plutôt, on s’indigne devant des cas anecdotiques, qu’on juge illégitimes sur la base de quelques bribes d’informations disséminées dans les médias. Ainsi, en juillet dernier, un journal révélait que des femmes handicapées, immigrantes, âgées ou en couple avec un détenu désiraient recourir au programme. Au-delà du caractère quasi eugénique de ces remises en question, ne peut-on pas questionner plutôt la façon dont est administré le programme?

L’IRIS mentionnait que sa mise sur pied rapide avait largement profité aux cliniques privées. Ce n’est peut-être pas une surprise que l’IRIS s’attaque aux cliniques privées, mais une amie qui en a fait l’expérience a trouvé, après qu’on lui eut fait faire et refaire des examens inutiles, qu’on ne dépensait peut-être pas chaque sou de la manière la plus rationnelle qui soit.

Avoir un enfant n’est pas un droit, mais toute personne qui a le désir d’élever un enfant devrait être encouragée à le faire (sauf, mettons, la fausse infirmière qui a volé un bébé plus tôt cette semaine). Avant de créer plus d’inégalités chez une clientèle déjà vulnérable de parents potentiels, peut-on évaluer non pas seulement ce que coûte un enfant à Québec, mais ce qu’il rapporte?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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