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L’ambassadeur de Russie quitte son poste

OTTAWA – La carrière diplomatique de Georgi Mamedov s’est construite à travers les moments les plus tendus de la guerre froide.

Alors qu’il se prépare à quitter Ottawa, où il a acquis le titre de doyen du corps diplomatique après avoir passé 11 ans comme ambassadeur de Russie au Canada, M. Mamedov se retrouve de nouveau plongé dans les relents de cette guerre idéologique et politique.

Le diplomate narquois et souvent provocateur est devenu la cible de la désapprobation politique et publique de l’annexion de la péninsule de Crimée par le président Vladimir Poutine et des troubles continus dans l’est de l’Ukraine causés par des miliciens prorusses.

Au cours des derniers mois, il a été convoqué derrière des portes closes par plusieurs hauts responsables du ministère des Affaires étrangères et a porté le poids de l’indignation officielle du Canada au nom du gouvernement Poutine. Il a même été pris à partie en public lors d’un récent dîner d’affaires à Toronto, où certains l’ont traité de menteur.

Mais comme l’a dit le diplomate jeudi lors d’une réception organisée en son honneur à l’ambassade de Russie, les tensions actuelles avec les pays occidentaux paraissent bien pâles comparativement à l’apogée de la guerre froide, quand il était négociateur nucléaire en chef de son pays face aux États-Unis.

«Je suis absolument honnête en vous disant que toutes les choses difficiles d’aujourd’hui sont incomparables avec ce qui se passait durant la guerre froide, a dit M. Mamedov. Je suis absolument certain que d’ici un an, nous reviendrons à la normale dans nos relations.»

Malgré la rhétorique hostile du gouvernement canadien envers le Kremlin, l’ambassadeur estime que ce qui unit les deux pays est bien plus significatif que ce qui les divise, notamment la coopération économique et militaire dans le Grand Nord et une vision partagée de l’avenir de la région.

«Pour reprendre les mots de votre premier ministre — même si je ne suis pas souvent d’accord avec lui, comme vous le savez —, je suis d’accord quand il dit que nous avons une relation spéciale: deux superpuissances énergétiques du Nord, a affirmé M. Mamedov. Parce qu’une bonne partie de ce qui se passera au cours du prochain siècle concernera les ressources naturelles.»

Les observateurs expérimentés sont peu surpris que l’actuelle crise entre l’Ukraine et la Russie n’ait pas fait dévier M. Mamedov de son axe.

«Sous ses apparences de Falstaff se cache un diplomate astucieux et rusé qui sait comment jouer le jeu. Plus important encore, il aime jouer à ce jeu et il y excelle», a ainsi analysé le diplomate canadien retraité Colin Robertson, actuellement vice-président de l’Institut canadien de la défense et des affaires étrangères.

M. Mamedov, qui est titulaire d’un doctorat en histoire, quittera Ottawa cette semaine et retournera dans le milieu académique à Moscou.

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