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L’écocitoyen Facebook

Photo: AFP

Je vous le dis d’emblée, je suis bouche bée devant les citoyens qui se mobilisent partout au Québec contre le pétrole des sables bitumineux avec comme seul outil, une page Facebook. Nous assistons à une nouvelle forme de mobilisation citoyenne.

En 2012, pendant le printemps érable, les étudiants nous avaient donné une belle leçon de démocratie. Ils s’étaient approprié la rue pour revendiquer leur point de vue. À l’époque, je répétais sans cesse que peu importe votre point de vue sur la gratuité scolaire, il fallait applaudir ces étudiants qui jouaient pleinement leur rôle de citoyen. Derrière cette mobilisation, il y avait évidemment des associations étudiantes bien structurées et relativement bien financées, mais on nous a démontré tout le potentiel des réseaux sociaux à contribuer à la mobilisation citoyenne.

Rappelez-vous aussi le 22 avril 2012: 250 000 personnes avaient marché dans les rues de Montréal et dans des douzaines de communautés à travers la province pour demander à nos gouvernements qu’ils se préoccupent de l’environnement. Résultat: lors des élections provinciales du mois d’août suivant, les plateformes des partis étaient toutes remplies de promesses environnementales d’un niveau que l’on n’avait jamais vu auparavant.

Cette marche du 22 avril avait été organisée par un collectif de groupes écologistes avec des moyens financiers, une expertise logistique et politique. Ils bénéficiaient aussi de l’appui d’un vaste réseau de vedettes du milieu culturel qui avaient fait marcher leurs carnets d’adresses médiatiques et leurs pages Facebook au maximum.

La réponse du gouvernement Charest à ces marches fut d’adopter une loi restreignant les manifestions pour freiner l’élan des étudiants et de tous les autres mouvements sociaux. Résultats: les casseroles sont apparues dans les quartiers. Ce mouvement a largement débordé du milieu étudiant pour englober de simples citoyens qui avaient soif de renouveau démocratique. Plusieurs ont résumé ce mouvement à un ras-le-bol de la gouvernance libérale, et il y avait certainement une bonne dose de cela, mais je pense qu’il était beaucoup plus profond.

Spontanément, avec comme seul outil d’organisation, le Web, les médias sociaux et le bouche-à-oreille, les casseroles sont apparues. Des citoyens avaient envie de se faire entendre et ils l’ont fait.

Les manifestions de Cacouna et de Sorel-Tracy s’inscrivent à mon avis dans cette mouvance. Sauf que cette fois-ci, il n’y a ni association étudiante, ni groupe écologiste, ni grande vedette. Seulement des citoyens munis de pages Facebook. Des citoyens indignés de l’incroyable impunité des compagnies pétrolières pour qui on change même les lois afin de faciliter leurs avancées et pour s’assurer leurs méga profits. Jusqu’où laisserons-nous ces entreprises polluer l’atmosphère, l’eau et la terre? Combien de temps laisserons-nous passer des camions, des trains, des bateaux et des pipelines remplis de pétrole dans nos communautés?

Les citoyens de Cacouna et de Sorel-Tracy viennent de tracer cette ligne. «The buck stops here», comme disent les anglais.

Munis d’une page Facebook et d’énormément de motivation, ils ont mobilisé des milliers de personnes dans des endroits où les manifestions sont une occurrence rarissime.

Imaginez ce qu’ils feront de concert avec les groupes écologistes, les scientifiques, les syndicats et les artistes. Imaginez ce que feront des centaines de groupes citoyens qui mettent en commun leurs ressources et… leurs pages Facebook!

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