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Les dangers d’associer violence et santé mentale

En pointant hâtivement du doigt les problèmes de santé mentale pour expliquer des crimes violents, on contribue à stigmatiser les personnes aux prises avec ce type de problèmes, dénonce l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ).

En regardant la couverture médiatique des tueries de Saint-Jean-sur-Richelieu et d’Ottawa, la semaine dernière, Andrée Morneau a été choquée.

«Une des premières hypothèses évoquées dans ce genre de drame est que leurs auteurs auraient des problèmes de santé mentale, souligne cette ancienne infirmière de Lanaudière. Alors qu’on ne savait à peu près rien sur les tueurs, des psychiatres étaient déjà en ondes pour faire part de leur analyse.»

Pourtant, il y a très peu de liens entre la plupart des maladies mentales et la violence, selon l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM). Le lien le plus réel entre la violence et la maladie mentale, c’est plutôt que les personnes malades sont de deux fois et demie à quatre fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les autres groupes de notre société, toujours selon l’ACSM.

Il faut donc être très prudent lorsqu’on fait publiquement une association entre les deux puisque cette dernière influencerait la perception du public sur les personnes aux prises avec la maladie mentale.

Mme Morneau a reçu plusieurs diagnostics de maladie mentale en 1998, dont la dépression majeure, la schizophrénie et les troubles bipolaires. «Je choisis les personnes à qui je confie mes problèmes, parce que des regards de jugement et de peur se sont déjà posés sur moi, confie-t-elle. Ce genre de traitement médiatique renforce les préjugés à notre endroit.»

«Par peur d’être stigmatisés, des gens vont s’isoler et cacher leur situation alors qu’ils ont besoin de soutien. Certains vont même se mettre à avoir peur d’eux-mêmes», déplore Doris Provencher, directrice générale de l’AGIDD-SMQ.

Mme Provencher met en garde contre la tentation de resserrer le contrôle des personnes souffrant de maladies mentales, comme cela a été évoqué durant la dernière semaine. «Encore une fois, cela risque de renforcer leur stigmatisation, soulève-t-elle. C’est de davantage de services d’aide dont nous avons besoin.»

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