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Plus de nouveau-nés vivent un sevrage aux opiacés

TORONTO – Le nombre de nouveau-nés souffrant du «syndrome de sevrage aux opiacés» parce que leur mère a fait usage de médicaments contenant de la codéine ou de l’oxycodone avant ou pendant la grossesse a été multiplié par 15 en Ontario en 20 ans, selon des chercheurs, qui s’inquiètent du recours grandissant à ces analgésiques.

Dans leur étude publiée mercredi par le Journal de l’Association médicale canadienne, les chercheurs indiquent que les taux de syndrome de sevrage aux opiacés — aussi appelé syndrome de sevrage néonatal — sont passés en Ontario d’environ 0,3 pour 1000 naissances vivantes en 1992 à 4,3 pour 1000 en 2011.

Au cours de ces 20 années, près de 3100 enfants nés dans cette province souffraient du symptôme de sevrage aux opiacés, qui ressemble à celui vécu par les adultes qui tentent de se libérer de leur dépendance à ces médicaments. Toutefois, les chercheurs ont constaté que près des deux tiers de ces cas ont été observés au cours des cinq dernières années de la période étudiée, alors que l’on note aussi une augmentation des ordonnances de médicaments opiacés, comme l’oxycodone, pour soulager la douleur. Ces femmes avaient obtenu une ordonnance pour un opiacé un an ou deux avant l’accouchement — mais aussi jusqu’à 100 jours avant.

Toutefois, à mesure qu’approchait la date prévue de l’accouchement, plusieurs de ces femmes sont passées à la méthadone, un médicament prescrit presque exclusivement à ceux qui sont dépendants aux analgésiques. Depuis quelques années, la méthadone est utilisée plus souvent pour soigner la dépendance aux opioïdes d’ordonnance qu’à l’héroïne.

Pour la docteure Suzanne Turner, omnipraticienne à l’hôpital St. Michael de Toronto, ces résultats suggèrent que les médecins avaient prescrit à ces femmes un analgésique avant leur grossesse, pour soulager des douleurs, mais qu’à un certain moment, on a identifié une dépendance, et on leur a prescrit de la méthadone.

«C’est très important, car on sait que la méthadone est bonne pendant la grossesse: elle stabilise la mère, et le bébé a plus de chances de naître à terme, en santé, et à un bon poids. Mais ce qui me préoccupe, c’est la prescription en tant que telle d’opiacés, avant même la grossesse, et comment on pourrait faire pour éviter cette dépendance», a-t-elle dit.

Les enfants qui éprouvent des symptômes de sevrage aux opiacés sont souvent irritables, pleurent davantage, et peuvent souffrir de diarrhée et de vomissements, ce qui peut avoir une influence sur leur poids. Si on administre de la morphine au bébé — ce qui est fréquent —, le nouveau-né n’est plus en état de sevrage, et on peut réduire lentement la dose jusqu’à la fin de la dépendance, après deux ou trois semaines.

Mais laisser son nouveau-né au service de néonatalogie pendant les deux ou trois premières semaines de sa vie peut causer tout un traumatisme chez les nouveaux parents, rappelle la docteure Turner, spécialiste des soins obstétriques pour les femmes souffrant de dépendances aux drogues. Il vaudrait mieux, selon elle, que les médecins évitent de prescrire des opioïdes aux femmes qui sont en âge de procréer, en optant plutôt pour des thérapies de rechange.

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