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Suicide d'un soldat: les enquêteurs critiqués

OTTAWA – La police militaire a fait preuve d’incompétence et de négligence — mais pas d’un parti pris intentionnel — dans son enquête sur le suicide du caporal Stuart Langridge, conclut un organisme de surveillance indépendant.

La Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire a déposé mardi son rapport sur l’enquête de l’armée à la suite du décès du soldat Langridge, âgé de 28 ans. Elle conclut à une série d’«enquêtes bâclées», mais aussi d’«erreurs inacceptables» dans la façon dont la police militaire s’est comportée avec la famille de la victime.

La commission a tenu une série d’audiences publiques, au cours desquelles on a entendu 90 témoins, afin faire la lumière sur les interventions de la police militaire mais aussi du Service national des enquêtes des Forces canadiennes dans cette affaire. La commission formule 46 recommandations, qui ont pour la plupart été rejetées par la Défense nationale ou qui sont demeurées lettre morte, ce qui ouvre la porte à des procédures judiciaires.

Le caporal Langridge, un jeune militaire de carrière qui avait participé à deux missions à l’étranger, notamment en Afghanistan, s’est pendu en 2008 dans une caserne d’Edmonton quelques jours après avoir obtenu son congé d’un hôpital civil.

Sa mère et son beau-père soutiennent que l’enquête militaire a été bâclée. Mais Sheila et Sean Fynes croient aussi que le ministère de la Défense a tenté de camoufler la piètre façon dont l’armée a pris soin de leur fils, et qu’elle avait surtout voulu protéger son image dans toute cette affaire.

La commission leur donne raison sur l’amateurisme des enquêtes, attribuable en grande partie à l’inexpérience, mais elle ne retient pas les allégations de parti pris intentionnel. Selon le président de la commission, Glenn Stannard, les enquêteurs ne savaient pas trop ce qu’ils faisaient, et ne savaient pas davantage où ils allaient.

«La preuve a été récoltée mais pas analysée — et aucune conclusion n’a été tirée de tout cela», estime-t-il. À la suite du mécontentement de la famille, une nouvelle enquête a été menée, mais sans tenir vraiment compte de la nature de ces plaintes, note M. Stannard.

La famille a soutenu plus tard que l’armée portait une part de responsabilité criminelle à cause de la façon dont elle avait traité le caporal Langridge — jusqu’à l’humilier —, à cause de son état de santé mentale. Le militaire souffrait de dépression et de troubles d’anxiété, mais on n’avait jamais formellement posé un diagnostic de syndrome de stress post-traumatique dans son cas.

L’armée a tenté de garder secrète sa réponse au rapport de la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire, mais celle-ci a porté la cause devant les tribunaux, et le grand prévôt des Forces armées a finalement accepté, à la fin de la semaine dernière, de dévoiler ces documents.

La commission souhaite cependant poursuivre les procédures judiciaires, car elle estime que le ministère de la Défense ne devrait pas pouvoir ainsi empêcher la publication d’informations qui devraient, selon la loi, être rendues publiques.

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