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Craintes d’un exode de psychologues vers le privé

Photo: Roxane Léouzon/Métro

Plus d’une centaine de psychologues du réseau public de la santé ont manifesté jeudi midi devant l’urgence de l’hôpital Notre-Dame. Ils craignent que le retrait de la prime accordée aux psychologues du réseau public aggrave le problème d’accès aux soins psychologiques.

Un psychologue qui travaille dans un CSLC ou un hôpital a un salaire de base entre 24,32$ et 46,14$. «Dans les cabinets privés, les psychologues peuvent facilement charger autour de 100$ de l’heure. La CSST rembourse pour 86$ de l’heure», a souligné Dominique Pallanca, psychologue au CHU Sainte-Justine et porte-parole pour la Fédération des professionnels – CSN.

Pour retenir les psychologues dans le réseau public, une prime venait depuis 2011 bonifier leur salaire de 6,7% ou 9,6% selon le nombre d’heures effectuées dans le réseau. Cette mesure a toutefois été retirée le 30 mars dernier.

«Cette mesure a été retirée unilatéralement avant même que soit évalués ses effets à long terme», a déploré Martine Robert, vice-présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Selon un sondage de l’APTS auprès de 950 psychologues membres, 107 ont augmenté leur temps de travail depuis 2011 pour bénéficier de la prime et 67 postes ou assignations ont été comblés grâce à la prime entre 2011 et 2015. En contrepartie, 104 psychologues ont indiqué vouloir diminuer leurs heures de travail et 34, quitter le réseau en raison de l’abolition de la prime.

Le RACOR en santé mentale et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal étaient présents à la manifestation, inquiets que ce retrait accentue la pénurie de psychologues dans le réseau public, déjà bien présente.

Cette pénurie, deux psychologues de l’Hôpital de Montréal pour enfant qui étaient présentes à la manifestation la vivent au quotidien. «Comme il manque de psychologues à notre hôpital, il y a de longues listes d’attente pour avoir accès à un diagnostic et un suivi psychologique. Résultat: on a régulièrement des parents qui arrivent avec leurs enfants en crise à l’urgence», a relaté l’une d’elles, qui a souhaité gardé l’anonymat. Elle a expliqué avoir elle-même demandé de réduire ses heures dans le système public pour pouvoir travailler au privé.

«Ceux qui vont écoper, ce sont les gens les plus vulnérables, qui n’ont pas les moyens de se payer des services privés», a fait valoir Pierre Gaudreau, coordonnateur du RAPSIM.

Joanne Beauvais, l’attachée de presse du ministre de la Santé, a indiqué que cette mesure avait été suspendue suite à l’échéance de la convention collective des psychologues. Les négociations en vue de nouvelles conventions dans la fonction publique sont actuellement en cours. Mme Beauvais n’a pas voulu dire si le gouvernement avait l’intention de reconduire ou non la prime dans la future convention.

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