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Antoine Belaieff: «Le secteur public ne contrôle plus la totalité de l’offre en transport»

L’agence gouvernementale de transport, Metrolinx, doit mettre à jour l’an prochain son ambitieux plan The Big Move, censé revoir les façons de se déplacer dans la région. Les nouvelles solutions de mobilité, qui émergent peu à peu, y auront une place de choix.

Comme plusieurs grandes villes, Toronto n’échappe pas à la congestion routière. Celle-ci coûte jusqu’à 6,6G$ par année en perte de temps. Pour fluidifier les transports, Metrolinx a prévu, dans The Big Move, des projets de transport totalisant 50G$. Des investissements de 29G$ ont déjà été confirmés par le gouvernement de l’Ontario. Métro a discuté de l’avenir de ce plan de transport avec le responsable de la planification de Metrolinx, Antoine Belaieff, qui participera cette semaine à la Semaine de la mobilité à Montréal.

Où en est Metrolinx dans les travaux devant mener à la révision de The Big Move?
The Big Move a été conçu pour mettre en œuvre une stratégie d’aménagement du territoire. La province est en train de mettre à jour ses documents de planification et d’aménagement du territoire. On les laisse prendre de l’avance dans leur travail de planification et on vient à la suite avec une mise à jour de nos plans de transport. Mais à l’avenir, on aimerait ajouter un peu plus de variété. Si vous venez du centre-ville et prenez le train vers l’extérieur de la ville, comment allez-vous à votre destination finale, qui est peut-être dans un parc d’affaires? Est-ce que ce sera avec un bus local, un taxi, ou les nouveaux services qui commencent à émerger, comme le taxi partagé, le taxi sur demande, le covoiturage ou le vélopartage? On considère toutes les options pour faciliter le mouvement qui se superposerait à ce squelette, qu’on est en train de construire, de train électrique à haute fréquence.

Depuis l’adoption de son plan de transport, Metrolinx a-t-il modifié ses façons de planifier les transports?
Si on lit The Big Move, on voit qu’on avait anticipé des outils de planification. Maintenant, ce qui se passe, c’est que ça s’accélère. Il y a l’arrivée de nouvelle compagnie. Google a une grande présence, avec son outil de planification Google Maps. Il y a des compagnies comme Daimler, la compagnie mère de Mercedes, qui a lancé le service Car2Go. L’avenir de ces services, personne ne le connaît. Les agences de transport, comme Metrolinx, doivent investir beaucoup dans les outils de planification; ou bien est-ce qu’on va laisser cela au secteur privé ? J’ai pas de boule de cristal, mais je crois qu’il faut peut-être pas s’attacher à qui fait quoi, mais à la vision à laquelle on veut arriver.

Les gens sont naturellement intelligents et ils prennent les décisions qu’ils pensent être les meilleures pour eux et pour leur famille. Des fois, les gens ne connaissent pas tous les services de transport en commun. On peut assister ce genre de choix et donner aux gens toute la panoplie des choix qui sont disponibles, et aussi assister à la création de nouveaux choix. Ce qui veut dire que, comme agence publique, on doit apprendre à effectuer des partenariats avec les compagnies qui innovent en transport et bien comprendre notre rôle.

Le fait qu’il y a de plus en plus de possibilités, est-ce que ça pourrait remettre en question certains projets de Metrolinx ?
Non. Tous ces services dépendent du réseau routier. Quand vous avez un centre-ville comme Montréal ou Toronto pour desservir ces 200 000 ou 300 000 personnes qui s’attendent à être au travail entre 8h et 9h, vous avez vraiment besoin de structures lourdes. Par contre, de zone de faible densité à zone de faible densité, ces nouveaux services peuvent être utiles comme l’amélioration des services de bus. Mais ces nouveaux services de covoiturages, de navette et de taxi partagé ont un grand avenir pour les zones à faible densité. Les transports servent vraiment à une vision d’aménagement du territoire.

Cette réflexion qui découle de l’explosion des possibilités en termes de déplacement, elle n’est pas propre à Metrolinx. Est-ce que vous partagez vos idées avec les sociétés de transport au Canada, ou même ailleurs dans le monde?
On a une petite équipe qui planche là-dessus.. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans ce domaine. Il y a des publications et des forums. Il y a beaucoup de partage d’informations. Personne n’a trouvé la solution parce que ça évolue tellement vite. Et puis, la tendance lourde, c’est que le secteur public ne contrôle plus la totalité de l’offre en transport. Comme vous l’avez vu avec les débats sur Uber, pour certains, ça semble une force difficile à contrôler ou à contenir. Je pense que beaucoup de villes se posent la question : comment est-ce qu’on crée un cadre qui assure les meilleurs résultats pour tout le monde? C’est très important de comparer les meilleures pratiques.

Est-ce que des villes vous inspirent à Metrolinx?
Le secret ou la recette dans la comparaison, c’est vraiment de regarder tout ce qui se passe ailleurs et de ne pas s’accrocher à une seule ville. Je pense qu’il y a des choses intéressantes qui sont faites à Londres. Même à Montréal, il y a les projets d’alternatives à l’auto pour l’accès aux gares de train de banlieue. Il y a des bons exemples à Vancouver. Tout ce qui est la question des nouvelles technologies, San Francisco est en avance

 

Metrolinx en bref
Metrolinx a un rôle similaire à l’Agence métropolitaine de transport dans la région de Montréal.

  • L’agence gouvernementale ontarienne opère les trains et les bus GO ainsi que la nouvelle navette aéroportuaire Union Pearson Express dans la région de Toronto-Hamilton. Elle est aussi responsable de «la carte tarifaire électronique» Presto, l’équivalent de la carte Opus.
  • Elle collabore avec les dix sociétés de transport locales,
  • Elle est en charge de la planification et du développement des projets de transport, dont ceux des trains légers sur rail (TLR) et du prolongement de métro

 

Dans le cadre de la Semaine de la mobilité, la conférence publique donnée par le responsable de la planification de Metrolinx, Antoine Belaieff, aura lieu mardi à 17h15, à l’Université du Québec à Montréal (200, rue Sherbrooke Ouest, SH-4800).

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